Transport : MND et Bartholet s’allient pour devenir le n°3 mondial du transport par câble

Après avoir mené une restructuration de ses finances à l’automne dernier, le leader de l’aménagement de la montagne et du transport par câble isérois MND annonce un partenariat renforcé avec le spécialiste suisse du transport par câble et d’équipements de parc d’attractions Bartholet. Avec un objectif : capitaliser sur leurs synergies pour devenir, de fait, le n°3 mondial du secteur.
(Crédits : DR)

Avec près de 350 collaborateurs et 3 000 clients au sein de 49 pays, le groupe MND pouvait déjà compter sur un réseau de 3 sites de production, 8 filiales de distribution internationales et 30 distributeurs dans le monde. Désormais, il alliera ses forces avec celles du groupe suisse Bartholet, spécialiste de transport par câble, d'équipements de parc d'attractions, d'ingénierie mécanique et de systèmes d'éclairage, qui compte lui-même 450 collaborateurs.

Les deux entités collaboraient déjà, depuis deux ans, sur des partenaires industriels, tels que le Studio Porsche Design, et avaient réalisé, ensemble, plus d'un millier d'installations de transport par câble à travers le monde. Avec, parmi elles, "des appareils téléportés débrayables comme les télécabines récemment mises en service aux 2 Alpes ou à Brest (France) mais aussi Narvik (Norvège), Gstaadt, Flumsberg, Lenzerheide (Suisse), Prato Nevoso (Italie) ou encore au centre-ville de Moscou (Russie)".

"Nous avons décidé d'élargir notre partenariat au niveau mondial, dans l'intérêt de nos clients respectifs. Ils pourront ainsi disposer d'une gamme de produits plus large", explique Xavier Gallot Lavallée, président directeur général du groupe MND.

Avec, au menu de cet accord, un partage des savoir-faire industriels et des efforts de R&D, à travers la mise en place d'une spécialisation de leurs sites respectifs en fonction de leurs compétences clés, qui mènera également vers une fusion de l'ensemble de leur gamme de produits.

"Nous nous sommes concrètement partagé le marché mondial, selon l'historique et la force des deux groupes, en vue de proposer une meilleure couverture commerciale et un accompagnement des clients plus global. Grâce à cet accord, nous aurons désormais plus de 800 collaborateurs à travers le monde, mais également accès à des centres de formation ainsi qu'un stock plus élevé de pièces détachées", traduit le dirigeant.

Premier pas vers une fusion ?

En France, les équipes de Bartholet devraient, à ce titre, être intégrées très prochainement au pôle transport par câble de MND, sous la houlette d'un nouveau directeur, Nicolas Chapuis, qui rejoint également le conseil d'administration des deux groupes.

"Il s'agit du seul pays où nous regrouperons les équipements. Cela faisait sens car nous avions deux structures équivalentes sur le même territoire", ajoute Xavier Gallot-Lavallée.

Et ce pôle devrait également procéder à l'embauche d'une cinquantaine de nouveaux collaborateurs d'ici 2022, principalement sur des postes industriels liés à l'assemblage et à la production de pièces, sur le siège de MND Alpespace, situé près de Montmélian (73).

Un tel partenariat serait-il une première étape vers une fusion ? Si la question mérite d'être posée, le dirigeant de MND affirme "qu'aucun partenariat capitalistique n'est pour l'instant envisagé à ce stade". Et compare volontiers cet accord aux alliances stratégiques en vigueur sur le marché de l'automobile, avec l'ambition de permettre aux deux sociétés de s'imposer dans le trio de tête des fabricants de transport par câble à l'échelle mondiale.

"Aujourd'hui, nous devons, pour garder une place sur ce marché, réaliser des investissements significatifs en R&D : l'idée étant de joindre nos efforts et de réaliser des économies d'échelles en matière d'achats et de production", justifie Xavier Gallot-Lavallée.

MND vise notamment à poursuivre son développement sur le marché de l'équipement de la montagne, mais aussi du transport urbain par câble, qui représente un peu moins d'un tiers de son chiffre d'affaires actuel (au sein des activités hors montagne). Un segment où le groupe Bartholet est justement implanté depuis 30 ans, et qui constitue un marché en plein boom au niveau mondial. Il devrait passer de 1,5 milliard d'euros en 2016 à 3,6 milliards d'euros à l'horizon 2024, d'après une analyse du cabinet d'études new-yorkais Persistence Market Research.

"Aujourd'hui, la population des centres urbains augmente à tel point qu'elle aura doublé en l'espace de 40 ans. La plupart des grandes villes ont déjà investi dans de premiers transports urbains de masse, mais il reste à finaliser la connexion entre les lignes. Et à ce titre, le transport par câble présente de nombreux avantages, notamment en matière de franchissement", indique le président directeur général.

Son homologue isérois Poma vient d'ailleurs de décrocher un contrat avec le SMMAG (Syndicat mixte des mobilités de l'aire grenobloise) pour l'installation d'un métro-câble à Grenoble, en vue de relier les rives du Drac, pour un budget global estimé à 57 millions d'euros.

Le coronavirus aussi passé par là

Ce nouveau partenariat s'inscrit également dans une stratégie de consolidation du groupe. Car après avoir enregistré 1,6 million d'euros de pertes (ainsi qu'une dette accumulée de 67,2 millions d'euros) lors de la clôture de son dernier exercice en juin dernier, MND avait dû entreprendre une série de mesures pour rééquilibrer sa situation financière. Et envisageait un exercice de transition pour 2020, avec un carnet de commandes qui atteignait tout de même 180 millions d'euros à fin juin 2019.

"Nous sommes effectivement sur un exercice de transition jusqu'au 30 juin prochain, mais nous avons fini la restructuration du groupe avec un renforcement de nos fonds propres et un allongement de la maturité de la dette bancaire. Nos activités ont pu reprendre un cours normal depuis l'automne", indique Xavier Gallot Lavallée.

Un cours presque normal, en raison cette fois de l'épidémie de coronavirus qui sévit actuellement à l'échelle mondiale. Le groupe MND a été contraint de ralentir les activités de sa filiale Tech Fun, opérant sur le marché asiatique. Et ce, alors que les ventes réalisées en Chine représentent environ 12% du chiffre d'affaires du groupe.

"Il est évident que nous sommes pénalisés par le ralentissement de l'activité en Chine, où les stations de skis sont à l'arrêt. Nous avions un certain nombre de projets sur ce territoire, dont l'installation de matériel de loisirs à sensations dans la tour de Canton (province de Guangdong), ainsi que de remontées mécaniques ou de systèmes d'enneigement", note Xavier Gallot Lavallée.

Pour l'instant, une vingtaine de salariés travaillant pour cette filiale sont, pour la plupart, confinés en "home-office". Le groupe n'est encore pas en mesure de préciser la date à laquelle pourraient redémarrer ses chantiers.

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