Filière bois : le Parc naturel du Livradois-Forez en quête d'une gestion durable de la forêt

Dans ce parc naturel de plus de 320.000 hectares, à cheval entre le Puy-de-Dôme, la Haute-Loire et la Loire, l’activité forestière est essentielle. Cela représente 900 emplois directs et une quarantaine de scieries. Depuis plusieurs années, des dispositifs et des formations sont menés auprès des professionnels et des propriétaires forestiers sur l’importance de la biodiversité, afin de préserver le patrimoine naturel, mais aussi la production de bois et l’économie de la filière sur le long terme.
Entre 20 et 25% du volume de bois résineux exploités sur toute la région Auvergne-Rhône-Alpes se situe dans ce parc régional du Livradois-Forez.
Entre 20 et 25% du volume de bois résineux exploités sur toute la région Auvergne-Rhône-Alpes se situe dans ce parc régional du Livradois-Forez. (Crédits : MG / La Tribune)

Dans ce parc naturel du Livradois-Forez, situé à à cheval entre trois départements français (le Puy-de-Dôme, la Haute-Loire et la Loire), la forêt occupe une place essentielle. Elle couvre 55% de sa surface avec une majorité d'essences résineuses. Sur les hauteurs, on retrouve des sapins et des hêtres. Sur les deux autres tiers, se côtoient épicéas, douglas et feuillus (chênes, frênes, tilleuls...). Entre 20 et 25% du volume de bois résineux exploités sur toute la région Auvergne-Rhône-Alpes se situe dans ce parc régional. C'est dire l'importance de cette activité sur le territoire. La filière locale forestière représente 900 emplois directs, avec un maillage dense d'entreprises dans le secteur.

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« Nous comptons une quarantaine de scieries, 200 entrepreneurs forestiers, 25 gestionnaires et exploitants, 30 producteurs de bois énergie... Et la forêt fait vivre bien au-delà du parc naturel régional », détaille Samuel Resche, chargé de mission à Fibois Auvergne Rhône-Alpes, l'interprofession de toute la filière.

Avec une particularité importante selon ce professionnel : ici, le bois est exploité pour un « usage durable ». « A 80%, il est à destination du bois d'oeuvre, c'est-à-dire pour la construction (que ce soit pour de la charpente, des planches, du bardage, etc), ou bien pour l'emballage afin de fabriquer des palettes, de la caisserie... On fait peu de bois d'énergie, que ce soit granulés ou plaquettes, et c'est mieux ainsi. Cela pourrait amener à une surexploitation de la forêt », analyse Samuel Resche.

Une forêt plus « résilience »

Transformer et valoriser le bois sur place permet aussi d'accroître sa valeur ajoutée. Néanmoins, la difficulté réside dans le morcellement de cette forêt, à 90% privée, ce qui constitue un frein à l'exploitation optimale de ce potentiel. Le parc compte, en effet, 70.000 propriétaires forestiers qui possèdent, chacun, 3 à 4 petites parcelles en moyenne. Cela demande surtout un gros travail pour informer et sensibiliser sur les actions menées ces dernières années pour permettre une gestion durable de la ressource.

« Avec le dérèglement climatique, nous mettons en place des actions pour avoir une forêt plus résiliente. Nous sommes, par exemple, adhérent de l'association Sylv'ACCTES qui met en relation des mécènes qui souhaitent améliorer leur empreinte sur le climat et l'environnement et des forestiers. Cela permet de financer des diagnostics et d'orienter la sylviculture vers des dynamiques naturelles, et de la regénération naturelle. Nous accompagnons ces transitions », explique Morgane Malard, chargée de mission forêt-filière bois au syndicat mixte du parc naturel régional Livradois-Forez.

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Sur les cinq dernières années, 272.000 euros ont déjà été versés via ce dispositif. Cela passe notamment par une diversification des essences d'arbres, pour que la forêt soit plus résistante aux aléas climatiques, et aussi la mise en place d'une sylviculture « à couvert continu », quand cela est possible. Ce qui veut dire pas de coupe rase sur l'intégralité de la parcelle.

« On récolte, ainsi, au fur et mesure. La parcelle a tout le temps des arbres adultes pour ne pas jamais mettre à nu les sols. Cela évite les impacts sur la micro-faune, qui participe à la bonne santé de l'arbre », explicite Morgane Malard.

« Ces méthodes alternatives me paraissent très pertinentes. Cela se fait dans un esprit de concertation, mais si ce n'est pas la seule solution », précise Samuel Resche de Fibois AuRA. Certains propriétaires ont, en effet, bénéficié du plan France relance pour faire des coupes rases dans des parcelles où les arbres étaient en souffrance face au changement climatique.

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« Notamment pour les sapins ou les épicéas. Ils manquent d'eau et puis, il y a l'arrivée de scolytes, ces insectes qui causent d'importants dégâts. Mais, on ne peut pas dire qu'il y a eu une poussée des coupes rases, parce qu'il y a des aides. Cela reste minoritaire », poursuit ce spécialiste.

« Trame de vieux bois »

Autre dispositif mis en place depuis 2020 dans le Livradois-Forez : le programme appelé « Trame de vieux bois ». Il incite les propriétaires forestiers à favoriser la libre évolution de la forêt dans certains endroits. En clair, laisser faire la nature et ne pas enlever les arbres morts.

« Avant avoir des arbres morts sur sa parcelle, cela voulait dire que ce n'était pas propre, que l'on n'avait pas fini le travail, que c'était mal entretenu. Nous avons changé de logique. Les mentalités évoluent », se félicite Samuel Resche.

« Les propriétaires ont compris que, dans ces arbres morts, il va y avoir tout un tas de décomposeurs utiles au bon fonctionnement de la forêt. Ce bois mort est nécessaire pour la fertilité des sols », abonde Morgane Malard du parc naturel régional Livradois-Forez.

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Produire du bois pour demain

Le Parc s'évertue à informer, au maximum, les propriétaires des bonnes pratiques au travers de réunions, de formations, de séminaires, de plaquettes. Tout cela avec l'aide de l'ONF (Office national des forêts), du centre national de la propriété forestière et des communautés de communes. Pour Samuel Resche, la certification PEFC (programme de reconnaissance des certifications forestières), mise en place il y a 25 ans, a aussi permis des améliorations notables en poussant le secteur à s'engager dans une gestion raisonnée et durable de la forêt.

« Il faut prendre soin de la biodiversité et de l'écosystème forestier, pas uniquement en tant que patrimoine naturel mais aussi pour la production de bois et donc pour l'économie de la filière sur le long terme. C'est un axe que l'on met en avant », insiste Morgane Malard.

Car l'enjeu, face au dérèglement climatique, est non seulement de produire du bois pour aujourd'hui mais, aussi et surtout, pour demain.

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