Waga Energy veut prendre sa part dans le déploiement du biométhane français

Waga Energy vient d’investir 10 millions d’euros dans son nouveau siège social, au cœur de Grenoble. Boostée par les enjeux d’indépendance énergétique européenne et d’urgence climatique, la startup iséroise prévoit 100 unités de production de biométhane en exploitation à horizon 2026 pour un chiffre d’affaires de 200 millions d’euros. Waga Energy a mis au point un procédé permettant de produire du gaz naturel à partir du gaz issu de la dégradation des matières organiques présentes sur les sites de stockage de déchets. Le potentiel est gigantesque : la planète compterait environ 20.000 sites de stockage de déchets organiques.
L'unité de production de biométhane implantée à Saint-Maximim
L'unité de production de biométhane implantée à Saint-Maximim (Crédits : Laurent Barbotin (Waga Energy))

Filtrer et valoriser le gaz. Avec son concept de raffinerie, Waga Energy a développé une innovation majeure pour décarboner l'industrie et réduire la dépendance au gaz russe. Installées sur site, ces « Wagabox » transforment en effet le gaz en biométhane grâce à un procédé combinant une filtration membranaire et une distillation cryogénique. « Nous avons un double effet vertueux : nous captons et revalorisons le méthane, un gaz à effet de serre, et nous le transformons en énergie, en évitant donc l'utilisation d'énergies fossiles plus polluantes », explique Mathieu Lefebvre, le président de Waga Energy.

Objectif : 100 unités de production en 2026 contre 15 aujourd'hui

La startup iséroise a les dents longues : d'ici à 2026, Waga Energy compte opérer 100 unités de production de biométhane en exploitation. L'objectif est ambitieux puisque l'entreprise, créée en 2015 par trois ingénieurs du groupe Air Liquid,  en opère aujourd'hui 15 et bientôt plus puisque 14 sont en construction (dont une bonne partie devrait entrer en exploitation cette année).

« L'année 2022, avec notamment la crise ukrainienne, marque un tournant pour nous. Nous avons perçu une prise de conscience très forte, avec, par exemple, un intérêt marqué des compagnies pétrolières pour le gaz renouvelable », pointe Mathieu Lefebvre, en précisant l'immensité du marché.

« Le potentiel de notre process est gigantesque. On estime aujourd'hui à 20.000 le nombre de sites de stockage de déchets organiques dans le monde. Dont 200 en France et 2.700 aux Etats-Unis par exemple. 90% ne sont pas exploités. Le potentiel énergétique est donc très important, nous l'estimons à 1.000 térawattheures par an (TWh/an), c'est-à-dire 2,5 fois la consommation de gaz de la France. Dans un mix énergétique durable, le biométhane aura toute sa place ».

Pour l'heure, une installation de petite dimension permet à Waga Energy de produire jusqu'à 20 gigawattheures (GWh) par an soit l'équivalent de 2 millions de litres d'essence. Une unité de grande taille permettrait elle de produire 120 GWh, l'équivalent de 12 millions de litres d'essence (soit la consommation annuelle moyenne de 20.000 foyers). Parmi les dernières unités mises en exploitation : celles portées avec Suez en Dordogne ou avec Veolia en Saône-et -Loire pour la production annuelle de 20 GwH chacune.

Forte croissance

Depuis sa création en 2015, Waga Energy a produit 600 GWh, soit l'équivalent de 60 millions de litres d'essence selon l'entreprise et 100.000 tonnes de C02 évitées. C'est peu évidemment au regard de la consommation finale énergétique française totale, (1.627 TWH en 2021) mais la montée en puissance est enclenchée. 4 TWh sont visés pour 2026. Au même horizon, Waga Energy envisage un chiffre d'affaires de 200 millions d'euros annuels généré par l'exploitation de ces unités dont elle reste propriétaire.

Un bond en avant par rapport aux 12,3 millions d'euros de chiffre d'affaires enregistré en 2021. Les résultats de 2022 traduiront cette croissance. Même s'ils n'ont pas encore été publiés, le chiffre d'affaires du premier semestre était en hausse de 35% par rapport à la même période l'année précédente, à 7 millions d'euros. Un dynamisme qui s'est traduit par une centaine de recrutements l'an dernier. D'autres vont suivre. Comptant 170 salariés, dont 120 en France, entre 100 et 200 personnes vont rejoindre l'entreprise cette année.

Fonds européens

Pour son développement, Waga Energy pourrait bénéficier des fonds européens du plan REPowerEU. Bruxelles vise en effet une production de 375 TWh grâce au biométhane européen (35 milliards de m3), et prévoit des investissements ciblés de l'ordre de 37 milliards d'euros sur le sujet.  « Nous avons besoin de soutiens financiers et industriels européens, c'est certain afin d'aller plus vite et de nous mettre à l'abri de l'appétit d'investisseurs étrangers. Les moyens nécessaires à notre déploiement sont très importants puisque nous sommes propriétaires de nos actifs et nous nous rémunérons en exploitant ces unités, via des contrats sur 10/20 ans. Une petite unité nécessite un investissement de 3 millions d'euros de notre part, une grosse demande 15 millions d'euros », insiste le dirigeant.

Un nouveau siège social à Grenoble

Si Waga Energy, - labellisée French Tech Green20 en 2021 et 2022- , s'est d'abord concentrée sur le marché domestique français, l'entreprise se déploie progressivement à l'international, avec des filiales en Angleterre, en Italie et aux Etats-Unis. « L'essentiel de notre marché se trouve en dehors de la France ». Pour autant, c'est bien à Grenoble qu'elle consolide son implantation et crée son vaisseau amiral. L'entreprise vient ainsi d'investir 10 millions d'euros dans son nouveau siège, au cœur de la préfecture iséroise, dans les anciens locaux de Hewlett Packard. Il est opérationnel depuis quelques semaines.

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