Lyon Part-Dieu : après dix ans de travaux, l’horizon se dégage pour le plus grand chantier de gare français

C’est un lifting à plusieurs centaines de millions d’euros : les travaux de modernisation et d'agrandissement de la gare de Lyon Part-Dieu, engagés à partir de 2014, vont petit à petit s’achever entre l’été 2024 et fin 2025. Nouveau hall, nouvelle place sur deux étages et facilitation des intermodalités : à quoi ressemblera la cinquième gare de France dans quelques mois ?
Nouvel accès au métro, nouveau hall : la gare de Lyon Part-Dieu achèvera sa grande mue à l'été 2025.
Nouvel accès au métro, nouveau hall : la gare de Lyon Part-Dieu achèvera sa grande mue à l'été 2025. (Crédits : © timelapsego)

C'est un vaste chantier - le plus important à l'échelle des gares françaises - et dont les Lyonnais peinent à voir le bout : la transformation de la gare de Lyon Part-Dieu, engagée à partir de 2014 avec la démolition d'une partie de ses anciens bâtiments, se veut l'un des marqueurs de la renaissance du quartier d'affaires, sorti de terre dans les années 1960.

Car après dix ans de chantier et près de 370 millions d'euros investis, la gare pourrait dans quelques mois dévoiler ses nouvelles perspectives au public. À commencer, dès le 25 juin prochain, par l'ouverture d'une nouvelle entrée, à côté de la tour To-Lyon, et du nouveau hall principal, long de 210 mètres : un nouvel espace qui apportera près de 10.000 mètres carrés supplémentaires aux voyageurs, soit un tiers de la surface de la gare une fois les travaux terminés.

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Une extension bienvenue au regard de l'augmentation continue des trafics, dans ce « nœud ferroviaire » saturé quasiment dès l'origine. Conçu pour accueillir au maximum 35.000 personnes par jour lors de son ouverture, en 1983, la situation actuelle est désormais toute autre : « la gare Part-Dieu se voit traversée par près de 145.000 personnes par jour », souligne en effet Frédéric Longchamp, directeur du projet national Lyon-Part-Dieu pour SNCF Gares & connexions (filiale de SNCF Réseau).

« Un quart de ces voyageurs ne prend d'ailleurs pas le train, mais ne fait que traverser la gare de part et d'autre », ajoute-t-il, pointant l'absolue nécessité, inscrite dès l'origine du projet, d'augmenter les espaces.

« Nous avons ainsi doublé les surfaces totales et triplé les surfaces de circulation voyageurs, par rapport à 2017 », complète Frédéric Longchamp. « Même si le flux doublait dans les prochaines années, nous avons désormais triplé les surfaces de la gare. »

Travaux de la place basse et de la place Béraudier, devant la gare de Lyon Part-Dieu

La future « place basse », située sous la place Béraudier, accueillera à partir de l'été 2025 l'ensemble des fonctions multimodales : nouvel accès au métro B, garage vélos sécurisé, taxis et commerces, en plus d'une jardinière.

Un nouveau hub multimodal, sous la place Béraudier

À partir de cet été, s'égrainera également la livraison d'autres équipements : après l'ouverture de la quatrième entrée (la deuxième principale, boulevard Vivier Merle) et de la grande galerie en juin, ce sera au tour du passage Pompidou, reliant les deux côtés de la gare en passant sous les voies, d'entrer en service en septembre 2024.

Il faudra ensuite attendre encore un an et l'été 2025 avant que l'ensemble du projet ne soit livré : à savoir, l'ouverture de la place Béraudier, située face au boulevard Vivier-Merle et au centre-commercial. Une place ouverte, « renaturée » avec l'implantation de 55 arbres, et composée d'un auvent en inox comme « principale pièce architecturale », indique Florent Sainte Fare Garnot, directeur générale de la SPL Lyon Part-Dieu.

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Pour autant, un bâtiment de bureaux reste et détonne : une partie de l'ancienne façade orangée, d'origine, n'a pas été détruite comme le reste de ses voisines. Ce, notamment en raison du retrait d'un financement régional dédié à la démolition, comme le remarquent nos confrères du Progrès, ainsi que la Métropole de Lyon.

Il n'empêche : « Depuis soixante ans, jamais nous n'avons pu voir la Part-Dieu avec une scénographie dégagée », remarque Florent Sainte Fare Garnot. L'idée du projet consiste en effet à « reconnecter » les fonctions multimodales au niveau d'une « place basse », en partie souterraine, située sous la place Béraudier. Elle mènera, à partir de l'année prochaine, vers un nouvel accès au métro B, et accueillera également un garage vélos sécurisé de 1.300 places, ainsi qu'un stationnement pour les taxis, des commerces et une grande jardinière composée d'arbres.

« Auparavant, la distance entre la gare et la station de métro était suffisamment importante pour qu'on ait une perte d'attractivité des modalités de transports, ajoute le directeur général de la SPL. Demain, l'accès métro depuis la place basse simplifiera le parcours du voyageur, du train au métro ».

travaux gare Part-Dieu en mars 2024

Une rampe à vélos permettra d'accéder au parking sécurisé de 1.300 places, situé sur la place basse, en partie souterraine. En haut à droite, le seul bâtiment d'origine conservé.

Un tiers de voyageurs en plus en 2050

Tous ces équipements viennent accompagner une tendance : la forte croissance des flux de la cinquième gare de France (derrière Paris gare du Nord, gare de Lyon, Saint-Lazare et Montparnasse ; mais devant gare de l'Est et Austerlitz). Les projections de la SNCF donnent même le tournis :

« Nous projetons environ 230.000 voyageurs par jour au maximum à horizon 2050, ajoute Frédéric Longchamp. Mais il faut considérer cette donnée comme un plafond de verre : pour l'instant, même si un nouveau quai (L) a ouvert en juin 2022, la gare ne compte que douze voies. Il faudrait en rajouter, mais surtout recevoir plus de train en amont et en aval ».

Le directeur du projet pour Gares & connexion pointe ici un problème structurel à la Part-Dieu : la saturation de « l'étoile ferroviaire lyonnaise ». À savoir, un nœud vers lequel convergent près de quinze lignes ferroviaires européennes, notamment entre l'Europe du Nord et la Méditerranée. Mais aussi près de six branches régionales. Ce qui représentait environ 1.200 trains circulant à Lyon chaque jour en 2021, dont la moitié étaient des TGV.

Visuels de la gare de Lyon Part-Dieu en 2025

Visuels de la gare de Lyon Part-Dieu à partir de 2025 (crédits : AUC)

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Si cette saturation ferroviaire est depuis longtemps identifiée, et que des pistes ont été soulevées, notamment à travers un débat public mené en 2019, puis une concertation en 2023 concernant le passage à quatre voies du tronçon Saint-Fons - Grenay (ligne Lyon - Grenoble) ; de tels travaux sont aujourd'hui estimés « tentaculaires » par plusieurs sources.

« Le coût du projet de mise à quatre voies entre Saint-Fons et Grenay a été évalué globalement à environ un milliard d'euros, comprenant les études, la conduite des procédures administratives, les travaux ferroviaires, la reconstruction des ponts lorsque nécessaire, la compensation des impacts », indique à ce titre la Commission nationale du débat public (CNDP) dans son premier rapport intermédiaire à la concertation continue, publié en décembre dernier.

Des aménagements, toujours en cours de concertation entre les acteurs (SNCF Réseau, l'Etat, la Région et la Métropole). Et dont les entrées en service pourraient intervenir « à l'horizon 2035-2040 », précise la CNDP.

Des enjeux de long terme, conjugués à d'autres types de réponses, plus immédiates mais aussi plus limitées, au sujet de la saturation des flux. L'une d'elle consiste à augmenter les capacités des trains. Ainsi, la région Auvergne-Rhône-Alpes a reçu, ce mois de mars 2024, la première des 130 nouvelles rames de TER à deux étages « Regio 2N » qu'elle entend mettre en service avant 2035. Mais encore faudra-t-il pouvoir les faire circuler sur le réseau et les accueillir en gare.

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Commentaires 3
à écrit le 25/03/2024 à 19:21
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Que va devenir le bâtiment affreux marron à gauche de la gare, il fait tâche par rapport à la modernité apportée à la nouvelle gare.

à écrit le 25/03/2024 à 19:21
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Que va devenir le bâtiment affreux marron à gauche de la gare, il fait tâche par rapport à la modernité apportée à la nouvelle gare.

à écrit le 25/03/2024 à 19:20
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Que va devenir le bâtiment affreux marron à gauche de la gare, il fait tâche par rapport à la modernité apportée à la nouvelle gare.

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