Après deux années de crise, l’attractivité des métropoles régionales (dont Lyon et Grenoble) se confirme

A quelques semaines d’intervalle, deux nouvelles études publiées par les cabinets d’Arthur Loyd et CBRE arrivent à la même conclusion : en pleine crise sanitaire, la métropole de Lyon confirmerait son attractivité, non seulement sur le plan économique, mais également à l’égard d’autres critères jugés plus « qualitatifs », liés entres autres à la qualité de vie ou l’inclusion sociale, même si certains écarts demeurent, notamment sur le plan des prix de son immobilier. Avec, une autre « surprise » incarnée par son voisin grenoblois.
Alors que Paris reste un genou à terre et n'a pas retrouvé son niveau d'emploi d'avant-crise, Lyon l'a déjà dépassé et se distingue (entre autres) par les levées de fonds de son écosystème des startups, qui ont explosé leur cible en 2020.
Alors que Paris reste un genou à terre et n'a pas retrouvé son niveau d'emploi d'avant-crise, Lyon l'a déjà dépassé et se distingue (entre autres) par les levées de fonds de son écosystème des startups, qui ont explosé leur cible en 2020. (Crédits : DR/ML)

Elle se classe toujours comme la première « très grande métropole » du classement Arthur Loyd et ce, depuis cinq années consécutives. Devant Toulouse mais aussi désormais Bordeaux, qui prend cette année la seconde marche du podium, la métropole lyonnaise « traverse la tempête de la crise sanitaire sans perdre le cap », affirme le cabinet de conseil.

Et pour cause : celui-ci relève que le Grand Lyon est parvenu « à améliorer son score dans la thématique Économie, pourtant mainmise de Toulouse depuis plusieurs années, et souffle même la 1ère place à sa consœur » sur ce podium.

Et cela, en partie grâce au dynamisme des levées de fonds de ses startups, qui ont récolté pas moins de 166 millions d'euros à travers 59 opérations menées en 2020 à Lyon (contre 67 millions et 44 opérations enregistrée pour l'année de référence 2019)...

« Il s'agit avant tout de la confirmation d'une tendance sur le long terme d'un écosystème numérique et biotech qui n'est pas nouveau et qui est accompagné depuis plusieurs années par la French Tech locale et les incubateurs du territoire », remarque Cevan Torossian, directeur du département Etudes et Recherche d'Arthur Loyd.

Résultat ? Alors que Paris reste un genou à terre et n'a pas retrouvé son niveau d'emploi d'avant-crise, Lyon l'a déjà dépassé, affirme ce baromètre : « La ville s'affirme comme la 2ème capitale économique du pays grâce à un tissu économique solide et diversifié, un large bassin d'emploi favorisé par un réseau de transports publics en constante amélioration, ou encore, une offre culturelle diversifiée. La recette du succès ».

Car d'après les chiffres compilés post-crise sanitaire par ce Baromètre d'attractivité des métropoles françaises (qui étrille elle-même 75 indicateurs classés en quatre grandes thématiques : performance économique, immobilier tertiaire et accueil des entreprises, capital humain et innovation, qualité de vie), la métropole lyonnaise affiche toujours le taux de chômage le plus faible (7,2 %) des villes de sa catégorie, tandis que son climat des affaires « a mieux résisté que dans d'autres territoires ».

Doté également d'un marché d'immobilier tertiaire jugé « résilient malgré une année 2020 tumultueuse pour les grands marchés régionaux », le redémarrage a déjà démarré sur la scène de l'immobilier tertiaire, même si Lyon ne retrouvera pas encore, en 2021, son niveau d'avant-crise.

La plus grande métropole d'Auvergne Rhône-Alpes bénéficie également d'un climat régional très favorable, puisqu'elle a contribué à plus de créations d'emplois que l'Île de France au 1er semestre 2021, comme le note cette étude. Ce sont ainsi près de 85.085 créations nettes d'emplois effectuées au 1er semestre 2021, allant même jusqu'à concentrer ainsi 20% des créations nettes d'emplois du pays sur cette période (contre 18% en Île-de-France), tandis que son poids démographique ne dépasse pas les 12%. « L'emploi total en AURA progresse ainsi de +3,8% par rapport à son niveau de la fin 2020 », rappelle Arthur Loyd.

Un immobilier élevé, mais des atouts "indétrônables"

Parmi les points d'amélioration de la capitale des Gaules, figure cependant la thématique de la connectivité et de l'innovation, un sujet où Lyon quitte la première marche du podium au profit de sa rivale toulousaine, tandis que la qualité de vie « demeure son talon d'Achille », comme le relève le cabinet Arthur Loyd, qui cite ainsi les prix particulièrement élevés de son immobilier résidentiel, « dont la médiane avoisine le seuil des 5.000 €/m² pour un appartement situé centre-ville »...

Mais comme le note cette étude, « cela ne semble pas avoir complètement entamé son potentiel attractif ». D'ailleurs, Cevan Torossian note que la densité de son réseau de transport en commun, associée à la présence d'une ligne TGV reliant directement la capitale, en font des atouts majeurs :

"La ligne TGV Lyon-Paris n'est pas nouvelle, mais être à 2 heures de Paris revêt probablement plus d'importance aujourd'hui, à l'heure où les salariés sont de plus en plus nombreux à choisir d'habiter quelques jours par semaine dans une grande métropole et de passer leur fin de semaine dans un environnement qui leur offre une meilleure qualité de vie".

De son côté, le cabinet CBRE affirme que si Lyon connaissait elle aussi des « problématiques un peu parisiennes » avec « une forte dynamique de croissance urbaine pas toujours maitrisée, pouvant générer des enjeux environnementaux, de cadre de vie et d'accessibilité, qui se sont traduites par une vague verte aux municipales », la métropole lyonnaise caracole toujours en tête des classements sur un grands nombre de sujets, y compris au sein de la dernière édition de son étude "Les régions : vers un équilibre du territoire", publiée en novembre.

« Lyon apparaît extrêmement bien positionnée sur un certain nombre de sujets comme l'attractivité économique, où elle s'affiche de très loin en tête et demeure même parmi les métropoles régionales à échelle européenne, comme l'une des seuls susceptibles de se positionner de façon crédible face à Paris », ajoute Christelle Bastard, directrice de recherche à CBRE France.

Et même s'il est difficile d'être bon partout, la métropole lyonnaise engrange des scores jugés plutôt « bons » en matière d'animation urbaine, de qualité de vie. À l'exception près de l'inclusivité, où le cabinet CBRE remarque lui aussi une tendance à la dégradation des conditions d'accès au logement, au sein des très grandes métropoles de sa catégorie.

« Le prix des logements est une chose, mais il faut également le rapporter au niveau de rémunérations qui y sont pratiqués, et qui s'avèrent à Lyon plus proches de la sphère parisienne que régionale ». Et ce, même si la hausse des prix de l'immobilier a néanmoins tendance à se transformer en une tendance de fond...

Ces bonnes surprises régionales qui tirent encore leur épingle du jeu

En Auvergne Rhône-Alpes, l'autre bonne surprise nous vient de Grenoble, qui remonte dans les classements et fait l'unanimité à ce sujet du côté des analystes, ou presque.

Alors que la ville pâtit, depuis quelques années, d'une image liée à la pollution ou à des phénomènes d'insécurité, les deux récents classements 2021, qui relevaient déjà une amorce de dynamique globale en faveur des métropoles « à taille humaine » situées en dehors de l'Ile-de-France, donnent la part belle à la capitale des Alpes.

Chez CBRE tout d'abord, qui évoque une « surprise grenobloise » avec un très bon positionnement de la ville sur la scène de l'innovation et de la recherche, ainsi que du rayonnement.

« Grenoble fait partie de ces métropoles de rang intermédiaire, qui ne sont pas parmi les six plus grandes métropoles, mais qui arrivent à les talonner », estime Christelle Bastard.

Et malgré une image de marque jugée peu favorable, et des indicateurs de pollution souvent pointés du doigt (mais qui ne vérifient étonnement pas dans la note globale de la ville pour le Grand Pari des régions, où la ville obtient même un score de 15,8 sur le plan environnemental), la capitale des Alpes est parvenue à attirer de nouvelles populations avec une dynamique migratoire positive, comme le souligne le cabinet CBRE.

« Elle se distingue également sur les indicateurs d'inclusivité. L'ensemble de ses indicateurs nous fait dire qu'il s'agit sans doute d'une ville qui devrait continuer de pousser à l'avenir, grâce à son positionnement en matière de recherche et innovation, lié notamment à l'industrie du futur et à des créations d'emplois fortes à venir », ajoute Christelle Bastard.

La "remontada" par l'innovation et la recherche

Côté Arthur Loyd, Grenoble se classe même seconde parmi le vivier des « grandes métropoles » et affiche « une belle remontée » puisqu'elle était positionnée l'an dernier à la 5e marche du classement.

Le tout, en s'appuyant notamment sur de bons résultats dans la thématique du marché immobilier tertiaire, un plan sur lequel, malgré la crise, Grenoble aura « mieux performé » que ses rivales. Ce sont ainsi 50.000 m2 qui ont été placés dans l'immobiliser neuf grenoblois en 2020, contre 22.700 m2 pour Montpellier ou 25.000m2 à Rennes, deux villes de la même catégorie.

Nette amélioration également sur l'aspect économique, où le baromètre remarque que la métropole grenobloise concentre par exemple « le plus grand nombre d'emplois dans les activités à hauteur valeur ajoutée » et bénéficie plus largement « de la profondeur des atouts économiques de la région Auvergne-Rhône-Alpes, qui a fait preuve de résilience pendant la pandémie » et dont nous mentionnions les indicateurs plus haut.

Car la résilience de la seconde région de France en matière de PIB après l'Ile-de-France, et première région industrielle de l'Hexagone, n'est en effet plus à démontrer : elle s'est encore traduite, au cours des derniers mois, par plusieurs chiffres, dont ceux de son taux de chômage plus faible que la moyenne nationale, ou encore le dynamisme de son PIB, de son marché de l'emploi, ou encore des investissements dédiés à la relance ou aux levées de fonds.

Un point sur lequel Grenoble "performe" particulièrement, puisqu'elle se révèle encore en 2021 portée par les thématiques d'innovation et de R&D, avec son écosystème très présent dans le domaine de la recherche.

Si l'année écoulée ne permet pas à Grenoble d'égaler ou de dépasser son montant record de 99 millions d'euros levés en 2019, elle confirmerait tout de même sa position de "valeur sure" pour l'investissement en région, à 37 millions d'euros avec ses 21 opérations menées en 2020. Un score qui, compte-tenu de la crise sanitaire, la place tout de même à la 5e place des levées de fonds, toutes catégories confondues, sur la scène nationale.

Enfin, la ville conduite par l'EELV Eric Piolle depuis deux mandats, gagnerait même quelques places au classement en matière de qualité de vie, « en proposant notamment un tissu culturel riche à ses habitants et de nombreuses formations dans les établissements d'enseignement supérieur à ses étudiants », estime Arthur Loyd. L'heure du réveil grenoblois a sonné ?

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