ZFE : l'alerte de la CCI Lyon Saint-Etienne Roanne, qui demande de ralentir la cadence

Depuis janvier 2021, la Zone à faibles émissions lyonnaise (ZFE) interdit déjà la circulation des véhicules professionnels Crit'Air 3 au sein de son périmètre central. Alors que la Métropole de Lyon prévoit d'aller jusqu'à celle des Crit'Air 2 en janvier 2026 -ainsi que l'instauration d'un autre périmètre élargi à une dizaine de communes-, des voix s'élèvent désormais à la CCI Lyon Métropole Saint-Étienne Roanne. Dans un avis rendu le 10 janvier, la chambre consulaire rappelle qu'elle n'est pas opposée au principe de la ZFE, mais préconise de ne pas aller au-delà des mesures actuelles.
« On doit être garants de la continuité, notre territoire va de Roanne à Saint-Étienne. L'activité économique est entrante et sortante », plaide dans son dernier avis sur la ZFE le président de la CCI métropolitaine, Philippe Valentin.
« On doit être garants de la continuité, notre territoire va de Roanne à Saint-Étienne. L'activité économique est entrante et sortante », plaide dans son dernier avis sur la ZFE le président de la CCI métropolitaine, Philippe Valentin. (Crédits : DR ZFA)

Jusqu'à présent, la CCI Lyon Métropole Saint-Étienne Roanne n'avait émis que des avis positifs sur la ZFE (Zone à faibles émissions), une mesure pour rappel instaurée par la Loi d'orientation des mobilités (LOM) de 2019, dans tous les secteurs urbains où les valeurs limites de qualité de l'air sont dépassées. Mais dans son dernier avis publié en  date du 10 janvier, sa position se résume ainsi : « Oui à la ZFE, non à la précipitation ! »

Sollicitée à titre consultatif par la Métropole de Lyon, la CCI métropolitaine se positionne en effet désormais en défaveur du projet d'expansion de la ZFE, porté par la majorité écologiste. Celui-ci prévoit notamment de viser l'interdiction des véhicules classés Crit'Air 2 d'ici janvier 2026 au sein du périmètre central (incluant ainsi les villes de Lyon, Caluire-et-Cuire, et les secteurs de Bron, Villeurbanne et Vénissieux dans le périphérique Laurent Bonnevay), ainsi que l'instauration d'un second périmètre élargi à une dizaine de communes, où ne seraient interdits que les véhicules Crit'Air 3 et plus.

Véhicules particuliers et professionnels ne seront cependant pas logés à la même enseigne, comme dans la plupart des métropoles : à l'heure où les véhicules professionnels Crit'Air 3 et plus ne peuvent déjà plus circuler depuis 2021 au coeur de ce périmètre dit central de la métropole de Lyon, les véhicules particuliers Crit'Air 5 ne sont ciblés que depuis janvier 2023.

Et selon la CCI, avec cette expansion, ce sont bien « 262.956 véhicules utilitaires légers et poids lourds (Crit'Air 2 à non classé / source SDES - Parc en circulation en 2021, ndlr), actuellement immatriculés au sein de la métropole et des EPCI situés dans un rayon de 50 km, qui ne pourraient plus accéder, circuler, stationner à Lyon et dans le cœur de la Métropole. » Sans les Crit'Air 2 inclus, ce chiffre s'abaisse à 95.185 VUL et poids lourds concernés.

«  Il faut se donner de la souplesse »

« Nous ne sommes pas contre les fondamentaux de la ZFE, qui est primordiale, l'avis négatif est principalement sur la mise en œuvre. L'extension de la zone et le calendrier sont trop contraints. D'autant plus que 2023 va être une année compliqué, au regard de ce qui se passe en Ukraine et surtout la problématique énergétique.[...] Ce sont des contraintes financières et techniques, il faut se donner de la souplesse, surtout en ce moment », plaide Philippe Valentin, président de la CCI Lyon Saint Etienne Roanne, auprès de La Tribune.

« On s'aperçoit que les entreprises manquent aussi d'information », souligne-t-il. Un point noir que remarquait aussi la Métropole, qui rejetait alors la faute sur le gouvernement, à l'origine de la mesure, mais qui n'aurait selon elle pas réalisé de communication massive à destination des citoyens. Un point qu'à tenté de corriger, depuis, le gouvernement, en s'engageant à mettre un coup d'accélérateur, début janvier.

« On fait de la surenchère par rapport à d'autres territoires »

Reste qu'à Lyon, le président de la CCI regrette aussi le fait que l'exécutif écologiste métropolitain ait fait le choix d'aller plus loin que les obligations gouvernementales, en interdisant, en plus, les véhicules Crit'Air 2 en 2026. « On fait de la surenchère par rapport à d'autres territoires. »

« La Métropole, en excluant tous les Crit'Air 2, exclut tous les diesel, qui sont pourtant une composante importante du parc professionnel », reprend Jérémy Thillet, responsable territorial à la CCI. « Sur le principe, on y est favorable, mais le projet d'amplification pose une chose pas soutenable pour les entreprises. »

Même si la Métropole a mis en place un certains nombre d'aides à l'acquisition et de dérogations, selon les représentants du monde économique, « cela ne peut pas être la solution. » Par ailleurs, ces aides ne concernent que les administrés de la Métropole et non les communes voisines, qui pourtant exercent aussi leur activités en zone ZFE.

La CCI recommande par exemple « d'organiser, avec les territoires ruraux et périphériques impactés par la ZFE, un partenariat opérationnel afin que tous les usagers de ces territoires (entreprises, résidents et salariés) puissent bénéficier des mêmes accompagnements techniques et financiers. »

Elle préconise aussi par exemple, une flexibilité horaire, des couloirs logistiques ou encore un ralentissement du calendrier, compte-tenu de l'offre onéreuse ou inexistante en matière de véhicules professionnels propres.

Une disparité entre les territoires

La CCI Lyon Métropole Saint-Étienne Roanne couvre aussi un large périmètre, comme son nom l'indique et le président redoute une disparité. Par exemple, Lyon Métropole et Saint-Étienne ne seront pas soumis aux mêmes réglementations, « alors que c'est le même bassin économique. »

« On doit être garants de la continuité, notre territoire va de Roanne à Saint-Étienne. L'activité économique est entrante et sortante », constate Philippe Valentin.

Il affirme par ailleurs que certaines entreprises « pensent à changer de zone d'action » en conséquence. Cet avis est d'ailleurs aussi soutenu par la Chambre d'Agriculture du Rhône, soutenus par le Medef Lyon-Rhône et la CPME du Rhône.

Depuis janvier 2023, les polices municipales et nationales peuvent verbaliser les véhicules interdits dans la zone centrale, ou ceux qui n'ont pas de vignette. Selon Philippe Valentin, une forme de tolérance, surtout vis-à-vis des professionnels, est à l'œuvre, mais il craint le jour « où les contraventionnels vont pleuvoir », notamment avec l'arrivée des radars prévue pour début 2025.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 2
à écrit le 17/01/2023 à 19:10
Signaler
"en excluant tous les Crit'Air 2" ce qui devrait faire baisser de 50% les NOx, d'après leurs estimations. Reste à savoir d'où les 50% restant proviennent (pour les réduire fortement, autant que faire se peut, 0 diesel et moitié des NOx ça n'est pas s...

à écrit le 16/01/2023 à 18:43
Signaler
pour l'instant pas beaucoup de réactions .... mais je pense que quand la majorité des gens qui bossent , se verront contraints et verbalisés pour la mise en place des idées irréalistes de cette mini majorité qui dirige notre pays ( La REM , les gauch...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.