Salons et tourisme d’affaires : à Lyon, GL Events mise sur une nouvelle extension d’Eurexpo

À Lyon, le poids lourd de l'événementiel GL Events revient d'une année 2023 annoncée « record » : retour des grands salons en présentiel, croissance du tourisme d'affaires, notamment portée par le haut-de-gamme. La branche lyonnaise du groupe d’Olivier Ginon a dépassé sa croissance d’avant Covid dans la Capitale des Gaules et entend désormais pousser les murs d'Eurexpo, via une quatrième extension prévue en 2026. Tandis qu’à l’échelle globale, la société, candidate à la reprise du Stade de France, est par ailleurs scrutée à l’arrivée des JO de Paris 2024.
GL Events exploite le parc Eurexpo de Lyon depuis 2007 avec la CCI Lyon Métropole Saint-Etienne Roanne : l'activité événementielle de l'année 2023, portée par de grands salons comme Equita, a dépassé celle d'avant Covid.
GL Events exploite le parc Eurexpo de Lyon depuis 2007 avec la CCI Lyon Métropole Saint-Etienne Roanne : l'activité événementielle de l'année 2023, portée par de grands salons comme Equita, a dépassé celle d'avant Covid. (Crédits : Nicolas Rodet)

Dans l'événementiel, la tendance semble s'être confirmée selon Anne-Marie Baezner, à la tête de la branche lyonnaise de GL Events : le « monde d'après », rêvé ou craint pendant la crise sanitaire, n'a finalement pas tout à fait émergé. C'est en tout cas le constat du poids lourd de l'événementiel lyonnais dirigé par Olivier Ginon, à la barre d'Eurexpo (actionnaire à 47 %) avec la CCI (53 %) depuis 2007, mais aussi du Centre des Congrès, du Matmut Stadium et de la salle d'exposition La Sucrière dans la Capitale des Gaules, en plus de ses activités dans près de vingt pays dans le monde.

Sirha, Pollutec, Solutrans, Equita... Les grands salons lyonnais se seraient finalement fortifiés à raison d'une « prime au leader pendant les crises » selon la directrice générale de Lyon Events (la branche "accueil" de GL), par ailleurs directrice d'Eurexpo, remarquant que « dans le périmètre lyonnais, les salons s'épanouissent ».

À la barre d'Eurexpo, la société tient en effet à sa position de premier parc d'exposition français après ceux d'Île-de-France, figurant par ailleurs dans le top 15 européen, selon le classement de l'association EMECA (European Major Exhibition Centres Association). En 2023, le site de 140.000 mètres carrés a d'ailleurs accueilli 1,65 millions de visiteurs, sur un total de 2,5 millions de personnes sur ses quatre sites lyonnais, à raison de 480 événements.

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Et si la société Lyon Events, spécialisée dans l'accueil d'événements (à distinguer de la partie « Exhibitions » de GL, dédiée à l'organisation en propre), redoutait pourtant une bascule de ses activités pendant la crise sanitaire, avec l'interdiction des regroupements en présentiel, son chiffre d'affaires aura finalement tout de même grimpé de 30 % à Lyon l'année dernière, par rapport à 2019. Cela, pour atteindre les 95 millions d'euros, sur les quelque 1,4 milliards d'euros de chiffre d'affaires du groupe (+ 9%).

De quoi représenter jusqu'à 30 % du chiffre d'affaires des sites français de GL Events. Ce, à la faveur de plusieurs « vents porteurs » qu'Anne-Marie Baezner dépeint comme « propres à la région lyonnaise ».

« Le principal atout de Lyon, dans le tourisme d'affaires, est d'avoir su développer l'idée de "faire ensemble", qui est enviée par beaucoup d'autres destinations. Nous travaillons avec tous les acteurs du tourisme d'affaires lyonnais, par exemple avec le Bureau des congrès pour gagner de grandes candidatures internationales, avec la CCI de Région quand on accueille de nouveaux salons, pour leur faire rencontrer des acteurs, ou encore avec Only Lyon pour la démarche de marketing territorial, et cela compte ».

Sans oublier la « volonté politique de développer le tourisme d'affaires », dont celle affichée par la région Auvergne-Rhône-Alpes présidée par Laurent Wauquiez (LR). Et ce, notamment en direction d'offres haut-de-gamme, comme l'illustrent nos confrères de Mediacités Lyon dans leur article consacré à la distribution des fonds européens FEDER. Pointant même une « singularité » auralpine, les fonds redistribués par la Région finançant « jusqu'à 60 % (des projets touristiques de ce type) pour Auvergne‐Rhône‐Alpes, contre 20 % maximum dans les autres territoires », questionnant ainsi les choix politiques derrière cette répartition de l'argent public.

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Il n'empêche, Anne-Marie Baezner estime la dimension « haut-de-gamme » très positive pour les affaires, adoptant le discours du ruissèlement. La directrice de Lyon Events souligne « l'importance du développement de la capacité hôtelière, et précisément de la capacité 5 étoiles en direction de la clientèle internationale et des grands comptes ». Prenant exemple sur l'ouverture en 2019 de l'InterContinental dans l'ancien Hôtel-Dieu, mais aussi du Boscolo un an auparavant, quai Jules Courmont, faisant grimper les établissements 5 étoiles au nombre de sept à Lyon.

Mais gare pour autant à « un point de vigilance sur le prix de l'hôtellerie », ajoute la patronne de l'événementiel lyonnais pour GL Events, précisant que « Lyon est une ville de l'équilibre et il faut toujours savoir être dans le bon dosage ».

Le transport aérien doperait encore le marché des affaires

Dans cette continuité, la région lyonnaise posséderaient également d'autres « atouts », relève GL Events. Dont les multiples connexions entre les moyens de transports, et notamment les nombreuses liaisons aériennes depuis l'aéroport de Lyon Saint-Exupéry.

« L'arrivée d'Easyjet à Lyon en 2007 a beaucoup apporté à nos salons nationaux professionnels, parce que la compagnie relie depuis Lyon à la Bretagne, avec Rennes et Nantes, ajoute Anne-Marie Baezner. De même, les lignes Lyon-Dubaï et Lyon-Istanbul soutiennent nos grands salons internationaux, car ce sont des hubs vers l'Asie ».

Cette dimension internationale concernerait près de la moitié des congrès lyonnais selon GL. Pour le seul salon biennal « Piscine Global », « le plus grand salon de la piscine au monde » qui se tiendra d'ailleurs en novembre 2024, près de 35 % des visiteurs sont étrangers, ainsi que 58 % des exposants.

Cependant, Anne-Marie Baezner relève tout de même un « point noir » : « l'absence de ligne directe vers les Etats-Unis », malgré la liaison Lyon-Montréal, permettant ensuite de se connecter à l'Amérique du Nord.

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Quant au train, le ressenti des variations est moindre. Ce, malgré la dynamique allant vers une hausse globale de la fréquentation des lignes (le réseau de la gare de Lyon Part-Dieu arrivant d'ailleurs à saturation).

À l'inverse, la fermeture de la ligne ferroviaire franco-italienne Lyon-Turin, interrompue depuis août dernier en raison d'éboulements en Maurienne (Savoie), n'aurait pas entraîné « répercussions » sur les congrès lyonnais selon Anne-Marie Baezner.

Vers une nouvelle extension d'Eurexpo

Ces éléments soutiennent en tout cas la croissance d'Eurexpo selon sa directrice, qui prévoit même une quatrième extension du site à l'horizon d'octobre 2026, afin de le porter à 150.000 mètres carrés, soit un espace de 10.000 mètres carrés supplémentaires.

La dernière, réalisée en 2018 pour le salon de l'équitation Equita, avait déjà coûté 20 millions d'euros hors taxes au consortium entre GL Events et à la CCI Lyon Métropole Saint-Etienne Roanne.

Cette fois, il s'agit de répondre à une nouvelle demande d'extension, « afin de soutenir la croissance de certains clients leaders », comme les salons Equita, le Sirha, mais aussi Solutrans et Global Industries. Et GL a tout intérêt de rester aux manettes, puisque 60 % de l'activité d'Eurexpo concerne des événements organisés en propre par le groupe d'Olivier Ginon, dont le Sirha, Global Industrie, Piscine Global, Be Positive, ou encore le Salon Automobile.

Pour réaliser ce nouvel agrandissement du site, la gouvernance s'appuie sur une emprise foncière déjà fléchée dans le schéma directeur du parc. Le coût reste quant à lui à la discrétion de la direction, qui déclare par ailleurs avoir accueilli onze nouveaux salons en 2023 dans la Capitale des Gaules, et en annonce également six supplémentaires en 2024.

Fournisseur des JO 2024 et candidat à la reprise du Stade de France

GL Events a également obtenu plusieurs marchés dans le cadre de l'organisation des JO de Paris 2024. Le groupe d'Olivier Ginon est notamment chargé du montage des infrastructures temporaires du Champ-de-Mars, mais aussi du Château de Versailles pour les épreuves d'équitation.

Récemment épinglé par l'inspection du travail concernant des défauts de sécurité dans ses opérations, mettant temporairement à l'arrêt ces deux chantiers, le groupe est désormais particulièrement scruté. D'autant qu'il est en ce moment en lice pour la reprise de la concession du Stade de France, où il candidate en tant qu'actionnaire unique associé à « Paris Entertainment Compagny » face au consortium Vinci/Bouygues.

En parallèle, le dernier conseil d'administration de GL Events a nommé fin avril son nouveau vice-président en la personne de Nicolas de Tavernost, jusqu'alors à la barre du groupe M6, et dont nous avons également appris hier la nomination en tant que vice-président de la branche médias de l'armateur CMA-CGM, propriétaire de La Tribune.

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