Voitures électriques : à Grenoble, Verkor est un symbole de la réindustrialisation

La startup Verkor a inauguré jeudi à Grenoble son usine pilote de batteries à haute puissance, qui alimenteront notamment le futur SUV de la marque Alpine.
(Crédits : DR)

Un mois après l'ouverture à Douvrin dans le Pas-de-Calais de la première usine produisant en France des batteries pour voitures électriques, en l'occurrence celle d'Automotive Cells Company (ACC), coentreprise de Stellantis, TotalEnergies et Mercedes, la startup Verkor, fondée en 2020, a inauguré ce jeudi à Grenoble son usine pilote de batteries à haute puissance, qui alimenteront notamment le futur SUV de la marque Alpine. La production est hautement automatisée : seule une centaine de personnes travaille à la fabrication des batteries, sur un total de 350 salariés. La petite usine grenobloise de 15.000 mètres carrés a été construite pour 250 millions d'euros sur un ancien site Siemens, entre les rails SNCF et l'Isère. Verkor prévoit ensuite d'ouvrir la troisième giga-usine française en 2025 à Dunkerque (Nord), après celle de Stellantis (Douvrin) et celle de Renault (Douai).

Formation

Dunkerque sera « une réplique au facteur 100 (du site) de Grenoble » sur un terrain de 150 hectares, a indiqué Christophe Mille, le directeur technique de Verkor.

« Le VIC, c'est l'endroit où nous concevons, testons et validons nos nouveaux produits. C'est la fusion d'un centre d'innovation avec une usine de production ultra moderne », a expliqué Christophe Mille. Un centre de formation s'y ajoute pour former 1.600 personnes aux métiers de la batterie, et notamment les futurs opérateurs de Dunkerque.

Actionnaire de l'entreprise aux côtés de Schneider Electric et Arkema, entre autres, Renault s'est engagé à acheter les trois quarts de sa production.

Tour de table

Entretemps, Verkor devrait boucler avant la fin 2023 son tour de table de deux milliards d'euros, dont une majorité de dette, a indiqué Philippe Chain, l'un des cofondateurs. Soutenue par des fonds publics français et européens, la jeune pousse est selon les membres du gouvernement un des symboles de la réindustrialisation, qui doit aider l'industrie française à atteindre l'objectif fixé par Emmanuel Macron de deux millions de voitures produites en France en 2030, après de longues années de délocalisations.

Ses batteries composées de lithium, nickel et cobalt doivent offrir « une meilleure densité énergétique et une capacité de puissance plus élevée que celles montées sur les voitures électriques ordinaires », a expliqué Philippe Chain, un ancien de Renault et Tesla.

Verkor indique avoir « sécurisé un certain nombre de contrats » pour s'approvisionner en matériaux critiques, qui "répondent à des critères de traçabilité, d'empreinte carbone, et de responsabilité sociale". Elle aura également accès à une partie des matériaux réservés par Renault auprès du Finlandais Terrafame (nickel) et de l'Allemand Vulcan (lithium). Si l'automobile est la « raison d'être » de Verkor, l'entreprise cherche aussi à se diversifier dans les batteries pour d'autres véhicules comme les engins de chantier, et le stockage stationnaire pour l'énergie solaire ou éolienne, par exemple, où « les besoins vont être massifs », a précisé Philippe Chain.

Batteries automobiles: où en est l'Europe?

Spécialité asiatique, la production de batteries électriques automobiles se développe en Europe, avec plus de 50 projets d'usines de batteries lithium-ion annoncés sur le vieux continent d'ici à 2030, alors qu'elles sont quasi inexistantes aujourd'hui. Selon l'ONG européenne Transport et Environnement, le nombre exact de projets d'implantations d'usines de batteries électriques automobiles répertorié en Europe s'élève à 54. L'Allemagne est en pointe avec 15 projets dans les cartons, suivie de la Hongrie (5 projets), de la France (4) et de la Norvège (4), selon le recensement de T&E.

Les deux plus gros projets sont l'usine du numéro un mondial des constructeurs de batteries pour véhicules électriques, le chinois CATL (Contemporary Amperex Technology) à Debrecen, en Hongrie (100 GWh par an) et celle du sud-coréen LG Chem à Wroclaw, en Pologne (125 GWh). L'usine Tesla de Berlin a pour objectif d'atteindre 50 GWh, mais pourrait pousser la production annuelle à 100 GWh, a avancé le PDG du groupe américain, Elon Musk. En France, l'usine Automative Cells Company (ACC), détenue à parts égales par Stellantis, Mercedes-Benz et TotalEnergies, inaugurée récemment à Billy-Berclau dans le nord de la France, aura une capacité de production de 40 GWh en 2030, grâce à trois lignes de production de 13,5 GWh chacune. La première sera effective d'ici fin 2024, selon le groupe. ACC a aussi un projet d'usine en Italie à Termoli, et un autre en Allemagne. En France, trois autres projets d'usines sont annoncés: celle du groupe sino-japonais Envision AESC qui doit ouvrir à Douai en 2024 (20 GWh) à côté de l'usine Renault, une troisième de 50 GWh avec la start-up française Verkor est prévue à Dunkerque, d'ici à 2030. Et une quatrième usine de batteries « solides » (technologie encore expérimentale), annoncée le 12 mai par le taïwanais ProLogium à Dunkerque, qui vise 2026 pour sa mise en service et 48 GWh de capacité.

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