Départementales 2021 : les enjeux du second tour dans le Rhône, pour cet objet territorial inédit

ELECTIONS. Alors que le combat des élections régionales très médiatisé éclipse celui des élections départementales, ce premier tour aura été l'occasion, pour les habitants du Nouveau Rhône, de choisir la majorité qui conduira le Conseil départemental. Un Département aux contours très particuliers, puisqu'il ne comprend plus le périmètre de la métropole de Lyon, qui a été confié au Grand Lyon au 1er janvier 2015, dans le cadre de la loi Maptam.
(Crédits : DR/FabriceSchiff/CD69)

Département, où es-tu ? Alors que les élections régionales de ce dimanche ont éclipsé le renouvellement, le même jour, des conseils départementaux, cette échéance électorale devait pourtant se traduire par un scrutin tout particulier au sein du Département du Rhône.

Car depuis le 1er janvier 2015, le territoire du Rhône est le fruit d'une nouvelle organisation territoriale, qui, dans le cadre de la loi Maptam, a autorisé un transfert des compétences du Département vers le Grand Lyon. En vertu de son statut de collectivités à statut particulier, issu de l'article 72 al. 1er de la Constitution, la Métropole de Lyon (conduite par l'écologiste Bruno Bernard depuis juillet 2020) a donc désormais la charge d'assurer elle-même l'ensemble des compétences traditionnelles d'un Conseil départemental (et notamment le champs de l'action sociale ou encore de la voirie) à l'échelle de son territoire.

A travers cette réforme, c'est donc le sort de 59 communes (essentiellement urbaines) réparties sur 538 km2 et de 1,4 millions de grand lyonnais qui ne sont plus placés sous le joug du Département du Rhône. Et qui n'étaient donc pas soumis au vote du premier tour des élections départementales ce dimanche.

De l'autre côté, le département du Rhône (aussi appelé Nouveau Rhône), conduit actuellement par le président sortant LR Christophe Guilloteau, se décompose désormais en 13 cantons. Soit un territoire essentiellement "rural" de 450.000 habitants, où la plus grande commune est désormais la ville de Villefranche-sur-Saône (et ses 36. 857 habitants en 2015). Avec à la clé, des compétences à l'image des autres départements sur les champs de l'action sociale, de l'éducation à travers les collèges, des transports, de la voirie ou de la vie culturelle et associative, etc, pour un budget annuel fixé à 636 millions d'euros en 2021.

Un mode de scrutin particulier, qui privilégie les duels

Ce dimanche, les électeurs du Rhône votaient donc pour le renouvellement du Conseil départemental du Rhône, jusqu'ici historiquement de centre droit, et de ses 26 élus (soit deux binômes paritaires pour chacun des 13 cantons), pour un mandat qui s'échelonnera exceptionnellement sur 7 ans au lieu de 6, compte-tenu du calendrier électoral qui prévoit les futures élections présidentielles pour 2027.

Sur les 208 communes concernées, peu de surprises étaient cependant attendues, là où 12 des 13 cantons du Rhône étaient encore détenus par la droite ou le centre-droit.

Contrairement à d'autres échéances (comme les municipales et métropolitaines, ou même les régionales), la partition désormais en vigueur du territoire de la métropole de Lyon, à l'électorat plus urbain, ainsi que le mode de scrutin rendaient en effet cette élection départementale peu favorable aux listes écologistes.

D'autant plus qu'à l'inverse des régionales, les candidats aux départementales devaient atteindre un seuil de 12,5% non pas des votants, mais des inscrits sur les listes des cantons concernés, en vue de se maintenir au second tour. Ce seuil s'élevait même à 50% des inscrits s'ils comptaient être élus dès le premier tour.

Des seuils bien plus complexes à franchir, et qui avaient été instaurés en 2010 (puis confirmés en 2013), à l'occasion du passage des élections « cantonales » aux « départementales » à l'échelle nationale.

L'objectif était alors d'éviter les triangulaires, et de contenir entre autres la montée des listes Front national de l'époque. Objectif réussi puisque ce second tour ne sera marqué, dans le Rhône, que par des duels.

Une forte abstention et une prime aux sortants, comme aux régionales

Globalement, aucun binôme n'aura réussi à s'imposer dès le premier tour, qui aura été marqué au sein du Département du Rhône comme ailleurs, par une très forte abstention (67%).

Le Rassemblement national, qui était alors représenté dans une grande partie des cantons au second tour de 2015, ne le sera cette année que dans trois territoires (Belleville-en-Beaujolais, Saint-Symphorien d'Ozon et Genas), face à la droite, qui s'annonce en position favorable.

La gauche, quant à elle, ne part pas en position de force puisqu'elle a été éliminée dans le seul canton qu'elle détenait jusqu'ici, celui de L'Arbresle, dès le 1er tour, mais elle demeure présente dans plusieurs duels de second tour à venir.

Le président LR sortant, Christophe Guilloteau, qui était candidat à sa réélection, est déjà en position de force, grâce à neuf cantons où l'union de droite est en bonne position dès le premier tour (soit Mornant, Belleville, Genas, Brignais, Anse, Thizy-les-Bourgs, Tarare, Vaugneray et Villefranche sur Saône).

Fait notable : à Gleizé, le duel n'aura lieu qu'entre les tenants de la droite.

Le président départemental des Républicains du Rhône, Alexandre Vincendet, n'a d'ailleurs pas caché la satisfaction à l'issue de cette première partie du match, malgré une forte abstention : "Après le succès des dernières élections municipales qui ont vu Les Républicains conserver les communes conquises en 2014 et remporter de nouvelles victoires emblématiques comme à Bron, ces élections régionales et départementales sont une nouvelle preuve de la vitalité des Républicains dans la Métropole de Lyon et dans le nouveau Rhône".

Comme à une autre échelle, celle de la Région, force est de constater que le fait que les habitants ne se soient pas massivement déplacés aux urnes n'a pour autant pas pénalisé la majorité actuelle.

Une situation qui confirme l'impression, au sortir d'un nouveau déconfinement, d'une forme de « prime aux sortants » et statut quo, en faveur des exécutifs déjà aux commandes des territoires lorsque la crise du Covid a frappé le pays.

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