Décarbonation : l’agglomération de Roanne se dote d’un méthaniseur territorial

L’agglomération de Roanne, dans la Loire, a sauté le pas. Elle a inauguré, en fin d’année dernière, deux unités de méthanisation sur son territoire. Cela va permettre à la collectivité de valoriser ses déchets en produisant une énergie verte et locale. Un projet à 19 millions d’euros qui a pu voir le jour grâce à une délégation de service public. Trois partenaires, Suez et Engie BiOZ ainsi que la PME locale BM Environnement, ont financé la quasi totalité de l’équipement.
L'agglomération de Roanne vient de s'équiper de deux unités de méthanisation, capable de produire 2 millions de mètres cubes de biométhane.
L'agglomération de Roanne vient de s'équiper de deux unités de méthanisation, capable de produire 2 millions de mètres cubes de biométhane. (Crédits : DR Jade Angelard)

C'est un projet lancé en octobre 2021 qui vient de se concrétiser pour l'agglomération de Roanne, située dans le nord de la Loire. La collectivité de 100.000 habitants a inauguré en fin d'année dernière son premier méthaniseur territorial. Cet équipement permet de produire du biométhane, un gaz 100% renouvelable. Le projet a été confié à Roannaise de l'eau et comporte deux unités de méthanisation, alimentée chacune par une filière distincte.

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« La première unité est alimentée par les 58.000 tonnes de boues, issues chaque année du traitement des eaux usées de la station d'épuration de Roanne. C'est très intéressant pour nous, car nous ne savions pas comment utiliser cette matière. Nous pratiquions l'épandage mais ce n'était pas une solution pérenne. L'autre unité va recevoir 15.000 tonnes de biodéchets par an. Des biodéchets issus notamment de l'industrie agroalimentaire locale », détaille Daniel Fréchet, président de Roannaise de l'eau et vice-président de l'agglomération en charge des grands projets.

Concrètement, les différentes matières organiques sont chauffées, puis fermentées au sein d'un digesteur dédié et finalement transformées en biogaz. Une fois épuré, ce gaz vert est vendu à l'industriel Engie pour être injecté dans le réseau de gaz naturel.

Equivalent de la consommation en gaz de 4.500 habitants

Ces deux unités de méthanisation produiront 2 millions de mètres cubes de biométhane, soit l'équivalent de la consommation en gaz de 4.500 habitants. Ce gaz sera principalement utilisé par l'usine adjacente au site, Sofidel, qui produit du papier à usage hygiénique ou ménager. Le méthaniseur devrait lui fournir 40 % de ses besoins en énergie.

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Au-delà de la production de gaz, le site devrait fournir également du fertilisant agricole, 27.000 tonnes d'engrais naturels pour les agriculteurs du territoire, dans un rayon d'environ 15 kilomètres. Et Daniel Fréchet n'y voit que des avantages : valorisation des déchets, réduction de l'empreinte carbone, ainsi qu'une production locale et non délocalisable.

Un investissement de 19 millions d'euros

Mais pour mener à bien ce projet, l'agglomération a dû s'entourer et trouver des partenaires. Elle est passée par une délégation de service public. C'est Roanne Bio Energie, une société regroupant Suez et Engie BiOZ, ainsi que la PME locale BM Environnement, qui a financé la quasi-totalité de l'installation. Coût total de la facture : un peu plus de 19 millions d'euros. Un partenariat public-privé qui présente plusieurs intérêts pour Roannais Agglomération.

« Financer ce méthaniseur tout seul, c'était nous endetter fortement. Nous limitons ainsi les risques financiers et c'est une bonne affaire car ces entreprises vont exploiter le site pendant 15 ans et ensuite nous le récupérerons », souligne Daniel Fréchet. « Et au-delà de l'aspect financier, cette délégation de service public, c'est un gage de sécurité sur l'exploitation. Un méthaniseur demande une technicité très forte. Sa mise en route est longue, par exemple. C'est donc rassurant de s'entourer d'experts », poursuit l'élu.

Le projet a aussi bénéficié de subventions de la part de l'Ademe, l'Agence de la transition écologique, pour un montant de 1,9 million d'euros mais aussi de la Région Auvergne Rhône-Alpes (700.000 euros). Roannais Agglomération a, quant à elle, investi 390.000 euros. Ce qui est finalement peu, si on se réfère au budget d'investissement de la collectivité qui dépasse les 100 millions d'euros sur tout le mandat.

Ambitions en matière d'énergies renouvelables

Mais l'agglomération a beaucoup d'autres projets. Elle s'est engagée dès 2014 dans une démarche « Territoire à Energie Positive » qui fixe l'objectif de subvenir à la moitié de ses besoins énergétiques grâce aux énergies renouvelables produites sur le territoire à l'horizon 2050. Pour cela, elle développe l'éolien et le photovoltaïque. Elle a aussi décidé de convertir son réseau de bus en 100% électrique d'ici à 2026.

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« Nous nous inscrivons pleinement dans la transition énergétique et nous avons une politique très volontariste. Nous avons inauguré six éoliennes qui produiront de l'énergie cette année. Nous avons construit une centrale solaire au sol de 5 MW en 2021 et nous multiplions les projets photovoltaïques », liste le vice-président de l'agglomération.

Roannais Agglomération s'est aussi engagée dans l'exploration d'un possible forage de géothermie profonde sur son territoire. Et cela afin de puiser de l'eau à plus de 150 degrés potentiellement présente dans des nappes profondes situées à plus de 3.000 mètres sous la surface de la terre. La collectivité espère ainsi produire de l'électricité et alimenter les réseaux de chaleur locaux, mais aussi collecter du lithium.

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Commentaire 1
à écrit le 10/01/2024 à 21:13
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"à plus de 150 degrés" 150° suffisent pour produire de l'électricité ? Si ça permettait de chauffer les logements et réserver le gaz de méthaniseurs aux industries locales, ça serait pas mal.

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