Transport aérien : à l'aéroport de Lyon-Saint-Exupéry, le low-cost poursuit son ascension

Si l'aéroport de Lyon-Saint-Exupéry n'a pas encore tout à fait retrouvé ses chiffres de fréquentation d'avant Covid, sa clientèle touristique et affinitaire progresse depuis deux ans. Le tout, notamment porté par le modèle low-cost, qui représente aujourd'hui la moitié de l'activité du quatrième aéroport de France.
La compagnie Easyjet a notamment augmenté de 38 % ses capacités pour accueillir les skieurs à l'aéroport de Lyon cet hiver, notamment en provenance de Grande-Bretagne.
La compagnie Easyjet a notamment augmenté de 38 % ses capacités pour accueillir les skieurs à l'aéroport de Lyon cet hiver, notamment en provenance de Grande-Bretagne. (Crédits : Emma Rodot)

Les chiffres du trafic aérien ne semblent pas avoir soufferts de l'après crise sanitaire, ni de l'inflation. Et les compagnies aériennes low cost, affichant des liaisons européennes à partir de quelques dizaines d'euros, ont à nouveau pris une large part du gâteau. C'est la tendance qui se dessine en ce début d'année 2024 à l'aéroport de Lyon-Saint-Exupéry.

Deux ans après la sortie de la crise sanitaire, l'heure est en effet au retour progressif d'une clientèle désormais restructurée : l'intégralité des activités loisirs et affinitaires ont été « récupérées » par rapport à l'avant Covid, contrairement aux voyages d'affaires (hors aéroport de Lyon-Bron), dont les vols les plus courts se sont en partie reportés vers le ferroviaire, notamment depuis l'entrée en vigueur du décret sur la suppression des vols de très courte durée.

Et si les trafics restent, dans l'ensemble, encore inférieurs à ceux enregistrés avant la crise sanitaire (8,5 millions de passagers en 2022, puis 10 millions en 2023, contre 11 millions en 2019), le quatrième aéroport de France (derrière les deux parisiens et Nice-Côte d'Azur) entend bien retrouver une année record en 2024.

« Lyon a retrouvé ses deux chiffres, s'enthousiasmait ainsi lundi Tanguy Bertolus, directeur des Aéroports de Lyon. Le trafic low cost dispose d'une part beaucoup plus importante qu'avant la pandémie, parce qu'il représente désormais à peu près 50 % des vols. De même, la connectivité du territoire a été restaurée, lorsqu'on regarde le nombre de lignes ouvertes sur l'aéroport ».

Les voyages en compagnies low-cost progressent

Ce retour de la clientèle, notamment porté par les vols affinitaires et le tourisme (avec les séjours liés aux sports d'hiver notamment), a participé à conforter la place des compagnies low cost sur le tarmac lyonnais.

En effet, en l'espace de quatre ans (soit entre 2019 et 2023), leur part est passée de 40 à 50 % du trafic enregistré, ce qui représente donc aujourd'hui la moitié des activités de l'aéroport. D'autant que de nouvelles compagnies à bas prix sont arrivées entre temps sur le marché lyonnais avec, parmi elles, la compagnie espagnole Volotea (37 destinations) il y a trois ans.

Mais cette tendance de fond, déjà amorcée avant la pandémie, correspond surtout à une stratégie de restructuration des acteurs, remarque Nicolas Notebaert, directeur général de Vinci Concessions, qui exploite 71 aéroports dans le monde et douze en France, dont ceux de Lyon, de Grenoble, d'Annecy, de Chambéry, de Clermont-Ferrand, de Toulon-Hyères, mais aussi de Nantes ou encore de Rennes :

« Il y a dix ou quinze ans, on pensait peut-être que l'avenir des aéroports était ce qu'on appelait des « méga hub », avec de très gros avions et des passagers qui passaient des heures en escale... Aujourd'hui la tendance, c'est plutôt le « point à point » avec de grandes villes européennes, comme Lyon, qui développent des destinations directes avec d'autres villes européennes et méditerranéennes. Cette évolution naturelle passe davantage par des modèles low cost que par des compagnies de réseau qui elles, peut-être, jouent un petit peu plus la carte des hubs. »

Ainsi, le low cost représentait 43 % des trafics dans l'Hexagone en 2022 selon l'Union des aéroports français, contre 35 % en 2019. Et ce, avec de grandes disparités en fonction de la taille et du rayonnement des infrastructures.

aéroports low cost

Part du trafic low cost dans les 15 premiers aéroports métropolitains en 2022. Source : Union des aéroports français (UAF & FA).

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Easyjet représente un quart des trafics aériens à Lyon

À Lyon, la compagnie britannique Easyjet possède à ce titre la plus grosse part du marché low cost aujourd'hui : elle absorbe en effet la moitié du trafic réalisé par les compagnies à bas prix. Ce qui représente même 24,5 % des flux de l'aéroport, faisant d'elle la seconde compagnie aérienne (tous flux cumulés) derrière le groupe Air France-KLM.

Avec ses quelque 2,5 millions de passagers l'année dernière (+ 500.000 en un an) et ses 49 destinations en 2023, Easyjet prévoit déjà d'ouvrir trois nouvelles destinations à la réservation en 2024, mais aussi cinq lignes cet hiver (Rabat, Prague, Bournemouth...), et cinq autres cet été (Cagliari, Malaga, Athènes...).

Le tout afin de « répondre à une demande forte (...) et à la priorisation des expériences en tant que valeur », remarque Johan Lundgren, son directeur général, en déplacement à Lyon ce lundi.

Le tourisme et les voyages affinitaires représentent ainsi 80 % de l'activité d'Easyjet à Lyon : « On observe un retour de la demande depuis le Covid, et Lyon occupe à ce titre une position  stratégique. La situation géographique de l'aéroport, avec la ligne TGV, permet une proximité confortable depuis Valence, la vallée du Rhône, mais aussi les Alpes pour le ski, sans forcément prendre la voiture », résume Bertrand Godinot, directeur général d'Easyjet France.

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Lyon, au cœur du tourisme hivernal et de la stratégie du ski

Easyjet affirme d'ailleurs avoir augmenté de 38 % ses capacités pour accueillir les skieurs à l'aéroport de Lyon cet hiver, avec 200.000 sièges - notamment en provenance de Grande-Bretagne -, là où les acteurs du tourisme dans les Alpes du Nord confirment une augmentation de la fréquentation moyenne des stations de sports d'hiver depuis décembre, notamment portée par un retour de la clientèle étrangère.

Bien que situé à 70 kilomètres d'un autre hub du tourisme hivernal, l'aéroport de Grenoble-Saint-Geoirs -lui aussi géré par Vinci-, l'aéroport Saint-Exupéry représente encore l'une des sept bases d'Easyjet en France avec 300 salariés, et devrait recevoir un sixième avion dans le courant de l'année.

La compagnie au logo orange, présente depuis quinze ans à Lyon, vient par ailleurs de retrouver le chemin de la rentabilité sur son exercice 2022-2023, bien après d'autres acteurs du low cost en France comme Ryanair (mais dont la flambée des coûts en 2022 et 2023 a finalement affecté la trésorerie).

Ce nouvel envol d'Easyjet lui a en tout cas permis d'annoncer cet automne une méga commande de 157 avions Airbus A320 et A321 Neo, dont une centaine de plus en option, « en fonction de la conjoncture », remarque Bertrand Godinot, directeur général d'Easyjet France.

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Transavia mise sur l'axe méditerranéen

Mais en parallèle, cette progression du low cost semble s'accompagner d'une autre tendance : celle d'une forme de retrait progressif observé au sein du réseau Air France-KLM (compagnies Air France, Transavia...) dans les aéroports de province. Et ce, alors qu'Air France-KLM représentait 33,2 % de parts de marché à Lyon en 2015, contre 26 % au total en 2023, dont 10 % pour Transavia. Le groupe recentrerait peu à peu ses activités vers ses principaux hubs, remarque Nicolas Notebaert, chez Vinci Concessions:

« Il y avait, au départ, uniquement des compagnies nationales et des accords bilatéraux... La compagnie nationale (Air France) a beaucoup recentré sa notion de « hub » sur l'aéroport de Paris-Charles-de-Gaulle. Position qui était au départ en partie partagée avec Lyon. L'ouverture du ciel unique européen a fait que cette tendance existe aujourd'hui un peu partout. »

Transavia, la filiale low cost du groupe français, reste cependant « la seconde compagnie aérienne low-cost sur notre aéroport, avec 30 destinations desservies l'été prochain », indiquait dans un communiqué publié en décembre Pierre Grosmaire, directeur commercial et marketing de l'Aéroport de Lyon.

La filiale d'Air France va notamment accueillir un cinquième avion à Lyon cette année, après en avoir déjà reçu quatrième en 2023. Ce, notamment pour consolider sa stratégie vers l'axe méditerranéen. Transavia a en effet annoncé renforcer ses fréquences de vols vers l'Algérie et le Maroc, mais desservira aussi la Grèce, la Tunisie, l'Espagne et le Portugal en 2024.

Tandis qu'en parallèle, d'autres acteurs confirment cette croissance des vols moyen-courriers : la jeune compagnie espagnole Volotea, positionnée sur le créneau des capitales régionales européennes, a connu une croissance de 58 % en 2023 à Lyon (sa troisième base européenne), avec 684.000 passagers transportés. Nouvel avion, ouverture de lignes et recrutements en 2024...

L'ensemble semble confirmer « une tendance (au low cost) qui se poursuit », pointe Nicolas Notebaert, avec quelques réserves tout de même : « Nous faisons difficilement des anticipations, les compagnies vont plus ou moins bien. Idem pour les commandes d'avions...»

Une « taxe climat » sur les grands aéroports pour financer la transition écologique

C'était une nouvelle sur les rails depuis plusieurs mois. Le gouvernement a annoncé en septembre dernier mettre en place une taxe sur les grands aéroports nationaux et les concessions autoroutières dans le budget 2024, afin de financer la transition écologique des transports. Celle-ci permettrait selon Bercy de récolter quelque 600 millions d'euros par an, afin de « financer un plan d'avenir pour les transports et la transition écologique ». Notamment le ferroviaire.

Cette taxe, en cours de définition, pourrait représenter 3 millions d'euros pour l'aéroport de Lyon-Saint-Exupéry, indiquait lundi Nicolas Notebaert, directeur général de Vinci Concessions, opposé à son application :

« Taxer cette activité pour le budget général, cela ne va pas produire de la décarbonation. Cela va soit faire payer le passager, selon les cas, et il voyagera à plus cher. Soit faire payer l'aéroport, donc l'infrastructure qui elle, aura moins de moyens pour se décarboner », réagissait-t-il.

De même, cette taxe ne concernerait que les grands aéroports français, exonérant les plus petits et donc, certaines compagnies, en même temps moins émettrices de CO2 étant donné leurs trajets plus courts.

Bertrand Godinot, directeur général d'Easyjet France, interrogé à ce sujet, déclare quant à lui « être motivé pour que soit appliqué le principe du pollueur-payeur ». Mais... « Mais que dans ce cas-là, ceux qui polluent moins, et qui investissent dans des technologies décarbonées ou moins carbonées, soient privilégiés » :

« Juste une taxe, qui n'a pas de lien direct avec l'impact sur l'environnement - parce que ce n'est pas en taxant les aéroports que les avions seront moins émetteurs de CO2 - n'est pas la solution ».

Pour rappel, la société Aéroports de Lyon avait généré un chiffre d'affaires de 214 millions d'euros (22,8 millions d'euros de résultat net) en 2019, et 124 millions d'euros (-1,44 million d'euros de résultat net) en 2021, sa dernière publication comptable.

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Commentaire 1
à écrit le 08/02/2024 à 0:21
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LOW COST ou pas, il y a trop d'avions dans le ciel qui génèrent toutes sortes de pollutions. L'avion...Beurk!

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