Un an après l’arrivée des écologistes, ces dix dossiers qui confirment le marquage vert de Lyon

UN AN DE MÉTROPOLE OU DE MAIRIE ÉCOLOGISTE (5/5). Après vingt années de mandature incarnée par l’ancien ministre de l’intérieur (socialiste puis marcheur) Gérard Collomb, la ville de Lyon ainsi que sa métropole étaient toutes deux passées dans le camp des Verts en juillet 2020, portant ainsi deux hommes (Grégory Doucet et Bruno Bernard) aux commandes de l’une des plus grandes métropoles françaises. Lors de la campagne, plusieurs craintes s’étaient matérialisées quant à la vision de l’économie et de l'attractivité que pouvaient défendre les deux aspirants candidats. Un an après, le « big bang » économique a-t-il eu lieu à Lyon ? Décryptage.
Même si plusieurs gros dossiers comme la ZFE, l'encadrement des loyers, le RSA jeunes ou encore la vision urbanistique ou industrielle des nouvelles équipes EELV ont occupé le devant de la scène cette première année, la co-construction ne fait que commencer, et devra encore se mesurer à l'aune de plusieurs chantiers attendus à compter de la rentrée.
Même si plusieurs gros dossiers comme la ZFE, l'encadrement des loyers, le RSA jeunes ou encore la vision urbanistique ou industrielle des nouvelles équipes EELV ont occupé le devant de la scène cette première année, la co-construction ne fait que commencer, et devra encore se mesurer à l'aune de plusieurs chantiers attendus à compter de la rentrée. (Crédits : Only Lyon / S Delyons)

Depuis un an, la troisième ville de France en matière de population (après Paris et Marseille) a tourné une page importante de son histoire. Détenue depuis 2001 par l'ancien marcheur Gérard Collomb, initiateur à l'époque d'une gauche plurielle, la Ville de Lyon est tombée entre les mains de l'écologiste Grégory Doucet en juillet 2020, à la suite de la « vague verte » qui a déferlé sur plusieurs villes de l'arc alpin, bousculant ainsi une longue tradition lyonnaise en place.

Les écologistes avaient même réalisé un doublé historique en remportant également la métropole de Lyon, désormais aux mains de l'EELV Bruno Bernard. Un signal d'autant plus fort à l'échelle nationale que le Grand Lyon est devenu, depuis le 1er janvier 2015 déjà, une collectivité au statut particulier, puisqu'il regroupe désormais les fonctions de métropole et de département. Et ce, alors que les derniers textes de loi n'ont fait que renforcer le pouvoir économique des grandes métropoles.

Un an après l'arrivée de ces nouveaux exécutifs sur le terrain, qu'en est-il de leurs premières actions en matière économique ?

Lors de leur élection en juillet 2020, plusieurs décideurs et acteurs du monde économique se montraient inquiets pour l'attractivité et le dynamisme économique de la ville, face à un programme écologiste prônant davantage de développement durable, moins de bétonisation, et surtout, un développement économique plus « raisonné ». Les nouveaux entrants devaient également travailler à bâtir leurs nouveaux réseaux ainsi que leurs cercles d'influences, dans une ville longtemps conduite par le même homme.

Et autant dire que cette année de crise sanitaire aura nécessairement occupé une bonne partie de leur action. Pour autant, il n'en demeure pas moins que certains dossiers de fonds ont déjà été engagés.

1 - La ZFE à la lyonnaise : plus vite, plus haut

Avec pour commencer, la mise en place de plusieurs mesures phares du côté de la métropole, avec le renforcement de la Zone à faibles émissions (ZFE). Déjà entérinée par l'ancienne mandature, la création d'une ZFE à Lyon, à l'image de plusieurs grandes métropoles dont Paris, a vu ses ambitions renforcées par l'arrivée de la nouvelle équipe de Bruno Bernard.

Le 15 mars dernier, un conseil métropolitain a en effet confirmé la volonté de faire sortir les véhicules diesel de la ZFE beaucoup plus rapidement que prévu, et notamment les véhicules diesel Critair 5 et non classés, détenus par les particuliers dès 2022.

Résultat ? A l'aube de 2026, plus aucun véhicule diesel ne devrait circuler au sein de la métropole lyonnaise, dont le périmètre pourrait également être élargi aux communes de de Pierre-Bénite et Écully ainsi que la M6/M7.

Cette accélération devra toutefois être soumise à une consultation publique, chapeautée par la Commission Nationale du Débat Public, comme s'y est engagée le nouvel exécutif écologiste. Elle avait en effet suscité de vives réactions des élus du Rassemblement de la Droite, du Centre et de la Société civile, qui évoquaient notamment « une vision doctrinaire coupée de la réalité de la vie des habitants du Grand Lyon ». Selon eux, il s'agirait de « mesures anti-sociales » et « anti-économiques » qui vont « imposer à plus de 300 000 propriétaires de changer leur véhicule dans un délai restreint et même, pour les plus modestes qui n'auront pas la capacité financière, à renoncer à l'usage de leur voiture ».

La chambre des métiers et de l'artisanat du Rhône a déjà fait savoir qu'elle jugeait ce dossier comme « un enjeu de mobilité majeur pour les artisans », tout en appelant ses adhérents à réaliser gratuitement un pré diagnostic mobilité visant à identifier des solutions adaptées à leurs besoins, en lien avec les équipes de la métropole de Lyon.

Bruno Bernard s'était lui aussi engagé à étudier certains éléments au cas par cas, affirmant dans nos colonnes : « Il faudra notamment définir des dérogations pour certains professionnels, ainsi que certains particuliers, en fonction des modes de vie, mais aussi des mesures d'accompagnement, qui passeront par le développement des transports en commun, du réseau express vélo, de l'auto partage, du covoiturage... »

2 - Coup de frein sur l'immobilier tertiaire

Sur le plan de l'urbanisme, le Grand Lyon ainsi que la SPL de Lyon Part-Dieu, dirigée par le maire Grégory Doucet, ont également clarifié dès leur première année de mandat leur vision des grands projets d'aménagement, et en particulier du quartier d'affaires de la Part-Dieu de Lyon, ainsi que du projet Gratte-Ciel de Villeurbanne, qui a pour ambition de doubler la surface du centre-ville.

Dans les deux cas, ces projets urbains, qui avaient été initiés sous de précédentes mandatures, se traduiront par deux nouvelles orientations claires : proposer des espaces publics plus généreux, végétalisés, avec des usages facilités et une densité d'habitations plus réduite.

Et là ou l'ancien maire de Lyon, Gérard Collomb imaginait une « skyline », son successeur envisage un tout autre projet :

« La transformation de la Part-Dieu vise à réduire la minéralité, à créer de l'ombre et de la fraîcheur, des cheminements arborés, des ambiances rafraîchissantes, ... », fait valoir Grégory Doucet.

Emblématiques du futur ciel lyonnais, les tours Silex et To Lyon, en cours de construction, seront certainement les dernières à sortir de terre.

« Aujourd'hui, la municipalité a changé, et il est naturel que l'ensemble des projets soient analysés en fonction des attentes de cette nouvelle équipe », évoquait déjà à La Tribune Sébastien Bonneton, responsable de la commercialisation de Covivio, en charge du programme Silex² .

Très volontaire à « poursuivre son aventure » sur le territoire lyonnais, le promoteur évoquait une nécessaire adaptation de son secteur à un virage plus large : « De manière plus générale, le marché de l'immobilier de bureaux se trouve aujourd'hui face à un changement de paradigme, avec des sociétés qui souhaitent consommer moins de surfaces, mais de manière plus qualitative et vertueuse. »

D'autres, à l'image du président de la Fnaim du Rhône, Nicolas Bouscasse, se montrent plus prudents lorsqu'on les questionne sur le sujet et choisissent de mettre en garde : "Je suis très terre à terre : si, et je dis bien si, vous avez des gens à la tête d'une ville et d'une métropole comme Lyon qui n'ont plus envie de croissance, de construire plus, et bien vous n'allez pas chez eux..."

L'ancien maire Gérard Collomb avait lui-même souhaité défendre, en décembre dernier, sa vision de l'esthétisme mené durant ses derniers mandats : «  Les tours, permettez-moi de le dire ne sont pas des objets horribles,  (...) Lorsque les touristes ou les Lyonnais montent à Fourvière, regardent le paysage et voient ces deux tours qui émergent, on se dit que oui la skyline d'une ville, c'est beau ».

Et de rappeler qu'en l'espace de dix ans, le développement de milliers de mètres carrés avait représenté « des dizaines de milliers d'emplois qui se créent. Et si demain vous ne voulez plus conforter le centre d'affaires, alors Monsieur le maire, c'est la vie économique même de notre cité que vous allez détruire (...) Si vous le voulez ainsi, vous serez la seule ville européenne où il n'y aura pas de quartier d'affaires. »

3 - Pour le BTP, une charte de la qualité urbaine pas si facile à adopter

Cette première année aura été aussi marquée par la sortie du que pour le président de la filière du BTP Rhône, Samuel Minot, et son refus de signer finalement la charte de qualité urbaine, architecturale, paysagère et environnementale emmenée par la Ville de Lyon et la Métropole. Ce document, qui reprend déjà un principe existant depuis 2006, visait là aussi à accélérer en direction d'une construction plus durable.

Le maire de Lyon, Grégory Doucet, avait d'ailleurs salué qu'à l'issue de 12 mois de concertations, la ville de Lyon ait réussi à "convaincre" onze partenaires, comprenant notamment des promoteurs, architectes, agents immobiliers, etc, autour d'un engagement commun. L'objectif est ambitieux : viser la sobriété carbone, que ce soit à travers le neuf ou les projets de rénovation de l'existant, afin de permettre à la filière du bâtiment de "relever les défis sociétaux et environnementaux" en faveur de la transition écologique".

Cependant, le BTP Rhône a déjà fait savoir qu'il "ne partageait pas la forme".

Lorsqu'on l'interroge, son président énumère : "Nous travaillons avec la ville et la métropole sur différents dossiers, mais le refus de cette charte a cristallisé plus choses : tout d'abord, la volonté d'y multiplier les sujets avec l'ajout de beaucoup de contraintes, nous expliquant notamment ce qu'il faut construire, comment le construire et notamment avec quels matériaux, etc".

Pour Samuel Minot, "le problème, c'est que cela s'ajoute à beaucoup de dossiers que nous avons déjà sur la table, comme la nouvelle réglementation RE2020, qui amènera déjà ses propres contraintes en ce sens début 2022, mais également la modification du PLU-H (nouveau plan local de l'urbanisme et de l'habitat ndlr) mais aussi des mesures de renforcement de la ZFE, qui concernent directement nos artisans". Sans compter le coup d'arrêt souhaité au logement tertiaire.

Alors, même si la filière du bâtiment a bien conscience en effet qu'elle devra prendre sa part dans la transition écologique, et qu'elle devrait même bénéficier de l'essor de certaines mesures axées notamment sur la rénovation des logements ou sur la construction du futur REV (réseau express vélo), cette première année a pris pour elle des allures de "big bang".

"Il faut nous laisser le temps et avoir un peu de tempérance", résume Samuel Minot, qui plaide par exemple pour l'expérimentation des mesures de la nouvelle charte de qualité urbaine à petite échelle, afin d'en tester les ressorts.

4 - L'encadrement des loyers, un symbole social immédiat

C'est un symbole de plus qui sera largement scruté cette année sur la scène nationale : promesse de campagne du nouveau président EELV Bruno Bernard, l'encadrement des loyers a été voté le 5 octobre dernier, et prendra la forme d'une expérimentation à compter du 2e semestre 2021 au sein des villes de Lyon et Villeurbanne.

Dans une métropole où le coût des loyers aurait déjà augmenté de 10% depuis 2018, le nouvel exécutif y voit là une priorité... qui n'est cependant pas du goût de l'ensemble des acteurs locaux du logement. Bien que se voulant mesuré dans le bilan qu'il tire de cette première année, le président de la Fnaim du Rhône, Nicolas Bouscasse, livre à ce sujet une analyse sans détour.

S'il salue une bonne écoute de la part des nouveaux exécutifs, il s'agit selon lui d'une "mauvaise solution" sur la question, qu'il estime plus large, du logement : rappelant que techniquement, cet encadrement pèsera surtout sur les bailleurs professionnels et plus difficilement sur les bailleurs privés.

Mais surtout, cette mesure ne résoudra selon lui pas le problème principal : à savoir la pénurie actuelle de logement à l'échelle de la métropole, et ce, tous secteurs confondus, qui fait grimper les prix.

Pour le président de la CPME du Rhône, François Turcas, la nécessité de construire du neuf face à des prix de l'immobilier qui continuent de flamber demeure une réalité, tout en nuançant : "Nous ne sommes pas contre l'idée d'y incorporer le plus d'écologie possible ! Si l'on nous montre des projets où l'on peut conjuguer économie et écologie, nous serons des partenaires", assure-t-il.

Craignant une disposition inefficace qui ne pénaliserait qu'une certaine catégorie de propriétaires et serait susceptible de faire fuir les investisseurs du tissu lyonnais, le président de la Fnaim en appelle plutôt à l'établissement d'un "grand débat" permettant de "co-construire un projet commun", aux côtés des corps intermédiaires et des acteurs économiques, sur ce que sera la métropole de demain.

"On pouvait s'attendre à ce que ce type de mesure puisse être proposée par les Verts, mais cela n'a pas été le cas jusqu'ici".

Lyon n'est toutefois pas la seule à souhaiter l'encadrement des loyers, permis par la loi Elan de 2018 : d'autres grandes métropoles comme Paris, mais aussi plus largement Montpellier, Grenoble et Bordeaux et Villeurbanne y sont également favorables.

5 - Le RSA jeunes : l'autre mesure emblématique lancée

Autre mesure phare du programme écologiste déjà traduite dans les actes : celle de la mise en place d'une expérimentation en faveur d'un RSA Jeunes, entérinée par le Grand Lyon le 15 mars dernier, et qui devrait permettre à 2.000 jeunes âgés de 18 à 24 ans sortis du système scolaire, sans soutien et en situation de précarité, d'en bénéficier.

Elle devrait leur ouvrir droit, dès le mois de juin 2021, à une allocation mensuelle de 300 à 400 euros, pendant deux ans maximum. Et ce, à la condition que les jeunes concernés s'inscrivent dans un « parcours actif » de formation ou d'insertion, dont les conditions pourront être réévaluées tous les trois mois.

Dotée de 10 millions d'euros par an, cette disposition souhaite passer outre « le refus du gouvernement » français d'expérimenter cette mesure à une plus large échelle. Un suivi est prévu par des partenaires tels que les missions locales, Pôle emploi, la CAF, ainsi que par sept associations d'insertion.

Une proposition que les tenants de la droite locale ne soutiennent pas :  « Ce n'est pas en multipliant les guichets que l'on peut résoudre le problème de la pauvreté », a-t-elle estimé, mettant en garde « contre l'absence prévisible de maîtrise des budgets de cette opération.»

6 - Pas de nouveau métro en priorité, mais un projet de télécabine

Sur le plan des transports également, le président EELV Bruno Bernard a choisi de prendre lui-même les commandes du Sytral dès cette première année de mandat, afin d'engager une accélération de ses ambitions, qui se matérialise également par un budget d'investissement doublé, en vue de le porter à 2,5 milliards d'euros au cours du mandat. Avec des projets majoritairement axés sur le tramway et le renouvellement du parc de bus, pour accélérer la transition vers les énergies propres.

Une orientation jugée intéressante par le président de la CPME du Rhône, François Turcas, qui y voit du travail pour les entreprises régionales ainsi que les acteurs des travaux publics. Mais côté finances, ce choix était cependant critiqué par l'opposition de la droite et du centre, qui regrettait l'abandon de certains projets de nouvelles lignes (comme le métro E), voire des prolongations de lignes existantes.

Ce à quoi Bruno Bernard avait déjà répondu par un choix qui se voulait avant tout pragmatique : « Il s'agit d'abord du choix de la temporalité puisqu'une ligne de tramway peut se faire sur cinq ans, tandis qu'une ligne de métro en prendra 15... Nous ne sommes pas non plus sur les mêmes budgets : que l'on me dise comment trouver 1,5 milliard d'euros supplémentaire, alors que le métro représente 180 millions d'euros du kilomètre. »

Pour autant, le nouvel exécutif souhaite s'offrir un tout autre symbole avec son projet de liaison par télécabine avec l'Ouest lyonnais, visant à relier Francheville à Lyon d'ici à 2025. Là encore, le président du Grand Lyon avait justifié ce choix par « un horizon court à cinq ans, et pour un prix raisonnable, et une enveloppe qui avoisine les 160 millions d'euros ».

Mais le choix du tracé n'a pas encore convaincu l'ensemble des riverains, menant au lancement d'une pétition, qui fustige notamment le survol d'un millier d'habitations. « Une concertation publique et réglementaire devra ensuite se mettre en place, où les habitants pourront étudier et commenter ce projet », a assuré pour sa part le président du Grand Lyon.

7 - Le début des autoroutes à vélo : le REV, et sa cible 2026

Fin juin, ville et métropole ont également annoncé de concert la création d'un premier tronçon de REV, leur réseau express à vélo, qui vise à relier les principales communes de l'agglomération au centre-ville, d'ici à 2026. Avec l'objectif, déjà présent au sein de leur programme, de tripler les trajets en vélo à l'échelle de la mandature et de créer ainsi jusqu'à 250 kilomètres de pistes cyclables aménagées.

Le tout pour une enveloppe de 100 millions d'euros. Un premier tracé de 17 kilomètres a été dévoilé en juin entre Saint-Fons et Vaulx-en-Velin.

« C'est une solution de déplacement efficace, bon marché, disponible 24h/24 et 7 jours sur 7 », défendait Fabien Bagnon, vice-président délégué à la voirie et aux mobilités actives, là où la maire PS de Vaulx-en-Velin, Hélène Geoffroy, y voyait « un enjeu majeur pour désenclaver les quartiers populaires ». Selon le maire de Lyon, Grégory Doucet, il s'agirait même « d'un engagement pour la fin des autoroutes urbaines ».

A l'heure actuelle, une centaine de kilomètres de voies cyclables serait déjà présente à l'échelle de la métropole, selon les estimations des nouveaux exécutifs. Pour le reste des 150 kilomètres manquants à leur plan, de nouvelles annonces devraient être dévoilées en septembre prochain, à l'issue d'une concertation annoncée avec les 59 maires de l'agglomération lyonnaise et des associations d'usagers.

Déjà, certaines voix se sont cependant élevées pour marquer leur opposition, comme celle de la maire divers droite d'Oullins, Clotilde Pouzergue, qui estimait auprès de Rue89 qu'il « n'y a pas la place de faire passer le REV par la grande rue d'Oullins comme c'est prévu. Il est question de mettre les voitures en sens unique, ou de raccourcir les trottoirs mais ça, ça ne me va pas ».

8 - L'industrie, et notamment la chimie, à repositionner au cœur de la ville

Mais c'est peut-être sur un autre terrain, où l'on attendait moins les écologistes, que la surprise a été de taille : celui de l'industrie.

Car au Grand Lyon, le nouveau président Bruno Bernard a su, contre toute attente, ouvrir les discussions avec les acteurs de la Vallée de la chimie notamment, qu'il a rencontrés à plusieurs reprises. Objectif : accélérer la transition de ces acteurs de la vallée, en mettant un coup d'accélérateur sur les mesures de verdissement de ses acteurs en lien avec sa mission dédiée à la Vallée de la chimie, mais aussi ses appels à projets consécutifs à l'appel des 30, visant à réattribuer les derniers tenants disponibles sur ce site historique à des jeunes pousses de plus en plus « green ».

Fin 2020, la Métropole a également annoncé la co-création, aux côtés d'une dizaine d'acteurs privés de la Vallée de la Chimie, d'un nouveau collectif, Lyon Rhône H2v. Objectif : "faire émerger et structurer une filière locale hydrogène vert, en vue de soutenir la réalisation de projets", en réponse à un appel à projets lancé par l'ADEME.

Le Grand Lyon a également repris et soutenu le projet de création d'un totem de l'industrie 4.0 en plein cœur de la métropole, lancé par l'ancienne équipe, au sein des ex-ateliers Bosch de Vénissieux, en partenariat avec le groupe SERL, la Banque des Territoires et la Caisse d'Epargne Rhône-Alpes.

Autre mesure phare annoncée : celle de la création d'un fonds d'amorçage industriel commun « de 80 à 100 millions d'euros d'ici 2035 » avec le maire LR de Saint-Etienne, Gaël Perdriau, en vue de financer là encore des pépites industrielles respectant des critères environnementaux et sociaux.

9 - Le dossier inattendu de la French Tech

Autre dossier plus inattendu de cette première année de mandature : celui du désengagement du Grand Lyon de French Tech Onelse, l'antenne locale du dispositif national, à laquelle la métropole ne souhaite plus apporter son adhésion annuelle de 70.000 euros.

Celle-ci représentait néanmoins un levier de financement jugé « déterminant » par la structure, qui fédère 1.000 pépites et près de 22.000 emplois de l'écosystème numérique.

Avec néanmoins un positionnement assumé par Bruno Bernard lui-même, qui justifiait : « Nous avons fait ce choix car aujourd'hui, le numérique se porte très bien, la structure est désormais assez mature pour trouver d'autres modèles de financement. La puissance publique peut avoir un rôle d'accompagnateur au démarrage d'une filière, mais à un moment donné, lorsque cela marche, il faut que chacun prenne sa part ».

10 - Les dossiers (et symboles) qui demeurent en suspens

Pour le reste, la co-construction ne fait que commencer, et devra encore se mesurer à l'aune de plusieurs chantiers attendus à compter de la rentrée : à commencer par la mise en place d'un schéma des achats responsables, chère à la métropole, mais aussi le chantier de la modification du PLU-H, ou encore la matérialisation d'une vision plus concrète en matière de logistique urbaine, avec le projet d'hôtel de la logistique urbaine du port Edouard Herriot, qui attend d'être intégré dans une nouvelle vision politique.

Sur le plan des transports, un dossier comme celui du téléphérique, également soutenu par les Verts devra encore convaincre ses riverains, et c'est la même chose sur la question de la remise du dossier du métro E à un horizon plus lointain, alors que les forces de l'opposition s'impatientent.

Quid également de l'avenir de certaines structures comme l'agence de développement économique l'Aderly, pour laquelle les deux nouveaux exécutifs n'ont pas encore précisé clairement leur vision, si ce n'est celle d'une ville et d'une métropole qui ne doivent plus « siphonner » l'ensemble de l'activité économique ni de la démographie du territoire.

L'ex-maire Gérard Colomb a déjà estimé pour sa part que cette agence, qui faisait venir « une centaine d'entreprises par an sur notre territoire », va être désormais sommée, selon lui, de sélectionner les entreprises « qui conviennent au nouvel exécutif ».

Enfin, le sujet du renforcement progressif de la ZFE lyonnaise (et notamment de sa mise en musique à travers les aides qui pourront être mobilisées en premier lieu en faveur des artisans qui seront bientôt contraints de réinvestir dans de nouveaux véhicules) seront probablement à l'ordre du jour des échanges entre le monde économique et les nouvelles équipes en place.

"Pour l'instant, nous sommes encore dans une période d'écoute et il faut dire que la première année de mandat sous le Covid n'a pas facilité les choses. Il faut se laisser une petite année encore pour que l'on puisse ressentir une direction", estime Nicolas Bouscasse à la Fnaim.

"Le comité rassemblant les principaux corps intermédiaires comme le Medef, la CPME, la CMA, la CCI, etc pour discuter des sujets d'avenir a été remis en ordre de marche et commence à fonctionner, c'est un point positif", ajoute François Turcas, à la CPME.

L'arrivée d'une économiste du Fonds monétaire international (FMI), Delphine Prady, au sein du cabinet de Bruno Bernard en début d'année, constitue un signal entendu par les tenants du monde économique. Même si le calendrier s'annonce d'ores et déjà chargé en vue de la rentrée, sur un mandat de 6 ans où tout reste encore à écrire.

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