Résultats, pronostics, alliances... Les enseignements du premier tour en Auvergne Rhône-Alpes

ANALYSE. Les sondages qui le plaçaient largement en tête ne se sont pas trompés. Les pronostics qui anticipaient une forte abstention et une prime aux sortants, également. Mais ce que les analystes n'avaient pas prévu, c'est la déroute du RN et de LREM en Auvergne Rhône-Alpes, et la nouvelle poussée des écologistes, qui s'affichent désormais comme la première force de gauche, devant le PS. La triangulaire qui s'annonce pourra-t-elle rebattre les cartes ?
Désormais, les regards sont tournés vers le second tour, avec une triangulaire qui se dessine en prévision de ce dimanche soir en faveur d'un match Wauquiez (LR) - Grébert (union de la gauche en cours de construction) et Kotarac (RN).
Désormais, les regards sont tournés vers le second tour, avec une triangulaire qui se dessine en prévision de ce dimanche soir en faveur d'un match Wauquiez (LR) - Grébert (union de la gauche en cours de construction) et Kotarac (RN). (Crédits : Reuters)

Au lendemain du premier tour, Laurent Wauquiez ressort comme le grand vainqueur de ce premier tour des Régionales, pour la seconde fois depuis la fusion de la grande région de 8 millions d'habitants, englobant Auvergne et Rhône-Alpes en 2016. Cette "petite France" comme certains la surnomment, aura aussi été le reflet des tendances nationales de ce scrutin, marqué à la fois par une forte abstention et une forme de "prime aux sortants", bénéficiant aux exécutifs en place.

Le président LR, qui était déjà crédité d'une forte avance de 35 à 37% en fonction des sondages, aura même finalement fait près de 10 points de plus en Auvergne Rhône-Alpes, en se positionnant dès le premier tour de ces élections régionales à 43,79% des voix.

Ses adversaires n'arrivent que près de 30 points plus tard, avec l'EELV Fabienne Grébert (14,44%), Andrea Kotarac (12,33%), la socialiste Najat Vallaud Belkacem (11,4%) ainsi que le marcheur Bruno Bonnell, qui chute juste au dessous de la barre fatidique des 10% pour se maintenir au second tour (9,87%), tandis que le PC-LFI fait 5,56% et Lutte Ouvrière 1,57%.

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Un score que l'actuel président de Région LR analysait en début de soirée dimanche comme "un choix net et clair et une marque de confiance pour l'équipe qui a su tenir ses engagements durant cette crise".

Rappelant les principaux volets de son programme en matière de sécurité notamment, le discours prononcé par le sortant LR a été bref, mais ressemblait déjà à celui de la victoire. Dans son entourage, on a tenu à rester sobre. Pas de grands accolades ni de cris de victoire. Le président sortant, que plusieurs rangent déjà parmi les futurs présidentiables de 2022, s'est terminé par ces mots : "Vous pouvez compter sur moi".

Une abstention record, et deux défaites

Pour autant, l'autre grand vainqueur de cette élection aura aussi été l'abstention en Auvergne Rhône-Alpes. Car malgré une campagne qui s'était intensifiée au cours des derniers jours, les quelques 4,7 millions d'inscrits en Auvergne Rhône-Alpes (sur un total de 8 millions d'habitants) auront été près de 67% à s'abstenir selon les derniers chiffres. Un record historique.

Ce dimanche soir a également marqué la surprise, dans le camp des "challengers" de Laurent Wauquiez. Car là où l'on attendait le RN Andrea Kotarac, suivi du marcheur Bruno Bonnell, puis à quasi égalité au sein des derniers sondages, l'écologiste Fabienne Grébert et la socialiste Najat Vallaud Belkacem, le classement s'est finalement renversé.

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Premier enseignement de cette soirée : le RN n'a pas su mobiliser son électorat contestataire en Auvergne Rhône-Alpes, et fait moins que le score qui lui était attribué (12% au lieu de 22%), mais également moins qu'en 2015.

Autre défaite : celle du marcheur Bruno Bonnell, qui chargé d'incarner la politique du gouvernement, aura finalement été couronné d'un faible score (9%) qui ne lui permet pas de se maintenir au second tour. Pour autant, souhaitant rester fidèle à sa propre ligne en AURA consistant à dire que le RN n'était pas une véritable menace qui nécessiterait un front Républicain, il a confirmé qu'il ne proposerait aucune alliance.

Sous-entendu : il n'appellera pas non plus à voter pour son adversaire Laurent Wauquiez, qui espère encore drainer quelques voix de l'électorat centriste, en vue de lutter contre le front qui se dessine à sa gauche.

EELV comme rassembleur de l'union de la gauche

Car l'un des enseignements majeurs de ce premier tour de 2021, c'est aussi que les écologistes s'imposent désormais comme la première force de gauche en AURA, avec l'écologiste Fabienne Grébert, qui a enregistré une poussée inattendue la menant à près de 14% des voix.

Conjuguée à la dégringolade des deux forces concurrentes (RN et LREM), elle se positionne ainsi de manière inattendue en 2e position de ce scrutin, même si elle reste devancée de près de 30 points par Laurent Wauquiez. Il n'empêche : les Verts veulent y voir un symbole après la vague verte qu'ils ont connue aux municipales. Et la prochaine qu'ils souhaitent impulser aux présidentielles.

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En attendant, les écologistes vont devoir oeuvrer dès ce lundi à l'établissement d'un grand rassemblement à gauche, après avoir remporté une forme de légitimité à conduire cette union puisqu'ils s'affichent comme le premier challenger à Laurent Wauquiez, et le premier parti de gauche.

Ainsi, en joueuse fair-play, la socialiste Najat Vallaud Belkacem, qui avait appelé depuis plusieurs mois à cette union des forces de gauche dès le premier tour, a fait savoir dès ce dimanche soir qu'elle se rangerait derrière une liste menée par l'EELV Fabienne Grébert.

L'union de la gauche encore distancée par le bloc LR

L'écologiste annécienne Fabienne Grébert, qui était encore presque inconnue il y a tout juste un an, semble avoir réussi à se faire à la fois connaître et incarner le visage d'une gauche auralpine qui n'est plus uniquement le reflet des ténors du PS, en entamant une campagne très précoce dès l'automne dernier.

Pour Najat Vallaud Belkacem, ce scrutin serait, outre l'abstention qu'elle a jugé très préoccupante, le signe que "la social écologie, si on peut l'appeler comme ça, n'a pas dit son dernier mot dans notre pays".

Désormais, les regards sont tournés vers le second tour, avec une triangulaire qui semble se dessiner en prévision de ce dimanche soir en faveur d'un match Wauquiez (LR) - Grébert (union de la gauche)  et Kotarac (RN).

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D'ici le dépôt des listes prévu ce mardi soir en vue du second tour, les négociations vont donc s'intensifier en faveur d'une fusion des listes de gauche.

Pour autant, cette alliance sera-t-elle suffisante pour remplir l'objectif de "battre Laurent Wauquiez", comme le souhaitaient l'ensemble des forces de l'opposition ?

Bien que l'addition des voix du PS, mais également d'EELV et de la liste PC-LFI voire de Lutte Ouvrière puisse ainsi permettre d'ouvrir un front unifié à gauche en Auvergne Rhône-Alpes, pas sûr que ce soit suffisant pour remporter l'Hôtel de Région.

Car une telle alliance ne devrait permettre d'agréger, selon la répartition des forces enregistrée ce dimanche, qu'un total de 31% des voix. Et ce, alors que Laurent Wauquiez a recueilli 43% des suffrages dès le premier tour, sans compter d'éventuels reports de voix centristes et frontistes.

Un autre scénario pourrait potentiellement renverser la donne : celui d'une forte mobilisation au second tour, qui pourrait encore bousculer les rapports de force.

C'est pourquoi Laurent Wauquiez a adopté une posture prudente, et appelle toujours à la mobilisation de ses soutiens, qui avaient été les premiers à répondre à l'appel lors de ce premier tour.

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Commentaires 3
à écrit le 21/06/2021 à 17:58
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PS ou EELV blanc bonnet et bonnet blanc! Le PS existe-t-il encore vraiment ?

à écrit le 21/06/2021 à 14:43
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Laurent est le meilleur président que la région a eu .

le 22/06/2021 à 1:46
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Dites cela aux parents de Timothy Bonnet assassiné à 19 ans en 2019 à Villeurbanne par le clandestin afghan Sultan Marmed Niazi sous la présidence de Laurent Wauquiez.

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