La DGA concrétise sa réserve industrielle de défense avec Verney-Carron

Le fabricant stéphanois de fusils de chasse et d’armes à destination de la sécurité et de la Défense est la première entreprise privée à bénéficier de la toute nouvelle réserve industrielle de Défense pilotée par la DGA.
Les premiers réservistes ont signé avec Emmanuel Chiva, délégué général de l'Armement.
Les premiers réservistes ont signé avec Emmanuel Chiva, délégué général de l'Armement. (Crédits : Stéphanie Gallo Triouleyre)

Nouvelle maille dans le tricotage de l'économie de guerre appelée de ses vœux par Emmanuel Macron: la Direction Générale de l'Armement déploie sa toute nouvelle réserve industrielle de défense (RID) annoncée il y a quelques mois.

Renforcer les lignes de production en cas de nécessité

La PME stéphanoise Verney-Carron, - fabricant historique d'armes de chasse, d'armes pour la sécurité intérieure (Flash-Ball) et plus récemment de fusils d'assaut pour la Défense-, est la première entreprise privée à mettre en place le dispositif. Douze volontaires, ne travaillant pas pour Verney-Carron mais en proximité immédiate, - avec donc des compétences en adéquation (des jeunes retraités, d'anciens salariés partis travailler ailleurs etc) - se sont engagés auprès de la DGA et de l'industriel à venir renforcer ses lignes de production si besoin.

« En cas de nécessité urgente de production, pour l'armée française ou un pays allié, nous activerons le dispositif en accord avec l'entreprise. Les réservistes seront alors invités à quitter leur poste de travail du moment et à venir travailler pour un délai plus ou moins long aux côtés de l'équipe permanente. L'État prendra en charge leur salaire puis se fera rembourser par l'entreprise », explique Emmanuel Chiva, le délégué général de l'Armement.

Celui-ci a fait le déplacement, hier, en personne, chez Verney-Carron pour cette première convention avec une entreprise privée.

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En réalité, les premiers contrats de cette RID avaient été signés à l'automne dernier avec le constructeur poids lourds Scania, une poignée de ses salariés s'étaient alors portée volontaire pour soutenir le SMIter (Service de maintenance industrielle terrestre de l'Armée), mais Verney-Carron est bien la première entreprise privée à mettre en place cette réserve avec la DGA.

« Le choix de Verney-Carron n'est pas anodin, elle représente un outil industriel intéressant », note Emmanuel Chiva, sans s'attarder sur le fait que l'industriel stéphanois peine pourtant à placer ses fusils auprès de l'armée française, en raison notamment de son envergure modeste (80 salariés, CA 2023 : 5,4 millions d'euros). À noter : l'Agence de l'Innovation de défense (AID) a toutefois confié récemment à la PME, filiale depuis 2022 du groupe Cybergun (45 millions d'euros de CA), un projet de développement d'un fusil destiné à une unité particulière.

Objectif : 3.000 réservistes d'ici 2030

D'ici 2030, la DGA vise les 3.000 réservistes.

« Nous sommes confiants. Nous avons identifié 1.000 jeunes retraités issue de la BITD  par exemple. Et puis, nous avons aussi identifié une dizaine d'entreprises capables de générer un vivier de volontaires aux compétences intéressantes pour nous. Par exemple dans l'automobile », assure Alexandre Lahousse, directeur de l'industrie de défense à la DGA.

Pour Emmanuel Chiva, le déploiement de la réserve industrielle de défense correspond à « l'Acte 2 » de la mise en place de cette fameuse économie de guerre autour des dix principaux acteurs de l'industrie française de la Défense (Airbus Defense, Thales, Safran, KNDS, Naval group) et de quelques 4.000 fabricants et sous-traitants.

« En 2023, nous avons accompagné les industriels pour accélérer les cadences, nous avons corrigé une cinquantaine de goulets d'étranglements industriels et nous sommes en train de travailler sur cinquante autres. Le contexte géopolitique nous impose de ne pas en rester là. L'acte 2 a été lancé depuis ce début d'année avec le sujet du financement et désormais des Ressources Humaines. Nous ne pouvons pas nous permettre d'être dans l'incapacité de produire par manque de ressources ».

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Chez Verney-Carron, on vise une jauge de 20/25 réservistes. Ceux-ci devront s'engager (comme tous les autres réservistes de ce dispositif) à suivre au moins une dizaine de jours de formation par an afin de garantir qu'ils seront bien opérationnels rapidement en cas de besoin.

Le contrat pour la livraison de fusils d'assaut à l'Ukraine toujours bloqué

Verney Carron avait annoncé à l'automne dernier un contrat de 36 millions d'euros (qui doit être financé par le fonds de soutien français) avec l'Ukraine. Celui-ci est toujours bloqué. Il serait, selon Hugo Brugière, le dirigeant du groupe Cybergun, « entre les mains des Ukrainiens qui doivent établir leur liste de priorités ». Selon lui, les annonces récentes d'un industriel Tchèque sur l'implantation de capacités de production de fusils d'assaut en Ukraine n'oblitèrent pas les chances de Verney-Carron sur ce dossier. « Les besoins sont estimés à un million d'exemplaires, il y a de la place pour tout le monde ».

Il y a quelques mois, le ton était monté entre Emmanuel Chiva et Hugo Brugière au sujet de ce contrat. Le second mettant en cause la bonne volonté de la DGA à les soutenir sur ce dossier. Le premier n'appréciant pas du tout cet éclat le renvoyant à une amélioration de sa compétitivité et de ses procédures. Un épisode qui semblerait donc désormais officiellement oublié, en témoignerait, selon Hugo Brugière, cette visite en personne d'Emmanuel Chiva à l'occasion des contrats des réservistes.

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Commentaires 3
à écrit le 19/07/2024 à 20:11
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Bonjour, bon petite histoire sur la fabrication de fusil d'assaut dans notre pays... Le FAMAS une arme novateur sur bien des sujets est fabriqué en France dans les années 1980 , 500 000 seront produits , les premiers exemplaires coûter 10 000 francs...

le 21/07/2024 à 11:58
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Vous prenez pour référence les années 80 ce n'est donc pas 30 mais 40 ans or ce qui valait 100 en 1985 en vaut aujourd'hui 214 et 1500 euros de départ 3.210 euros d'aujourd'hui après inflation donc le prix actuel est justifié .

le 22/07/2024 à 19:56
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Bonjour. Bon ils me semblent que dans notre monde . Plus ons produit de fois la même chose et moins cela coûte chere... Donc rien ne justifie le prix excessifs de la production militaire française... ( Famas en particulier) Surtout que maintenan...

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