Jean-Charles Foddis, un visage emblématique du développement économique de Lyon s’éteint

Carnet. L’annonce de son décès fait grand bruit depuis ce lundi, sur la scène lyonnaise. Le directeur de l’agence de développement économique de Lyon, l’Aderly, Jean-Charles Foddis, a disparu brutalement vendredi durant ses vacances au Grand Bornand (Haute-Savoie). Les acteurs du monde politique et économique saluent à la fois le bilan d’un homme emblématique sur la scène locale, et ses qualités d’écoute au service du développement économique, qui avaient permis d'esquisser une transition de l'agence "en douceur" avec les nouvelles équipes EELV.
Des observateurs de la scène lyonnaise ont salué le parcours d'un homme qui avait réussi, résultats à l'appui, à piloter son navire sans se faire happer par les rivalités politiques ou institutionnelles.
Des observateurs de la scène lyonnaise ont salué le parcours d'un homme qui avait réussi, résultats à l'appui, à piloter son navire sans se faire happer par les rivalités politiques ou institutionnelles. (Crédits : DR/Aderly)

Il était devenu l'un des visages emblématiques de l'écosystème lyonnais, aux commandes, depuis 2015, de l'Aderly. Soit l'une des premières agences de développement économique à avoir été créée en France en 1974, dont la mission était d'assurer la promotion, la prospection et l'accompagnement des investissements pour le territoire de la région lyonnaise.

Le directeur de l'Aderly, Jean-Charles Foddis, a disparu subitement vendredi 20 août dernier, durant ses vacances au Grand Bornand (Haute-Savoie). Les causes de son décès n'ont pas été précisées mais depuis ce lundi, mais cette annonce a déjà suscité une vague de réactions auprès des décideurs politiques et économiques du bassin.

« Sa disparition est une grande perte pour Lyon », regrette Jean-Louis Joly, directeur général du Medef Lyon-Rhône au sein de la presse locale. Et il n'est pas le seul : depuis ce lundi après-midi, les réactions et l'émotion sont palpables au sein du tissu lyonnais.

A commencer dans les rangs de ses équipes, qui soulignent un « grand humaniste, partenaire intègre et exigeant », qui avait pris la direction des équipes de l'Aderly, mais aussi de d'OnlyLyon ainsi que du pôle international de la CCI Lyon Métropole Saint-Etienne Roanne en septembre 2015 « avec une ambition d'excellence et de droiture ».

« Pendant près de six ans, attentif et impliqué, ce grand amoureux de la montagne et homme de terrain œuvra avec rigueur au rayonnement et au développement économique de la Métropole de Lyon et de ses territoires partenaires, en France et dans le monde », notent ses équipes, à travers un hommage commun, co-signé par les présidents de la Métropole de Lyon Bruno Bernard et de la CCI Lyon Métropole Saint-Etienne Roanne, Philippe Valentin.

Des hommages politiques et économiques

L'une des premières réactions politiques est venue de l'ancien maire et désormais leader du groupe d'opposition métropolitain, Inventer la Métropole de demain Gérard Collomb.

Dans une courte déclaration ce lundi, ce dernier a tenu à rendre hommage à l'homme, mais aussi à ses missions : « Jean-Charles Foddis était l'un de ceux qui avaient permis à Lyon de rayonner à l'international, d'attirer les entreprises étrangères et de conforter le tissu économique de notre métropole et de l'aire urbaine lyonnaise. »

Partisan d'un renforcement du développement économique de l'ère lyonnaise, l'ex-maire de Lyon avait fustigé, à plusieurs reprises, la volonté des nouveaux exécutifs EELV de ne plus viser l'attractivité métropolitaine. « L'économie ne les intéresse pas », regrettait l'ancien maire centriste. Une notion à laquelle Jean-Charles Foddis avait pourtant quant à lui consacré tous ses efforts depuis 2015.

Des observateurs de la scène lyonnaise ont justement salué le parcours d'un homme qui avait réussi, résultats à l'appui, à piloter son navire sans se faire happer par les rivalités politiques ou institutionnelles.

Les hommages affluaient aussi dès ce lundi, jusque sur les réseaux sociaux, en provenance du tissu économique. A l'image de Yannick Lacour, directeur exécutif des opérations Europe pour le compte du fabricant japonais de systèmes de direction et de transmission pour l'industrie automobile JTEKT, installé en région lyonnaise à Irigny (Rhône).

« Jean-Charles restera assurément un grand homme dans nos mémoires. Il a su faire évoluer l'Aderly pour le bien territorial, navigant en fin stratège entre les volontés des uns et des autres », a-t-il noté, rappelant par ailleurs que les équipes de l'Aderly « ont toujours œuvré pour aider notre entreprise à se développer dans la Métropole de Lyon et en France ».

Un bilan tout juste livré en juillet dernier

Il faut dire qu'au fil des années, les missions de Jean-Charles Foddis au sein de cette émanation de la CCI de Lyon, du Grand Lyon, du Medef Lyon-Rhône ainsi que du Département du Rhône, l'avaient conduit à connaître tous les rouages de la scène lyonnaise. La mission de ce passionné de voyages et d'activités outdoor consistait en effet depuis six ans à booster l'attractivité de métropolitaine, s'était concrétisée par l'accueil chaque année d'une centaine de nouvelles entreprises (114 en 2019).

Pas plus tard qu'en juillet dernier, l'étude d'impact économique mais aussi écologique, réalisée par le cabinet Utopies sur l'aire métropolitaine de Lyon-Saint-Etienne (aussi appelée désormais "Amelyse") que chapeautait l'Aderly, s'était traduite en plusieurs chiffres concrets :

Avec tout d'abord, la fidélité de 574 des 831 entreprises qui s'étaient implantées, en l'espace de 10 ans sur l'aire urbaine de Lyon, assurant ainsi 9.900 emplois directs, ou encore 2 milliards d'euros de PIB généré dans l'économie française, dont 66 % directement au sein du tissu local.

A l'intérieur de ce bilan également, la part de revenus générées par des entreprises étrangères, qui avait grimpé au-dessus du seuil de 40% (avec, dans le top 3 : Allemagne, Chine et Etats-Unis), preuve de l'attractivité du territoire lyonnais et des actions mises en place en cette direction. Des résultats qui attestent également d'une diversité cultivée au sein des secteurs d'activités qu'il cherchait à attirer, à l'image de l'industrie, du numérique ou encore des sciences de la vie.

Cette étude était même allée jusqu'à évaluer la part des émissions carbone produites par les entreprises implantées de l'aire urbaine, à celles qu'elles auraient pu produire, si elles s'étaient implantées en dehors.

Résultat ?  L'action de l'Aderly aurait, dans le cadre d'une telle analyse, permis « d'économiser » 70.000 tonnes d'émission de CO2 en l'espace de dix ans avec, sur les 1,3 milliards d'euros de revenus générés, près de la moitié (0,7 milliards) demeurés à alimenter son bassin, contre 0,6 millions destinés à l'exportation.

A cette occasion, Jean-Charles Foddis évoquait d'ailleurs lui-même en juillet dernier l'impact écologique comme une préoccupation, déjà présente depuis fin 2017 au sein des missions de l'Aderly, soit «  au moment où l'on a décidé d'engager une stratégie pour travailler sur la durabilité des projets ».

Une transition "en douceur" jusqu'ici

Son style avait en effet permis d'amorcer une transition de l'agence de développement économique en douceur avec les nouvelles équipes écologistes en place. Car si un audit avait été lancé par la métropole de Lyon concernant le pilotage de l'Aderly et ses missions, aucun changement brutal de braquet n'avait encore été opéré dans les missions de l'agence, au cours de cette première année de mandat.

En juillet dernier, la première vice-présidente à l'économie Emeline Baume, décryptait elle-même l'étude d'impact de l'agence, en affirmant : « le socle du dialogue dès le début (a été fait, ndlr) sur cette base avec l'Aderly : sobriété, efficacité matière, énergétique... Il y a une compréhension des équipes de l'Aderly et de la CCI », pointait-elle, envisageant ainsi d'engager l'Aderly vers une « relocalisation raisonnée des activités économiques dans le cadre de la lutte contre le changement climatique », ou encore d'« intégrer encore davantage le volet environnemental carbone dans les critères de décision d'accompagnement » de ses projets d'implantation.

Âgé de 55 ans, marié et père de trois enfants, Jean-Charles Foddis était né à Lyon le 8 janvier 1966, puis avait suivi sa scolarité au Lycée Saint-Exupéry (1980-1983) avant d'entreprendre une licence de Biologie cellulaire et Physiologie Lyon 1 (1984-1987). Avant de devenir le directeur exécutif de l'Aderly-Invest in Lyon en août 2015, il avait endossé plusieurs postes de direction, ainsi qu'une solide expérience dans les domaines de l'industrie et de l'international, notamment dans les secteurs des biotechnologies et de la cosmétique.

D'abord chez Coletica Lyon (2003-2005) en tant que directeur des opérations, avant de prendre les rênes du site Engelhard-Lyon (2005-2006), puis la direction de BASF Beauty Care Solutions (2006-2012). Il s'était ensuite mis à son compte pour des missions de conseil en stratégie d'entreprise entre 2012 et 2015. Il avait succédé à l'époque à Jacques de Chilly, qui occupait lui-même le poste de Directeur exécutif de l'Aderly depuis 2006.

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