Selon l'Agence Internationale de l'énergie, 1,5 milliard de climatisations étaient installées à travers la planète en 2022. Soit un taux d'équipement de 37%, contre 20% en 2000. Et le chiffre devrait encore continuer de progresser puisque l'AIE prévoit un triplement d'ici 2050. Avec une consommation d'énergie associée estimée entre 3.000 et 5.000 TWh. En Europe, à la même échéance, l'agence européenne de l'énergie prévoit une courbe moins verticale mais, tout de même, un doublement de la proportion des ménages qui seront équipés (pour atteindre 55%).
Avec un paradoxe évident. Le développement de ces équipements accélère le dérèglement climatique. Ce même dérèglement climatique qui, justement, rend plus nécessaire le recours à la climatisation...
C'est à ce défi que la startup iséroise, Caeli Energie, créée fin 2020 par un trio d'ingénieurs, entend apporter une réponse en développant des climatiseurs à « faible impact environnemental ».
Contexte de marché favorable
Après une levée de fonds de 10 millions d'euros annoncée en septembre 2023 et menée auprès d'Asterion ventures, Starquest, Bpifrance et Rise Proptech, la jeune pousse (qui comptait déjà Vinci à son capital) commercialise depuis quelques semaines son premier modèle : un climatiseur prévu pour rafraîchir des pièces de 20 à 30 m², avec une empreinte carbone réduite de 80% selon Caeli (en prenant en compte toute sa durée de vie), par rapport aux systèmes traditionnels et une division par cinq de la consommation énergie.
Caeli s'appuie sur une technologie qu'elle a brevetée en collaboration avec le CNRS, reposant sur de « l'adiabatique indirect à point de rosée » fonctionnant, explicite la startup iséroise, sans fluide frigorigène, sans rejet de chaleur et sans bloc froid externe.
« Quelques centaines » de pièces de ce premier modèle devraient être fabriquées cette année, « quelques milliers » l'année prochaine, dévoile du bout des lèvres Rémi Perony, le président de l'entreprise qui emploie une trentaine de salariés. Des pièces destinées au secteur tertiaire, pour lesquels les contraintes réglementaires s'agrègent : RE2020, décret tertiaire et la récente réglementation F-Gaz actant la disparition de certains fluides frigorigènes. « On vise notamment les bâtiments publics, les bureaux, les Ehpad etc », précise le dirigeant.
Dès l'année prochaine, Caeli entend s'appuyer sur un deuxième pied, celui du marché résidentiel, avec une offre adaptée au grand public. Une campagne de précommandes va s'ouvrir d'ici début juillet, pour des appareils opérationnels pour l'été 2025. Le mode de distribution retenu est pour l'instant gardé confidentiel, car pas encore arrêté définitivement.
« Nous savions depuis le début de Caeli que nous irions sur le grand public, mais ce marché est plus difficile à adresser. Désormais, nous estimons que nous sommes suffisamment solides pour nous avancer sur ce terrain. Nous avons déjà beaucoup de demandes ».
Nouvelle levée de fonds à venir pour une montée en puissance industrielle
Côté production, le moteur thermodynamique, le cœur de l'innovation Caeli, est fabriqué en interne sur la ligne industrielle pilote mise en place grâce au dernier tour de table. L'assemblage global est lui assuré par Bosch Marignier (Haute-Savoie).
En tout cas, jusqu'à la fermeture du site, annoncée récemment par le groupe Bosch. « Pour 2024, c'est validé, les équipes Bosch vont faire le job, elles sont très engagées. Pour 2025, rien n'est acté. Nous savons depuis longtemps que nous devons travailler sur des solutions de back-up », précise Rémi Perony.
Pour assurer sa montée en puissance commerciale et industrielle, sur les marchés tertiaires et résidentiels, Caeli devra de nouveau lever des fonds d'ici 18 mois.
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