« Il faut faire baisser les tensions au sujet de l’énergie » (Domaines skiables de France, Alexandre Maulin)

L'INVITÉ ÉCO. C’est un poids lourd de l’industrie de montagne qui se réunit cette fin de semaine à Lyon : Domaines Skiables de France, la chambre professionnelle qui regroupe 400 adhérents dont 250 opérateurs de domaines skiables, tiendra son congrès annuel, à deux mois et demi du coup d’envoi de la saison d’hiver. Un rendez-vous placé sur fond de hausse des prix de l’énergie, et qui sera suivi plus particulièrement par la ministre déléguée en charge des PME, du Commerce, de l'Artisanat et du Tourisme, Olivia Grégoire.
Alors que la profession estime aujourd'hui que près de 80% de son bilan carbone se situe dans les dameuses, Alexandre Maulin rappelle que le travail a déjà débuté avec les constructeurs, « certains vers l'hydrogène, d'autres vers l'hydroélectricité. On s'est donné 5 ans pour concevoir, 2 ans pour mettre en marché, et ensuite 10 ans pour renouveler l'ensemble des flottes. Ce n'est pas un objectif sorti du chapeau mais en sachant quel temps il nous fallait pour le faire et le mettre en place ».
Alors que la profession estime aujourd'hui que près de 80% de son bilan carbone se situe dans les dameuses, Alexandre Maulin rappelle que le travail a déjà débuté avec les constructeurs, « certains vers l'hydrogène, d'autres vers l'hydroélectricité. On s'est donné 5 ans pour concevoir, 2 ans pour mettre en marché, et ensuite 10 ans pour renouveler l'ensemble des flottes. Ce n'est pas un objectif sorti du chapeau mais en sachant quel temps il nous fallait pour le faire et le mettre en place ». (Crédits : DR)

Le secteur pèse près de 18.000 salariés, 55 millions de journées-skieurs, et même 1,4 milliards d'euros de recettes annuelles... Les remontées mécaniques, dont le rôle a été mis en lumière tour à tour la crise sanitaire puis énergétique, se réunissent cette fin de semaine au sein de l'Hôtel de Région, à Lyon.

Une occasion, pour son président Alexandre Maulin, de revenir sur le plateau de Lyon Business (BFM Lyon / La Tribune AURA) sur le coup d'envoi de la saison, qui se place sous les meilleurs auspices pour l'instant après deux années marquées par la crise sanitaire :

« Tous les indicateurs sont au vert, nous sommes plutôt en avance par rapport aux niveaux de réservation de l'an dernier, le gens ont envie de revenir skier ( ...) J'ai bon espoir que la crise sanitaire soit désormais derrière nous, après un hiver très anxiogène, cette année on enlève le masque et on profite surtout du bonheur de la montagne ».

Alexandre Maulin confirme que, malgré le contexte inflationniste en France comme en Europe, la clientèle étrangère semble elle aussi globalement en avance sur ses taux de réservations à date.

Côté recrutements également, le syndicat professionnel n'anticipe pas de pénurie de saisonniers, comme cela a pu être le cas l'hiver dernier :

« Je pense qu'on a, au contraire, bien régulé la problématique du recrutement des collaborateurs car cette année, nous observons le retour à des taux normaux de personnes qui ne reviennent pas au sein de la profession. Et surtout, on voit plus de CV arriver, ce qui démontre que nos politiques d'accompagnement auprès des collaborateurs fonctionnent ».

Forfaits : les prix resteront « bien en dessous de l'augmentation du coût de la vie »

Et ce n'est pas le contexte énergétique qui lui fera dire le contraire cet automne, puisqu'après avoir déjà confirmé que le prix des forfaits devrait nécessairement être réévalué, le syndicat des remontées mécaniques veut jouer l'apaisement concernant la situation à venir.

A commencer sur le prix des forfaits, qui « évoluent comme chaque année dans tous les métiers », selon Alexandre Maulin. « On adapte effectivement nos montants de charge à une vague des coûts de l'énergie que l'on n'avait pas forcément vue arriver, lors de l'établissement de nos forfaits, qui ont été discutés parfois jusqu'à un an avant en pré-saison, avec les stations ».

Mais celui-ci assure que les augmentations pratiquées par les domaines skiables resteront « bien en dessous de l'augmentation du coût de la vie ». « Notre but n'est pas de faire fuir les clients, le ski est un sport populaire contrairement à ce que l'on pourrait penser car nous avons une grande partie de notre clientèle ont un budget moyen ou modeste ».

Faire baisser les tensions autour de l'énergie

A l'heure où 40% des stations françaises (sur 300) sont en cours de renégociation de leur contrat d'énergie avec leurs fournisseurs, et ont même demandé, la semaine dernière lors de l'assemblée générale d'un autre poids lourd de la filière, l'ANMSM, un plafonnement du mégawattheure à 180 euros, DSF nuance :

« Il faut faire baisser les tensions au sujet de l'énergie. Comme toutes les entreprises de France, nous sommes confrontés à la hausse des prix de l'électricité. Mais les commerçants, les boulangers le sont aussi. Tout le monde va vers la sobriété et nous sommes même en avance à ce sujet avec nos éco-engagements », souligne Alexandre Maulin.

Les remontées mécaniques avaient en effet déjà publié, courant 2020, une série de 16 éco-engagements qui devaient déjà servir de socle à la transition énergétique de sa filière.

« On voit que le Président de la république a d'ailleurs déjà appelé à ne pas signer les contrats d'électricité, que l'Europe et les ministres européens se réunissent à ce sujet. On va trouver des solutions, il ne faut pas se mettre la pression et travailler à des solutions qui soient pérennes et viables », ajoute le président de DSF, qui accueillera justement à l'occasion de ce congrès la ministre déléguée en charge des PME, du Commerce, de l'Artisanat et du Tourisme, Olivia Grégoire, ce vendredi à Lyon.

La neutralité carbone d'ici 2037

Quitte à aller, en même temps, un peu plus loin sur les 16 éco-engagements initiaux, sur lesquels se sont déjà engagés unanimement l'ensemble de ses membres ? Pour l'heure, le syndicat professionnel affirme qu'il travaille déjà à « déployer » et « évaluer » ses premières mesures, qui ont été datées dans le temps.

« On a eu tendance à beaucoup dire que l'on allait ralentir les remontées mécaniques, mais l'éco-conduite c'est déjà d'être au maximum de la vitesse quand il y a du monde, et de réduire la vitesse quand il n'y en a pas car on n'a pas besoin d'autant de débit. A partir de là, on réalise déjà un gros effort de sobriété ».

Et d'ajouter : « bien souvent, les clients ne se rendent même pas compte si l'on tourne à 4 ou 5 m/sec s'il n'y a pas d'attente. Le but ce n'est pas de gâcher l'expérience client ».

Face à l'objectif annoncé d'atteindre la neutralité carbone d'ici 2037, Domaines Skiables de France précise : « Nous sommes la première profession au monde à avoir pris de tels engagements de manière commune pour le climat . (...) On a la chance d'avoir en France, un mix énergétique très bas carbone sur lequel nous allons nous appuyer ».

Alors que la profession estime que près de 80% de son bilan carbone se situe en réalité dans l'empreinte de ses dameuses, Alexandre Maulin rappelle que le travail a déjà débuté avec les constructeurs, « certains vers l'hydrogène, d'autres vers l'hydroélectricité. On s'est donné 5 ans pour concevoir, 2 ans pour mettre en marché, et ensuite 10 ans pour renouveler l'ensemble des flottes. Ce n'est pas un objectif sorti du chapeau mais en sachant quel temps il nous fallait pour le faire et le mettre en place ».

Retrouvez l'intégralité de l'interview ici en replay.

Un décideur chaque semaine

Pour rappel, le groupe La Tribune et BFM Lyon s'unissent depuis cette rentrée pour vous proposer, à travers l'émission Lyon Business (tous les mardis à 17h45), l'interview d'un décideur de l'économie lyonnaise au coeur de l'actualité.

Une occasion de décrypter ensemble les enjeux des dossiers et tendances de l'économie locale, animée par Elodie Poyade pour BFM Lyon et Marie Lyan pour le bureau Auvergne Rhône-Alpes du journal La Tribune.

Une émission à retrouver en direct et en replay sur la chaîne BFM Lyon, disponible sur le canal 30 de la TNT et sur les chaines 479 (box SFR), 315 (Bouygues) et 915 (Free), ainsi que sur le bureau Auvergne Rhône-Alpes de La Tribune.

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Commentaire 1
à écrit le 28/09/2022 à 14:08
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Il fut un temps où il n'y avait que quelques dameuses, utilisées parcimonieusement. Pas des cohortes de dameuses pour que chaque matin toutes les pistes soient des "billards"! Corollaire des pistes rapides, vitesse et accidents graves.

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