RER métropolitain de Chambéry : désormais labellisé, le projet compte créer de nouvelles haltes ferroviaires

FOCUS. Le projet de RER métropolitain porté par les intercommunalités de l’agglomération chambérienne fait partie des 15 premiers projets à avoir été labellisés par l’Etat le 28 juin dernier. Imaginé sur trois temps, il vise à désengorger l’agglomération avec, à terme, un service de train toutes les 15 minutes et un possible élargissement aux territoires de l'avant-pays savoyard et du Grand Annecy.
La première tranche du projet de RER métropolitain pour l'agglomération de Chambéry est estimée pour l'heure entre 8 et 12 millions d'euros. Elle pourrait à terme comprendre des connexions avec le RER grenoblois et le territoire du Grand Annecy.
La première tranche du projet de RER métropolitain pour l'agglomération de Chambéry est estimée pour l'heure entre 8 et 12 millions d'euros. Elle pourrait à terme comprendre des connexions avec le RER grenoblois et le territoire du Grand Annecy. (Crédits : DR/ML)

« C'est l'atterrissage d'un travail de longue date », se félicite Thibaut Guigue, président de Métropole Savoiealors que fin juin, l'Etat a labellisé le projet de Service Express Régional Métropolitain du territoire. Le syndicat mixte, qui regroupe trois intercommunalités concernées par le projet, Grand Lac (autour d'Aix-les-Bains), Grand Chambéry et Cœur de Savoie, soit 107 communes, est en charge du pilotage du SERM (anciennement RER métropolitain), dont l'objectif est d'offrir une desserte ferroviaire régulière et des alternatives à la voiture pour permettre le désengorgement des axes routiers autour de l'agglomération savoyarde, mais aussi décarboner les mobilités et réduire les gaz à effet de serre.

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« Cette première étape est décisive pour notre territoire, a également réagit Hervé Gaymard, Président du Conseil départemental de la Savoie, par communiqué. Elle s'appuie sur la candidature que Métropole Savoie a établie en concertation avec toutes les parties prenantes, présentant l'ambition générale, le périmètre concerné et les grandes orientations stratégiques pour la mise en œuvre de ce projet ».

« Anticiper une nouvelle structure de transports »

« La particularité de notre projet SERM, c'est qu'on a construit l'intégralité de notre projet d'urbanisme et d'aménagement du territoire autour, précise Thibaut Guigue. En général, l'organisation urbaine se fait et on essaie d'adapter, nous, nous avons essayé d'anticiper une nouvelle structure de transports ».

Le SERM devrait se construire en trois temporalités. « Nous avons déjà des études en cours depuis plusieurs mois, qui nous permettent de savoir qu'on est prêts à pouvoir imaginer un train toutes les 20 minutes entre Montmélian et Aix-les-Bains, sans rupture de charge ». Trois nouvelles haltes ferroviaires seraient ainsi créées : à Chignin, Voglans et au Vivier-du-Lac. Selon un premier chiffrage, près de 70 % de la population vivant sur cet axe d'ici 2040 pourrait emprunter ce RER au quotidien.

Un peu plus au sud, sur la commune de Saint-Hélène-du-Lac, une halte est envisagée sur la zone d'activité Alpespace. Objectif de mise en circulation de cette tranche : 2030. « Il va falloir que tout le monde tienne ses délais, y compris sur la suite des événements SERM, qui vont imposer des dépenses en études pas anticipées dans nos budgets », précise le président du syndicat mixte Métropole Savoie.

« Ne pas aller trop vite, pour ne pas grever des possibilités pour l'avenir »

Dans un second temps, l'objectif sera de passer à un train toutes les 15 minutes. Une cadence qui nécessitera d'importants travaux en termes d'infrastructures, avec, notamment, le triplement de voies. « Ce moyen terme permet aussi d'imaginer d'aller plus au nord, en lien avec le projet de dédoublement de la ligne Annecy/Aix-les-Bains portée par la Région », poursuit Thibaud Guigue.

Le Grand Annecy n'a pour sa part pas porté de projet SERM et pourrait donc se raccorder - à moyen terme - à la fois à celui de la métropole savoyarde et à celui du Léman Express, en Haute-Savoie.

Autre réflexion en cours : une connexion avec le SERM grenoblois. « Mais il est sur une autre temporalité, c'est le plus en avance. Ils vont développer leur cœur en court terme, et on verra ensuite en moyen terme ! ».

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Enfin, dernière étape pour le SERM savoyard : réfléchir à l'intégration de l'avant-pays savoyard et du Grand Annecy. Avec des secteurs comme Lépin-le-Lac, Aigubelette ou encore Yenne qui pourraient bénéficier d'une desserte. Sans certitude pour le moment : les études de possibilités en termes de trafic ne sont pas terminées. « Il est important de garder tout cela en tête et de ne pas aller trop vite pour ne pas grever des possibilités pour l'avenir », appuie Thibaud Guigue. Autre élément que les acteurs gardent en tête : l'accès au Lyon-Turin.

Entre 800.000 et 1 million d'euros pour les études de préfiguration

Sur le volet budgétaire, tout n'est pas encore calé - il faut attendre le projet précis.

Car alors qu'une première étude, chargée de réaliser notamment un état des lieux des lignes existantes ainsi qu'une étude de marché, est actuellement conduite par la Région, et dont les conclusions sont attendues en novembre, une seconde étude de préfiguration avec SNCF Réseau et Gares et connexions doit être réalisée dans le cadre du SERM. A ce titre, aucun chiffrage précis n'a encore été réalisé. « On estime qu'il va falloir entre 800.000 et 1 million d'euros pour ces études de préfiguration avec la SNCF et en maîtrise d'ouvrage un consortium d'acteurs locaux que sont toutes les collectivités », expose le président de Métropole Savoie.

Le temps 1 du projet ne nécessite pas d'investissements en infrastructures de réseau ferré et sans doute une modification de l'organisation des trains existants sur les lignes concernées - ce qui limiterait les besoins en matériel roulant. Reste la création de nouvelles haltes. Si celles de Chambéry, Montmélian et Aix-les-Bains sont déjà existantes, celle du Vivier-du-Lac pourrait nécessiter quelques optimisations. Il faudra ensuite créer celles de Chignin, Alpespace et Voglans - sachant que sur les deux premières, d'anciennes gares existent toujours, ce qui faciliterait l'implantation.

« Au total, on estime le budget nécessaire entre 8 et 12 millions pour ce temps - avec peut-être aussi des investissements à faire en service pour clarifier les choses pour les usagers : affichage distinct, etc », détaille Thibaut Guigue, qui reste prudent sur les chiffres, car les études pour les projections du moyen terme seront potentiellement lancées en parallèle.

Reste à savoir comment les financements vont se ventiler et notamment la participation de la Région Rhône-Alpes, qui porte plusieurs SERM. Metropole Savoie compte sur l'appui de l'Etat : « La Société des grands projets va devenir une vraie ressource par rapport à l'ingénierie, et sans doute un acteur plus flexible à l'intérieur de l'Etat », se félicite Thibaut Guigue.

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Avec des élections locales à venir en 2026, il espère suffisamment avancer, dès cet été « pour lancer les études de préfiguration à l'automne, les terminer fin 2025/début 2026 et de laisser un dossier propre, fonctionnel, prêt à être utilisé par nos successeurs ». De nouvelles rencontres sont attendues à l'automne, sous l'égide de la Région, afin de bâtir un plan de financement et une gouvernance pour ce futur RER métropolitain.

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