Jackpot pour le Savoyard MND pour l'aménagement ex nihilo d'une station de montagne en Ouzbékistan

Le groupe industriel MND, spécialiste de la mobilité par câble, des systèmes d’enneigement, de la sécurité en montagne et des infrastructures de loisirs à sensation signe le plus gros contrat de son histoire : un marché à 100 millions d’euros pour l’aménagement, ex nihilo, d’une station de montagne commandée par la République d’Ouzbékistan. Une signature qui s’inscrit dans un contexte de forte croissance de l’entreprise savoyarde.
MND a déployé les télécabines de Saint-Lary dans les Pyrénées.
MND a déployé les télécabines de Saint-Lary dans les Pyrénées. (Crédits : DR)

Il s'agit du plus gros contrat de son histoire, le Savoyard MND signe un contrat de 100 millions pour l'aménagement quatre saisons du site de Chimgan en Ouzbékistan. Il s'agit de la deuxième station de montagne du pays mais de la première portée par l'Etat en direct. Ce projet, co-financé par un prêt inter-gouvernemental de l'Etat français encadré par l'OCDE, a pour ambition de faire émerger le premier site de loisirs de montagne d'Asie centrale. Sa faisabilité a été validée au préalable par un consortium français constitué des entreprises Geode, Manie Lives, Patriarche, Epode, et CDA Management.

MND (300 salariés, 74,1 millions d'euros de CA sur l'exercice 2021/2022) a été retenue pour l'intégralité des six lots constituant l'appel d'offres « aménagement ». Les travaux débuteront dès cette année, pour une livraison finale en 2025. Dans le détail, il s'agira pour l'ETI rhônalpine de fournir une télécabine débrayable 10 places pour l'accès à la station intermédiaire de la montagne Chimgan ainsi que les bâtiments d'accueil attenant, un téléphérique va-et-vient de 80 places avec accès au sommet du Mont Chimgan (3.309 mètres d'altitude), deux télésièges pinces fixes 4 places, six tapis de transport de skieurs et piétons avec galerie autour de la zone pour débutants et de l'espace ludique toutes saisons, un système d'enneigement automatique pour une partie du domaine et un ensemble d'équipements divers (une luge sur rail scénarisée, deux tyroliennes géantes, une tour d'aventure, un espace de tubing, 14 systèmes de sécurisation contre les avalanches, la sécurisation des pistes de ski, des systèmes de signalétiques dynamique, etc.).

Offre globale pour un tourisme de montagne quatre saisons

Un carton plein donc pour le Savoyard que son président, Xavier Gallot-Lavallée, attribue à sa capacité qu'il qualifie « d'unique » à proposer une offre globale. Historiquement positionnée sur les solutions d'enneigement et la sécurisation des stations (dispositifs de déclenchements d'avalanche notamment), activité sur laquelle elle se présente comme le leader mondial (elle avait par exemple équipé les sites des JO de Sotchi en Russie de 130 unités de déclenchement avalanche), MND s'est aussi solidement ancrée sur le marché du transport par câbles et, plus récemment, sur le développement des infrastructures à sensation.

Ce positionnement lui permet de répondre aux nouveaux besoins des stations de montagne, contraintes en particulier par le réchauffement climatique à aller chercher un tourisme toutes saisons. Une réalité pour les nouveaux sites en création comme celui de l'Ouzbékistan, mais aussi évidemment pour les stations existantes, qui boostent le chiffre d'affaires de MND.

« Nous performons tout particulièrement sur notre pôle d'activité infrastructures à sensation. Ces attractions viennent renforcer l'attractivité des stations, quelle que soit la saison », pointe ainsi Xavier Gallot-Lavallée, citant notamment l'ouverture à l'été prochain d'une tyrolienne de 2 kilomètres sur la station alpine de Chamrousse.

Il s'agirait de la plus longue tyrolienne du monde avec des pylônes intermédiaires, permettant une adaptation plus fine à la topographie des lieux et des accélérations plus sensationnelles.

Après un chiffre d'affaires 2021/2022 de 74,1 millions d'euros (+81% par rapport à l'exercice précédent, à la suite de deux années d'activité fortement perturbées par la crise sanitaire et associées à des pertes financières), le premier semestre de l'exercice en cours est affiché encore à +25% de croissance. Le deuxième semestre s'annonce lui aussi fructueux.

« Nous travaillons actuellement sur plusieurs projets complets, comparables à celui de l'Ouzbékistan, qui pourraient représenter des contrats majeurs. Et, en parallèle, nous continuons de travailler sur les extensions et les renouvellements des stations déjà existantes. Nous déployons par exemple un dispositif de télécabine de 7,2 km de long en Amérique du Nord », précise le dirigeant de MND.

Pour le futur, son regard se porte aussi attentivement du côté du transport par câble en milieu urbain, un mode de transport qu'il estime porteur car « décarboné et peu contraignant en termes d'exploitation ». L'entreprise savoyarde est ainsi sur le point de livrer un projet en Belgique. Elle a également été retenue pour la deuxième étape du projet de téléphérique pour la ville de Saint-Denis à la Réunion. « Des appels d'offres sont en cours pour d'autres villes en France et à l'international. Des études sont aussi menées à Marseille, Bordeaux etc. Nous sommes attentifs ».

Un nouvel actionnaire pour porter la croissance

Pour porter ses ambitions de croissance, - et alors que son dernier résultat net était encore négatif de 13,9 millions d'euros (mais avec un EBITDA à 6,3 millions) - , MND, cotée sur Euronext Growth, a validé ce 10 mars l'entrée au capital d'un nouvel actionnaire de référence, dans le cadre d'un accord de restructuration financière. Il s'agit du fonds européen Cheyne Capital. Cette augmentation de capital vise à désendetter massivement le groupe MND par le biais d'une conversion en capital de la dette existante à hauteur de 136,6 millions d'euros. Cette opération permet au groupe d'atteindre un niveau de fonds propres de 32 millions d'euros et une dette financière nette estimée à 17 millions d'euros. Un niveau raisonnable après plusieurs années dans le rouge.

« Cheyne nous apporte par ailleurs une ligne de financement de 20 millions d'euros qui nous permettra de financer nos investissements industriels et notre R&D », signale Xavier Gallot-Lavallée.

Au programme : un investissement de 10 millions d'euros dans l'extension de son usine savoyarde. Les travaux devraient s'achever à l'été prochain. « Depuis 2020, nous avons fermé nos usines italienne, allemande et suédoise pour tout relocaliser ici, afin d'améliorer notre excellence opérationnelle. La relocalisation et l'accélération de notre activité nécessitent des capacités de production plus importantes. Une trentaine de recrutements sont en cours pour cette année. Nous en aurons autant en 2024 et 2025 ». Les investissements porteront également sur la R&D. Le groupe a présenté récemment, par exemple, son nouveau système de contrôle à distance des avalanches avec une modélisation via l'intelligence artificielle.

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Commentaire 1
à écrit le 14/04/2023 à 6:43
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Formidable la France avec un déficit économique phénoménal prête de l'argent .....difficile à comprendre

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