Transport par câble : le savoyard MND relocalise et s’ouvre de plus en plus au transport urbain

Après 30 mois de travail intensif, les équipes de MND, groupe industriel spécialisé dans le transport et l’aménagement des espaces de montagne, a dévoilé sa nouvelle gamme : Orizon, pensée en collaboration avec Stellantis Design Studio. L’occasion de mettre en avant l’expertise de la société savoyarde qui a choisi de rapatrier sa production et d’opérer toute la chaîne de valeur de son produit en interne. Mais aussi de revenir, avec son PDG, sur l’évolution du marché post-Covid, qui s’ouvre de plus en plus au transport urbain.
MND a profité du salon Mountain Planet à Grenoble pour présenter sa nouvelle gamme de transport par câble débrayable : Orizon. L'occasion de mettre en avant l'expertise développée en interne depuis 30 mois et une collaboration avec Stellantis Design Studio.
MND a profité du salon Mountain Planet à Grenoble pour présenter sa nouvelle gamme de transport par câble débrayable : Orizon. L'occasion de mettre en avant l'expertise développée en interne depuis 30 mois et une collaboration avec Stellantis Design Studio. (Crédits : DR)

MDN a attendu le salon international Mountain Planet, qui se tient à Grenoble chaque année et attire des acteurs du monde entier, pour présenter sa nouvelle gamme de transport par câble débrayable : Orizon.

« L'année 2024 marque une étape importante, celle d'un bilan. Nous sommes désormais dans un monde où la mobilité est plus que jamais au cœur des enjeux de développement durable », a débuté Xavier Gallot-Lavallée, président directeur général et fondateur de MND lors de la conférence de presse donnée sur son stand. Pour mieux rebondir sur la volonté des équipes de créer une « mobilité calme, performante et plus respectueuse de l'environnement ».

Une activité en croissance dans le transport urbain

Le tout, agrémenté d'un film mettant en scène les terrains de jeu dans lesquels ces produits pourraient s'implanter : la montagne et le milieu urbain. Car l'ambition est de « pouvoir répondre aux besoins les plus exigeants : sur de forts dénivelés, de longues distances ou de grands débits », insiste Nicolas Chapuis, directeur général délégué de MND.

D'où le développement d'une gamme associant des télésièges avec ou sans bulle et de cabines dotés de capacité d'accueil de 10, 16 ou 20 personnes qui impressionnent par leur dimension : 2,5 m de hauteur sur 2 à 3,3 m de longueur. Le tout, porté par un câble de 46 à 66 mm de diamètre.

Lire aussi Un téléphérique va relier la gare de Vitrolles à l'aéroport Marseille-Provence

« L'activité globale et les investissements post-Covid ont repris de manière assez rapide et durable avec plusieurs enjeux : continuer de moderniser et rénover le parc actuel pour les stations françaises. » Et ce, avec des installations de plus grande capacité permettant de réduire le nombre d'installations et donc « de réduire l'impact visuel, les coûts de maintenance ou encore les besoins énergétiques », souligne le PDG.

Un constat également partagé par Laurent Vanat dans son rapport sur le tourisme en montagne, qui enregistre une tendance à la baisse du nombre de remontées au profit de solutions plus puissantes.

Lire aussi Face aux critiques, ce rapport sur le tourisme en montagne maintient que « le ski n'est pas mort »

« On observe également une dynamique de plus en plus importante dans la mobilité urbaine. Nous avons inauguré le téléphérique de la ville de Huy en Belgique fin avril. Nous travaillons également sur la deuxième ligne de Saint-Denis à la Réunion », rappelle l'intéressé.

Le développement durable au service de l'acceptabilité sociale

Des projets qui n'emportent pas tous l'adhésion des publics concernés. Le projet de métrocâble, à Grenoble, en est la preuve. Evoqué depuis 2014, le projet, remanié plusieurs fois, peine toujours à se concrétiser et l'avis défavorable résultant de l'enquête publique, devrait encore donner du fil à retordre à ses défenseurs et au concurrent de MND, Poma, qui avait remporté le marché en 2020.

La question de l'acceptabilité de tel projet se fait, en ville comme en montagne, de plus en plus pressante. Ce à quoi Xavier Gallot-Lavallée répond : « L'un des enjeux de cette gamme et de la cabine 20 places est d'avoir un produit qui apporte le débit nécessaire à l'urbain avec 8.000 personnes par heure et par direction, ce qui ne s'est jamais fait avec un tel design et confort. Cela fait partie des attentes des usagers, assure t-il. Nous espérons que cela va accompagner les collectivités à passer le cap pour promouvoir ce genre de transport doux. »

Lors de la présentation, l'accent a, en effet été mis, sur la puissance et le caractère innovant de ce transport mono-câble de grande capacité : jusqu'à 20 personnes, 8.000 personnes embarquées par heure avec une vitesse de 7 mètres par seconde. L'optimisation de la consommation énergétique est également mise en avant, notamment la récupération et la réutilisation de l'énergie produite grâce au système de convoyage gravitaire. Mais aussi la récupération de la chaleur pour chauffer les bâtiments.

En parallèle, MND s'est associée avec Stellantis Design Studio, une agence de design qui se charge depuis 2021 de « capitaliser sur l'expertise du groupe automobile en matière de design et sur son portefeuille de marques emblématiques » pour travailler sur le design des produits afin qu'ils s'adaptent aussi bien en milieu naturel qu'en zone urbaine. Ses grandes baies vitrées offrent une sensation de continuité avec le paysage. « Nous avons également bénéficié de leur connaissance dans l'expérience utilisateur et passager pour travailler sur la luminosité, le bruit, le confort... »

Reste à savoir si ces avancées permettront vraiment de faire taire les réticences sur de tels investissements.

Concentrer l'expertise en interne

Fruit de trois années de R&D et de construction pour 60 des 300 salariés que compte l'entreprise, cette nouvelle gamme a nécessité un investissement de 20 millions d'euros, auquel s'ajoutent 10 millions d'euros investis dans l'extension de son site industriel situé à Saint-Hélène-du-Lac, en Savoie. Une dizaine de brevets ont également été déposés pour protéger l'expertise développée. Car cette gamme fait écho à une stratégie de l'entreprise : recentraliser sa production en France.

« Fruit d'un certain nombre d'acquisitions passées, nous nous sommes retrouvés avec quelques sites industriels à l'étranger et post-Covid, nous avons fait le choix de relocaliser tous nos sites en Savoie en fermant un site en Italie, en Allemagne et en Suède. Avant de lancer notre gamme Orizon, nous achetions également des composants en Europe et désormais nous avons tout relocalisé en Savoie », développe Xavier Gallot-Lavallée.

Résultat, la société possède désormais un site de 5 hectares qui lui permet de fabriquer « des produits 100% made in France, de la conception à la production, sur l'ensemble de notre chaîne logistique ».

A travers cette stratégie, l'entreprise cherche à maîtriser, en interne, la qualité de ses produits mais aussi sa croissance. Puisqu'elle ne dépendra plus de prestataires externes. Une réflexion qui pourrait faire écho au litige ouvert avec son ancien partenaire Bartholet, le groupe estimant que certaines obligations contractuelles n'ont pas été respectées par son associé, nuisant ainsi à la prise de commandes d'appareils débrayables, indique nos confrères des Echos.

Lire aussi Transport : MND et Bartholet s'allient pour devenir le n°3 mondial du transport par câble

« Avec l'ensemble du développement que nous avons réalisé, il n'y a pas de nécessité de poursuivre cette collaboration, confie Xavier le PDG au sujet de ce partenariat, dont l'échéance arrivait, en effet, en 2023. On voulait des solutions plus performantes et entièrement conçu dans nos ateliers. »

L'IA au service de la sécurité

Le groupe, qui a réalisé un chiffre d'affaires de 94 millions sur l'exercice 2022/2023 (clos le 30 juin 2023), majoritairement (70%) à l'international, détient également une position de premier ordre dans la gestion des avalanches. MND Safety se décrit sur son site comme le « numéro 1 mondial de la prévention du risque d'avalanche ».

Parmi les solutions brevetées et commercialisées, l'une d'elles était présentée sur le salon. Installé au sol, le système « aide l'opérateur a décidé du déclenchement ou non d'une avalanche puis à comprendre ce qu'il s'est passé : taille de l'avalanche, point de départ... pour enrichir une intelligence artificielle afin d'affiner la prise de décision. »

Lire aussi Tourisme : pourquoi Val-d'Isère a fait le pari de l'intelligence artificielle générative

Installée dans une cinquantaine de pays, sa solution est déjà utilisée dans les stations de ski et afin de sécuriser certaines routes notamment. Forte de ces différentes activités, MND assure posséder un carnet de commandes « rempli ». Avec, notamment, la construction d'une station de montagne ex-nihilo en Ouzbékistan, un marché remporté en mars 2023. Ce qui devrait se traduire par le recrutement d'une centaine de profils d'ici les deux ans à venir, dont 30 postes déjà ouverts.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 1
à écrit le 19/04/2024 à 9:12
Signaler
On note moins d'accidents qu'il y a quelques années durant lesquelles nous avons eu une mauvaise série, la filière a du évoluer du coup je propose qu'ils remplacent les dirigeants de BOEING de suite ! Ah ça va ^pas être la même échelle c'est sûr mais...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.