Aérospatiale : cette start-up du Cantal veut planter des forêts sur la Lune

Dans le Cantal, le laboratoire The Spring Institute for Forests on the Moon travaille sur la façon de développer la vie en dehors de la planète Terre. L’un de ses aquariums, contenant notamment des crevettes et des algues, sera bientôt envoyé sur la Station spatiale internationale (ISS). Un projet scientifique au long cours qui pourrait aboutir, dans 300 ans, à la création de forêts sur la Lune.
La jeune start-up travaille à fabriquer des terrariums qui pourront être envoyés en orbite autour de la Terre.
La jeune start-up travaille à fabriquer des terrariums qui pourront être envoyés en orbite autour de la Terre. (Crédits : DR The Spring Institute for Forests on the Moon)

Pleaux, petit village cantalien de 1.500 habitants avec ses ruelles médiévales, ses maisons à tourelle, ses collines verdoyantes.... et son FabLab. Depuis l'arrivée de la fibre, la commune abrite un laboratoire de fabrication doté d'équipements de pointe. Parmi les projets innovants, The Spring Institute for Forests on the Moon, une association fondée en octobre 2022, qui fonctionne comme une start-up.

Son objectif : permettre à la vie de se développer de manière pérenne au-delà de la planète Terre. Mais avant de viser l'astre rocheux qu'est la Lune, il faut étudier les conditions de développement de la végétation ici sur terre, puis dans l'espace.

Ce projet un peu fou, Louise Fleischer, diplômée de Polytechnique et d'un master en sciences de l'aérospatiale à Stanford (Etats-Unis), a choisi de le développer sur les terres cantaliennes de sa grand-mère, où elle a installé son laboratoire.

« Notre sujet d'études, ce sont les étoiles et la nature. Ce n'est pas dans les grandes villes que nous allons trouver l'un et l'autre. Et puis, il nous suffit d'une bonne connexion internet car beaucoup de nos rendez-vous se font en ligne », précise la jeune femme de 30 ans qui développe ce projet avec deux associés, Anatole Trepos et Florian Marmuse.

« Nous savons que nous ne verrons pas le résultat de notre vivant »

L'idée pour la jeune pousse est de comprendre, mais aussi de pouvoir reproduire et d'exporter ce qui permettrait aux humains de vivre bien et sur le long terme sur des bases lunaires ou sur Mars.

« Quand Thomas Pesquet est dans la station spatiale, il respire grâce à des machines, nous sur Terre, c'est grâce à des plantes. Nous nous intéressons donc à comment nous pourrions avoir des plantes dans l'espace qui permettent de reproduire ce système. Il y aussi d'autres organismes, des microbes et champignons... Nous étudions donc quels sont les équilibres qui doivent être mis en place pour permettre aux humains de vivre en dehors de la planète Terre », résume la scientifique.

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Si son ambition ultime est d'arriver à développer des forêts sur la Lune (comme son nom The Spring Institute for Forests on the Moon l'indique), le chemin pour y parvenir est encore long... très très long. « Nous nous engageons pour une mission de 300 ans. Nous savons que nous ne verrons pas le résultat de notre vivant », reconnaît Louise Fleischer.

Des « CubeSat » contenant des terrariums

Pour l'instant, The Spring Institute for Forests on the Moon expérimente à petite échelle. Accompagné par la mairie de Pleaux pour les locaux et les machines, le laboratoire a gagné des contrats de recherche avec l'Agence spatiale européenne (ESA). Il développe aujourd'hui des « CubeSat », mini-satellites cubiques pouvant contenir des aquariums ou terrariums.

« Notre mission Scampi porte sur un aquarium contenant des algues, des crevettes et des microbes. Nous savons qu'ils vivent à l'équilibre dans cet écosystème fermé et que les crevettes peuvent vivre au moins une dizaine d'années. Nous allons envoyer cet aquarium sur l'ISS (la station spatiale internationale) pour étudier l'effet de l'apesanteur et l'impact du lancement », détaille l'ingénieure en aérospatial.

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Le projet a, en fait, été sélectionné dans le cadre du programme Petri, qui permet d'envoyer des expériences étudiantes à bord de la Station spatiale internationale. Le lancement, financé par l'Agence spatiale européenne, est prévu l'an prochain.

L'autre projet de la start-up, Plant-B, est lui moins avancé. Cela concernera, cette fois, un écosystème terrestre dans un terrarium. L'objectif est d'envoyer ce satellite qui contient des mousses, des petits insectes et des flores microbiennes en orbite autour de la Terre.

« Nous pourrons ainsi observer comment le contenant réagit aux paramètres environnementaux et notamment aux différences de température extrêmes. En clair, nous allons essayer de voir si cette serre spatiale est capable de maintenir un environnement propice à la survie de l'écosystème », précise Louise Fleischer.

Cette deuxième mission va nécessiter une levée de fonds de 500.000 euros qui devrait être lancée en fin d'année.

Deux collèges cantaliens participent

Ces «CubeSat» possèdent des caractéristiques intéressantes pour la recherche spatiale. Outre leur désintégration possible dans l'atmosphère, ils ont un coût de fabrication relativement faible et leur construction est rapide due à la standardisation de ce format.

Deux collèges cantaliens travaillent d'ailleurs sur leurs propres « CubeSat ». La start-up anime, en effet, des conférences et des ateliers auprès d'élèves de quatrième et de troisième. Ces derniers ont pu créer leur propre terrarium. Deux de ces « CubeSat » (bientôt trois en juin) ont été envoyés à plus de 30 kilomètres d'altitude sur des ballons stratosphériques.

« Nous espérons ainsi susciter des vocations et former les générations futures... », souligne la fondatrice de la start-up. Car ce sont bien eux, ou leurs enfants, qui seront amenés à poursuivre cette aventure passionnante de longue haleine.

Cette dimension pédagogique s'inscrit dans l'ADN même de la structure qui possède un modèle hybride : celui d'une association pour les activités de démocratisation et celui d'un laboratoire pour la partie scientifique, lui permettant de répondre à des appels à projets d'agences de recherche.

Séminaire international à Pleaux

Pour mener à bien son projet, Louise Fleischer travaille en étroite collaboration avec des scientifiques du monde entier et même, avec la Nasa.

« Dans notre comité de conseil, nous avons par exemple une cheffe de projet de la Nasa chargée des expériences sur les plantes dans l'ISS, la station spatiale internationale. Notre start-up est en fait multidisciplinaire, nous avons certes des scientifiques et des ingénieurs, mais il y a aussi des biologistes, anthropologues, philosophes et des professeurs des écoles... Nous sommes 70 personnes de 25 nationalités différentes », raconte Louise Fleischer.

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D'ailleurs, une partie des membres de l'association, tous bénévoles, sera rassemblée à Pleaux ce week-end et le suivant pour un séminaire international autour de deux thèmes : arts et interculturalité dans l'espace, mais aussi autosuffisance de la Terre à la Lune. Des ateliers et conférences, ouverts à tous, sont au programme avec notamment une intervenante de choix, Géraldine Naja, directrice de la commercialisation à l'Agence spatiale européenne. Avec, pour objectif, de faire découvrir la start-up et ses travaux.

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Commentaires 7
à écrit le 04/05/2024 à 17:34
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Bien sur , mais avant de pouvoir faire pousser des forêts sur la lune ou sur Mars , ils me semblent important de trouvé une plante ou un végétaux capable de vivres dans des conditions extrême...( chauds, froid, peux d'oxygène) . Donc pas simple cet...

à écrit le 04/05/2024 à 10:10
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Les Écolos, comme toujours, ne vont pas être d’accord du fait des dégâts causés à la biodiversité !!

à écrit le 04/05/2024 à 8:55
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Et quand il y aura des forêts sur la lune on ne pourra plus s'y poser !

à écrit le 04/05/2024 à 6:59
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Wow, l'argent coule à flots!!! Quel est l'intérêt de planter des arbres sur la lune? Lutter contre les changements climatiques, pardi! Et en plus ça permettra aux hommes dans 300 ans de passer un week-end sur la lune lol!! Et sinon les plantes ont be...

le 04/05/2024 à 14:50
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Et pendant qu'on perd du temps sur la lune, la chine cultive du riz avec de l'eau salé, et aussi dans leur désert... Nous n'avons pas les même priorités.

à écrit le 03/05/2024 à 14:43
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Cette idée de startup est proprement géniale. Il y a peu de chance qu'elle conduise à un quelconque résultat sur le terrain. Mais bien gérée elle peut devenir une véritable pompe à financements.

le 03/05/2024 à 15:17
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une escroquerie vite des noms et adresse et photo j'ai de quoi financer

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