Transports en commun : Roanne franchit le pas de la gratuité

Dans le nord de la Loire, sur le territoire de Roannais Agglomération, les transports en commun sont désormais gratuits les week-ends. Objectif : séduire de nouvelles populations pour les convertir à une utilisation le reste de la semaine mais aussi renforcer l’attractivité des centres-villes desservis.
Les bus de l'agglomération roannaise seront désormais accessibles à tous gratuitement les week-ends.
Les bus de l'agglomération roannaise seront désormais accessibles à tous gratuitement les week-ends. (Crédits : jade Angelard (Roannais Agglomération))

C'était une des promesses de la dernière campagne municipale d'Yves Nicolin, président de Roannais Agglomération et maire LR de Roanne, mais le Covid avait retardé sa mise en œuvre : l'ensemble du réseau de transports en commun de l'agglomération roannaise (100.000 habitants) est désormais gratuit tous les week-ends depuis le 1er septembre. Sur le territoire, Transdev opère six lignes de bus pour le compte de la STAR (Société de Transports en commun de l'Agglomération roannaise), ainsi qu'un service de transport sur réservation et un service PMR. Soit 200.000 voyageurs à l'année. Une mesure adoptée à l'unanimité lors du conseil communautaire du 1er juin dernier.

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Convertir des utilisateurs ponctuels

« Nous avons d'abord fait une expérimentation sur deux week-ends de décembre 2022. Nous avons constaté un engouement certain puisque la fréquentation avait bondi de 40%. Nous savons que cette hausse n'est pas complètement transposable à des week-ends plus ordinaires, hors période de fêtes de fin d'année, mais nous espérons une hausse de la fréquentation d'au moins 20% sur l'année », détaille Yves Nicolin.

L'objectif est double : renforcer l'attractivité des centres-villes en permettant à des populations nouvelles de se rendre dans les commerces desservis et faire découvrir le réseau roannais de transport à des non-utilisateurs. En espérant donc que ces derniers en appréhendent les avantages et basculent sur une utilisation plus fréquente la semaine.

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« Roanne et son agglomération ne sont pas Paris ou Lyon, c'est un petit territoire de 100.000 habitants sur lequel il est facile de circuler en voiture et de stationner. La gratuité du week-end sera une opportunité pour montrer aux habitants les avantages des transports en commun. C'est une des solutions que nous expérimentons pour accélérer la décarbonation de notre territoire ».

Côté finance, le coût est évalué à 70.000 euros par an, sur un budget annuel total de 9,5 millions d'euros de la STAR, abondé à hauteur de 25% environ par les recettes de billetterie. Le reste est financé par le versement transport des entreprises, Roannais Agglomération versant toutefois chaque année le complément, variable selon le montant des versements transport (500.000 euros en 2019 par exemple mais jusqu'à 3 millions d'euros d'autres années). « L'impact financier est limité par le fait que nous ne baissons pas le prix des abonnements par ailleurs. Nous espérons que cet effort du week-end sera compensé par une conversion d'utilisateurs ponctuels gratuits du week-end vers des abonnements mensuels ou annuels payants », poursuit Yves Nicolin, précisant qu'il n'est pas envisagé pour le moment de passer à une gratuité totale toute la semaine.

D'autres exemples de gratuité ailleurs en France

Roanne n'est pas la première à se lancer dans la gratuité. Avant elle, Montpellier s'était aventurée sur ce chemin d'abord les week-ends dès 2021 puis toute la semaine. Dunkerque également ou encore Niort, Aubagne, Libourne ou encore Calais. Selon l'observatoire des villes du transport gratuit, créé à l'initiative notamment de la communauté urbaine de Dunkerque et de l'association de chercheurs VIGS, 38 des 399 réseaux de transports en commun français proposent actuellement une gratuité totale (dont 16 positionnés sur des territoires de moins de 150.000 habitants), sept une gratuité à tous le week-end et 11 une gratuité toute la semaine aux jeunes uniquement.

Cette gratuité ne fait toutefois pas l'unanimité. A l'occasion d'une mission du Sénat sur la gratuité des transports collectifs en 2019, la Fédération Nationale des associations d'usagers des transports (FNAUT) avait, par exemple, fait connaître sa réticence sur le sujet pointant le risque d'affaiblissement de la capacité d'investissement des collectivités qui, privées des ressources de billetterie, se trouveraient alors contraintes de réduire leurs efforts d'extension des réseaux et/ou leur modernisation. Un argument particulièrement valable pour les grandes agglomérations, avec des réseaux très fréquentés et donc des recettes de billetterie pesant lourd dans les budgets. Ni Marseille, ni Paris, ni Lyon n'ont ainsi franchi le pas, préférant privilégier des politiques plus sélectives de tarification solidaire.

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Le sujet de la gratuité avance toutefois à Lyon. Réclamée à la majorité écologiste par les Républicains notamment et le groupe « Métropole Insoumise résiliente et solidaire », l'option est actuellement en cours de réflexion au sein d'un groupe de travail transpartisan qui devrait rendre prochainement ses premières conclusions. D'ores et déjà, alors que 160.000 usagers bénéficient déjà d'une tarification solidaire depuis 2021 et que 100.000 étudiants s'acquittent d'un tarif mensuel à 10 euros, la Métropole lyonnaise a annoncé juste avant l'été le lancement au premier janvier 2024 d'une « box » permettant aux habitants du territoire de bénéficier gratuitement, pendant trois mois ou un an selon son lieu d'habitation, de services de mobilités douces (autopartage, covoiturage, vélos en location et donc transports en commun TCL).

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Commentaire 1
à écrit le 19/09/2023 à 3:42
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Dans la vie rien n'est gratuit ....ceux qui lancent cette "pseudo gratuité" ne doivent pas avoir beaucoup de difficultés pour gagner leur vie. Faire rouler des bus , payer des chauffeurs il y a bien un coût .... qui supporte .... toujours les mêmes ....

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