Réindustrialisation : Auvergne-Rhône-Alpes en tête des ouvertures de sites industriels en 2023

Le premier baromètre permettant de mesurer l'évolution industrielle du pays a été dévoilé le 27 mars dernier. Réalisé à la demande du gouvernement, il recense les ouvertures et les extensions d'entreprises industrielles. Si l'année 2023 se révèle positive pour la réindustrialisation en France, Auvergne-Rhône-Alpes se distingue en figurant en tête du classement. Le fruit de stratégies étatiques et régionales menées depuis cinq ans, bien qu'il faille garder prudence : les chiffres de réductions et de fermetures d'usines ne sont pas précisés.
Co-développée par Stellantis, Forvia et Michelin, Symbio développe des piles à hydrogène. L'entité a choisi la région lyonnaise pour implanter sa giga factory.
Co-développée par Stellantis, Forvia et Michelin, Symbio développe des piles à hydrogène. L'entité a choisi la région lyonnaise pour implanter sa giga factory. (Crédits : DR)

Première région industrielle de France, Auvergne-Rhône-Alpes cumule plus de 500.000 emplois dans l'industrie, soit 15% des effectifs nationaux du secteur. Sa force repose sur un tissu économique industriel et de recherche dense et diversifié, qui s'étend de l'agroalimentaire à la chimie, en passant par la construction, les équipements automobiles, la santé ou encore la métallurgie. Au total, une douzaine de filières industrielles sont présentes dans les douze départements que compte le territoire.

On y recense également de nombreux laboratoires ou instituts de recherches, des clusters ainsi que des universités et des écoles de haut niveau comme le CEA, le CNRS ou encore l'Inria pour ne citer qu'eux. Selon la CCI régionale, 20 % des centres de recherche français y sont présents, ce qui en fait la 2e région française pour la recherche et la 5e à l'échelle européenne.

Une terre d'accueil pour les entreprises industrielles

Cette culture industrielle historique, couplée aux éléments précédemment cités, font de l'Auvergne-Rhône-Alpes un terreau fertile pour attirer de nouvelles entreprises industrielles.

En 2023 d'ailleurs, 73 nouvelles sociétés industrielles s'y sont implantées sur les 201 enregistrées sur tout le territoire (soit 36,3%), en comptabilisant les ouvertures et les extensions significatives, selon un baromètre dévoilé par Bercy fin mars. Des installations qui s'accompagnent de la création de 5.900 emplois, précise la Région par voie de communiqué.

Les chiffres de fermetures et réductions significatives de sites industriels de la Région Auvergne-Rhône-Alpes ne sont cependant pas indiqués.

Lire aussiIndustrie : derrière la hausse des ouvertures d'usines, les difficultés persistent

Un résultat d'autant plus marquant qu'un emploi industriel sur six a disparu entre 2001 et 2023 dans la Région, un chiffre néanmoins en-deçà de la moyenne nationale. Mais depuis le premier trimestre 2021, l'emploi industriel régional renoue avec la croissance pour retrouver mi-2023 son niveau de 2009 et ce, grâce à deux principaux secteurs : les équipements électriques et électroniques, ainsi que les autres produits industriels (issus des industries de la métallurgie, du caoutchouc, du plastique et de la chimie), selon l'Insee.

Lire aussiL'Auvergne-Rhône-Alpes face aux défis de la réindustrialisation

Le territoire comptabilise également 48 % des projets de relocalisation nationale. « Nous en sommes déjà à 355 projets de relocalisation [depuis décembre 2021, ndlr], représentant 8.660 emplois, c'est unique en France ! La moitié des projets de relocalisation identifiés en France (48,5 %) vont être situés en Auvergne-Rhône-Alpes, signe de l'attractivité de notre région », se réjouissait d'ailleurs Laurent Wauquiez, président LR de la Région, en février dernier auprès de nos confrères du Dauphiné Libéré.

Une politique de soutien à l'industrie continue

Cette attractivité pourrait, en partie, s'expliquer par les politiques de soutien menées par la collectivité depuis plusieurs années déjà. Mais aussi une volonté étatique maintes fois revendiquée de réindustrialiser la France, qui a essaimé dans les territoires via différents programmes comme France 2030.

Fin 2022, 18 territoires d'industrie avaient été identifiés par le gouvernement en Auvergne-Rhône-Alpes, leur permettant de bénéficier de plans d'actions portés par les élus, les industriels mais aussi l'Etat et les Régions.

Deux ans plus tôt, la Région Auvergne-Rhône-Alpes mettait également sur pied un plan de relance économique d'un montant d'un milliard d'euros, dont l'objectif portait sur la création ou la sécurisation de 50 à 100.000 emplois. Ce dispositif post-crise, qui ne visait pas uniquement les entreprises industrielles, était, en 2021, par un plan de relocalisation.

Doté d'une enveloppe d'1,2 milliard d'euros mobilisés sur 6 ans, celui-ci s'appuie sur la création d'un pack relocalisation et un travail sur le foncier pour accompagner les entreprises qui souhaitent s'installer sur le territoire. Un soutien à la formation et au développement des compétences est également compris. Au total, ce dispositif ambitionne de ramener 30.000 emplois liés à l'industrie sur le territoire.

Ce plan s'est doublé, en mars 2021, d'un fonds souverain dans lequel le Conseil régional a injecté 25 millions d'euros. Objectif : accompagner les PME et ETI régionales non cotées du secteur industriel, à franchir un cap, investir, innover. Plusieurs entreprises ont déjà relocalisé leurs activités comme Savoy International, Vicat, Dynastar, Chamatex, Aledia ou encore Europe Services.

Lire aussiVoitures électriques : à Grenoble, Verkor est un symbole de la réindustrialisation

Dans la lignée de cette stratégie de soutien active, la Région crée en mai 2022 un « G6 de la relocalisation » qui rassemble six partenaires : la CCI Lyon Métropole Saint-Etienne Roanne, la CPME Auvergne-Rhône-Alpes, le Medef Auvergne-Rhône-Alpes, Bpifrance, la Région et l'Agence économique Auvergne-Rhône-Alpes entreprises. Leur rapprochement doit permettre de mieux appréhender les besoins et les points de blocage afin de développer les outils et les synergies nécessaires à l'accélération de cette stratégie de relocalisation.

2023, une année tournée vers les strat-up et le foncier

En 2023, Laurent Wauquiez et son équipe poursuivent cette politique avec le fonds « Avenir Industrie AuRA » dont le capital se porte à 50 millions d'euros. Ce nouvel outil, obligatoirement accolé à des fonds privés, vise à accompagner une cinquantaine de start-up industrielles vers la consolidation de leurs innovations et surtout de leur production.

Lire aussiSaint-Etienne face à la pénurie de foncier disponible pour ses entreprises

Sujet majeur et véritable épine dans le pied des industriels cherchant à s'implanter : celui du foncier. La difficulté étant, au-delà de la simple disponibilité des espaces, celui de la surface qui peut être acquise. De plus en plus rares sont les sites de taille importante répondant au critère des entreprises en quête de développement ou des projets de gigafactory.

Ce qui a d'ailleurs poussé plusieurs sociétés comme l'isérois Verkor et le lyonnais Carbon à opter pour d'autres régions, soulignait Barbara Falk, directrice régionale Auvergne-Rhône-Alpes de la Banque des Territoires, lors de la présentation du bilan 2023 de l'entité en mars dernier. Un travail sera d'ailleurs réalisé sur ce sujet précis avec l'ensemble des banques régionales pour mieux comprendre les besoins, les difficultés et éviter des départs potentiels à l'étranger.

En juillet 2023, la Région a choisi de compléter son plan en faveur de la relocalisation de 2021 par un dispositif sur le foncier industriel doté d'un budget de 100 millions d'euros sur cinq ans afin de mieux répondre aux besoins des industriels.

La Région indique ainsi avoir réalisé, en 2022, un inventaire des terrains à vocation industriels sur le territoire, avec les intercommunalités et l'agence Auvergne-Rhône-Alpes Entreprises. « Plus de 90 tènements d'une surface supérieure à 2 hectares sont d'ores et déjà sur le marché et près de 100 autres devraient être commercialisables à un horizon de cinq ans » , assurait en juin dernier la Région via un communiqué.

Au total, ce nouveau plan doit permettre de préserver jusqu'à 1.900 hectares de foncier pour l'industrie.

Symbio, le visage de la transition

En décembre 2023, la plus grande gigafactory de piles à hydrogène d'Europe, SymphonHY, s'est installée à Saint-Fons, près de Lyon. Co-détenue par Stellantis, Forvia et Michelin, Symbio vise la production de 50.000 systèmes à hydrogène pour 2026. L'usine fabriquera des piles à combustibles hydrogène de diverses tailles, pouvant fournir à la fois des petits systèmes comme les chariots élévateurs jusqu'aux trains à hydrogène. Ces piles équiperont d'abord les véhicules utilitaires de Stellantis ainsi que les bus en Europe, avant de s'attaquer au marché du pick-up aux Etats-Unis, le plus grand rival sur ce terrain.

Pour voir le jour, la gigafactory a bénéficié de 600 millions d'euros de subventions publiques prévues dans le plan France 2030. Le reste a été complété par les trois actionnaires privés de Symbio.

USIN Parilly, le symbole du renouveau industriel

Situé à Vénissieux, USIN est un site de 10 hectares avec 30.000 m2 déjà bâtis - racheté à Bosch. USIN propose des solutions locatives clés en main, mutualisées et urbaines aux industriels. D'ici 2030, les surfaces dédiées à la production vont être doublées pour atteindre 60.000 m2 d'ici 2030.

En mai 2023, douze locataires occupaient le site avec leurs 380 salariés. Parmi les résidents, on trouve Les Alchimistes, qui transforment les déchets alimentaires en compost, Symbio justement, Mob-Energy qui utilise des batteries et les recycle au sein d'un robot chargeur de véhicules électriques, ou encore Mecaware.

En 2021, USIN a été sélectionné par le Gouvernement pour faire partie des 49 sites « clés en main ». Une liste élaborée pour accélérer les installations industrielles.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 2
à écrit le 04/04/2024 à 20:32
Signaler
Depuis des décennies, les entreprises sont taxées pour faire vivre les CCI. Commerce et Industrie...pour quel résultat ? Aucune action concrète. Des colloques, des buffets, des conférences où on s'auto-congratule.... pendant ce temps-là, la balance c...

à écrit le 02/04/2024 à 18:14
Signaler
Et le chômage des seniors, des cadres et non cadres toujours élevés en millions !!! réindustrialisation ?.....pschitt !

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.