Jean Castex attendu dans le quartier de la Villeneuve, Eric Piolle lui répond : "Nos villes ne sont pas des zoos"

Ce samedi, plusieurs ministres entoureront le Premier ministre Jean Castex lors de sa visite à Grenoble, et notamment au sein du quartier de la Villeneuve, dont l'image avait été écornée il y a dix ans par le discours de Nicolas Sarkozy et qui se trouve aujourd'hui toujours en pleine phase de grands travaux de réhabilitation urbaine. Le maire EELV Eric Piolle, qui est pour sa part annoncé ce samedi après-midi à Lyon, en soutien au projet écologiste de Yannick Jadot, entend tout de même peser sur cette visite.
Le déplacement de Jean Castex assorti de quatre ministres n'est pas du goût d'Eric Piolle, qui a dénoncé une visite menée, à 70 jours de l'élection présidentielle, sans concertation avec les élus locaux. Et le maire écologiste de Grenoble d'ajouter : Nos villes ne sont pas des zoos, en référence à un comité interministérielle à la ville qui ne serait, selon lui, composé que d'élus parisiens venus se réunir à Grenoble.
Le déplacement de Jean Castex assorti de quatre ministres n'est pas du goût d'Eric Piolle, qui a dénoncé une visite menée, "à 70 jours de l'élection présidentielle", sans concertation avec les élus locaux. Et le maire écologiste de Grenoble d'ajouter : "Nos villes ne sont pas des zoos", en référence à un comité interministérielle à la ville qui ne serait, selon lui, composé que d'élus parisiens "venus se réunir à Grenoble." (Crédits : Reuters)

Il parlera, à Grenoble, des quartiers prioritaires, au sein d'un quartier qui avait lui-même marqué les esprits, dès les années 2010 : le quartier de la Villeneuve, à cheval entre les communes d'Echirolles et de Grenoble, était en effet devenu un symbole malgré lui à travers le discours de Nicolas Sarkozy, prononcé en juillet 2010, à la suite d'une nuit de violences urbaines. Avec ses 22.000 habitants, et ses 8.000 logements, cet ensemble urbain à l'architecture héritée des années 60, reconnaissable par ses nombreuses coursives et bâtiments élevés et inter-reliés, s'étend en réalité sur cinq secteurs : l'Arlequin, le Village Olympique et les Géants à Grenoble, ainsi que les Essarts et Surieux à Echirolles.

Depuis plusieurs années, ce quartier a fait l'objet de plusieurs conventions entre les collectivités locales et l'État, en premier lieu dans le cadre du premier Programme national de renouvellement urbain (PNRU 2006-2016). Suivi, d'un nouveau programme national de renouvellement urbain (NPNRU) sur la période 2018-2028, qui vise à poursuivre les efforts engagés sur les deux communes de Grenoble et d'Echirolles, avec des travaux intervenants sur différents champs (logements, cadre de vie, économie, emploi, éducation, sécurité, etc).

Six mois après une visite plutôt axée sur la santé en Nord-Isère (où il avait notamment visité l'usine de production de paracétamol du chimiste Seqens), c'est donc ici qu'est annoncé le premier ministre Jean Castex, afin de tirer un premier bilan de la mise en place d'un dispositif précis : le Comité interministériel à la Ville (CIV), une structure en charge de définir et coordonner les actions de l'Etat au sein des territoires urbains depuis 1988, mais qui ne s'était pas réunie depuis 2013...

Cet outil directement placé sous la responsabilité du Premier ministre est chargé de veiller sur 1.513 quartiers prioritaires regroupant 5,4 millions d'habitants, soit 8% de la population française, avec des spécificités de taille : 39,1% de sa population aurait moins de 25 ans (contre 29% pour le reste de l'Hexagone), mais surtout un taux de pauvreté et un taux de chômage 3 fois plus élevé qu'ailleurs, précisait déjà le gouvernement en janvier dernier.

"Un an après l'organisation du premier Comité interministériel à la Ville (CIV) depuis 2013 qui avait acté la mobilisation de 3,3 milliards d'euros (dont 1,1 milliard d'euros provenant du plan de relance) pour lutter contre les fragilités territoriales, restaurer l'attractivité des quartiers et recréer les conditions de l'émancipation de la jeunesse, le Premier ministre présidera ce samedi à Grenoble un nouveau CIV", précisaient les services de l'Etat au sujet de cette visite.

Le gouvernement attendu par le maire EELV Eric Piolle

Le Premier ministre, Jean Castex, dont l'arrivée est prévue dès 9h15 ce samedi à Echirolles, ne viendra pas seul : il sera accompagné du ministre de la Santé isérois Olivier Véran, mais aussi des ministres déléguées, Emmanuelle Wargon, Nadia Hai et Nathalie Elimas.

"Entouré de plusieurs membres du gouvernement et des agences de l'État concernées, il dressera le bilan d'un an d'actions en faveur de la politique de la ville en même temps que de nouvelles perspectives pour poursuivre les efforts engagés", affirme la Préfecture.

Et c'est d'ailleurs probablement ce bilan que viendra questionner le maire écologiste de la ville, Eric Piolle. Car si ce dernier, tenant depuis début janvier du titre de Capitale Verte de l'Europe, est annoncé dès l'après-midi aux côtés du candidat écologiste Yannick Jadot à Lyon pour le lancement de son programme, l'édile grenoblois entend bien peser sur cette visite et produire son propre cahier de doléances.

Ce vendredi après-midi, Eric Piolle a tenu une conférence de presse sur le parvis de l'Hôtel de ville où il a dénoncé une opération de communication de la majorité présidentielle : "A 70 jours de la présidentielle (du premier tour, ndlr), Jean Castex et quatre ministres débarquent dans un quartier fragile de Grenoble... Sans aucun travail avec les élus locaux en amont. Il y a peu, ils refusaient aux habitants de ce même quartier des millions d'investissement !", affirme le maire écologiste, qui recevra Jean Castex ce samedi.

Regrettant "un comité interministériel ne rassemblant que des Parisiens venus faire leur réunion à Grenoble", Eric Piolle a lâché une petite phrase : "Nos villes ne sont pas des zoos", regrettant que la majorité d'Emmanuel Macron fasse ce type de déplacement "en particulier dans les villes écologistes". Bien que le président de la république n'ait toujours pas annoncé sa propre candidature, la campagne est bel et bien lancée.

Un déplacement qui ne semblait pas (non plus) du goût de l'opposition de droite, puisque le secrétaire départemental adjoint des Républicains de l'Isère, Clément Chappet, estimait lui-même, en dénonçant des phénomènes de « ghettoïsation » et une insécurité jugée comme "le point noir du quinquennat" : "Ce déplacement est un parfait exemple du fonctionnement macroniste : un vernis de communication pour tenter de faire oublier les fractures que ce quinquennat aura creusé, à la Villeneuve et partout en France".

(publié le 28/01/2022 à 13:30, actualisé à 18h15)

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