Medtech : Uromems lève 44 millions d'euros pour son implant destiné aux fuites urinaires sévères

A l’origine d’un dispositif mécatronique implantable pour traiter l’incontinence urinaire à l’effort, la start-up grenobloise Uromems vient de valider un tour de table à 44 millions d’euros, dans un contexte de financement pourtant défavorable. Une levée qui doit lui permettre de financer les études cliniques qui devraient la porter jusqu'aux agréments de la Food and Drug Administration (FDA) américaine et de l'Union européenne.
Uromems est sur le point d'enclencher la phase clinique pivot pour les hommes.
Uromems est sur le point d'enclencher la phase clinique pivot pour les hommes. (Crédits : DR)

Le contexte de financement s'est largement durci depuis 2023 pour l'ensemble de la Tech française. Un peu moins probablement pour la healthtech que pour d'autres secteurs, mais les investisseurs sont tout de même bien plus difficiles à séduire aujourd'hui qu'il y a trois ans.

Selon le panorama établi par France Biotech, la healtech française a levé 1,8 milliard d'euros en 2023 (dont 130 millions, levée record opérée par la Lyonnaise Amolyt Pharma). C'était 38% de moins qu'en 2022. Et toujours selon France Biotech, sept start-ups de la filière sur dix s'inquiétaient des difficultés à lever des fonds en 2024.

Un dispositif aux 150 brevets

C'est dans ce contexte, pas franchement pléthorique donc pour le secteur des technologies de la santé, que la start-up grenobloise Uromems vient de valider un tour de table à 44 millions d'euros.

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A l'origine d'un dispositif mécatronique implantable pour traiter l'incontinence urinaire à l'effort, Uromems a séduit Crédit Mutuel Innovation et le Conseil européen de l'Innovation (EIC). Les investisseurs déjà présents au capital (Wellington Partners, Supernova Invest, Hil-Invent, b-to-v Partners et Financière Arbevel), ont également remis au pot.

« Effectivement, l'environnement est actuellement complexe en matière de financement mais nous avons réussi à tirer notre épingle du jeu, grâce à la qualité des données issues de notre phase d'étude clinique pilote, et au fait que notre proposition est aujourd'hui clairement unique. Aucune autre entreprise n'est aussi avancée que nous sur ce sujet », assure Hamid Lamraoui, président et cofondateur d'Uromems, aux côtés notamment de Pierre Mozer, professeur urologue à l'AP-HP.

Il s'agit de la troisième opération d'envergure pour la start-up fondée en 2011 : elle avait déjà levé 12 millions en 2016 et 20 millions en 2020. Implantée à Grenoble, avec son siège social et son usine, elle dispose également de bureaux à Paris et d'une filiale commerciale aux Etats-Unis.

Un marché cible de 90 millions de personnes en Europe

Cette nouvelle levée doit lui permettre de financer, en particulier, les études cliniques qui devraient la porter jusqu'aux agréments de la FDA et de l'Union européenne, les deux territoires qu'Uromems vise aujourd'hui prioritairement. La phase d'essai pivot, sur les hommes, devrait démarrer en 2025. Pour les femmes, les résultats de la phase pilote sont attendus pour courant 2024. En fonction des résultats, le calendrier de la phase pivot sera fixé.

Protégé par 150 brevets, le dispositif développé par Uromems s'apparente à un sphincter artificiel implanté à côté de l'urètre (chez l'homme) ou à côté du col vesical (chez la femme). Ce muscle, dont la force est adaptée au besoin du patient, doit permettre à celui-ci de ne plus subir les inconvénients liés aux fuites urinaires d'effort. Cet implant est associé à une télécommande permettant à son utilisateur de contrôler facilement l'ouverture pour uriner.

« Les dispositifs actuellement sur le marché, assez anciens, fonctionnent avec une pompe interne à activer manuellement par le patient quand il doit uriner. Ce n'est pas satisfaisant dans le cadre d'une bonne qualité de vie », observe Hamid Lamraoui.

Le marché est important. Il est estimé à 40 millions de personnes aux Etats-Unis, 90 millions en Europe, dont 200.000 souffrant de fuites urinaires sévères (jusqu'à un litre dans certains cas). C'est sur cette cible que la start-up grenobloise a décidé de se concentrer dans un premier temps.

En parallèle de la phase clinique, elle avance sur l'industrialisation, afin d'être capable de produire en grandes quantités dès que le feu vert des autorités sanitaires américaine et européenne sera donné. L'unité de contrôle, le cœur du dispositif, sera fabriqué en interne dans l'usine grenobloise. Le reste des composants sera confié à des prestataires externes.

A cette échéance de production en série, Hamid Lamraoui annonce un effectif de « plusieurs centaines de personnes », sans dévoiler, à ce stade, aucune prévision de chiffre d'affaires. L'entreprise devrait trouver sur son chemin une autre entreprise française évoluant dans le même environnement, Affluent Medical. Cette dernière annonce une mise sur le marché de son sphincter urinaire artificiel à horizon 2026.

De son côté, à un horizon non précisé, Uromems pourrait adresser d'autres applications « nécessitant de petits mouvements dans le corps humain ». Avec à la clé, anticipe Hamid Lamraoui, « un développement exponentiel ».

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