Du "quoi qu'il en coûte" pour la montagne... ou presque ?

Ce lundi, le gouvernement a mis les petits plats dans les grands pour recevoir les doléances du secteur de la montagne. Après la « campagne » éclair du président LR de région Laurent Wauquiez, qui s'est saisi du sujet cette fin de semaine, les élus et acteurs de la montagne étaient réunis hier dans une nouvelle visioconférence avec le gouvernement Castex. Avec au menu, une enveloppe de 4 milliards d'euros, mais dont les intéressés épluchent encore la composition avec une certaine retenue ce mardi.
Les nouvelles mesures de soutien esquissées ce lundi par le gouvernement Castex pour les acteurs de la montagne s'élèveraient désormais à 4 milliards d'euros, en prenant en compte l'enveloppe nécessaire aux prêts garantis par l'Etat (PGE), reconduits jusqu'à la fin de cette saison.
Les nouvelles mesures de soutien esquissées ce lundi par le gouvernement Castex pour les acteurs de la montagne s'élèveraient désormais à 4 milliards d'euros, en prenant en compte l'enveloppe nécessaire aux prêts garantis par l'Etat (PGE), reconduits jusqu'à la fin de cette saison. (Crédits : Licence CC0 Domaine public)

(Publié le 2/02/2021 à 9h00 ; actualisé à 16h08)

Ce lundi à nouveau, le gouvernement Castex a réuni une « task force » pour évoquer le sujet de la montagne, et mis près de 4 milliards sur la table. Avec, autour de lui, une ceinture de ministres dont Elisabeth Borne, Jean-Baptiste Lemoyne, Joël Giraud, Alain Griset ainsi que le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal. Tous mobilisés pour entendre les doléances du secteur de la montagne, en grande souffrance depuis le non-démarrage de sa saison en décembre dernier.

Derrière la caméra, ce sont ainsi un regroupement d'élus (ANMSM, ANETT), ainsi que trois présidents de région (Laurent Wauquiez, Renaud Muselier, et Carole Delga), trois patrons de départements (Hervé Gaymard, Christian Monteil, et Charles Ange Ginesy) mais également des représentants des professionnels du secteur (Domaines skiables de France, le Syndicat National des Moniteurs du Ski Français, l'organisation Union sport & cycle, etc) qui ont ainsi participé à cette nouvelle réunion "grand format".

Objectif : faire entendre leur détresse ainsi que les besoins d'accompagnement du secteur de la montagne, qui accumule les pertes depuis la mise à l'arrêt de ses remontées mécaniques.

Il faut dire que quelques jours avant, le président LR de la région Auvergne Rhône-Alpes Laurent Wauquiez avait pris les devants, en lançant une véritable campagne de communication autour du secteur, composée à la fois d'une grande « conférence de crise » rassemblant près de 500 acteurs du secteur, mais également d'une tournée de trois journées au cœur des différentes stations de montagne ce week-end.

Une réaction en deux temps

Au sortir de ce rendez-vous, le président de DSF, Alexandre Maulin, se montrait toutefois particulièrement prudent, ce mardi matin.

« Nous avons pu exposer nos attentes et il y a eu des évolutions sur certains points, mais il manque encore des éléments pour les petits commerces, ainsi qu'une forme de clarté pour les remontées mécaniques », estime-t-il.

Le président de DSF ajoute en effet qu'à ce stade, « les remontées mécaniques attendent toujours un accord de Bruxelles » concernant une demande d'indemnisation sans plafond, « tandis que nous n'avons pas de réponse concrète sur la problématique des congés payés, qui constitue une bombe à retardement pour nos entreprises ».

Il affirme attendre « plus de précisions » ainsi que des « engagements écrits » de la part du gouvernement avant de se prononcer plus largement.

Une bataille des chiffres se dessine

Après s'être dans un premier temps félicité de certaines avancées, le président de l'Association nationale des maires de stations de montagne (ANMSM) et maire de la station de La Plagne (Tarentaise), Jean-Luc Boch, a tenu à nuancer, ce mardi après-midi, ses propos auprès de La Tribune : car à l'issue de la rencontre d'hier, certains points de calculs auraient été présentés différemment quelques heures plus tard par Matignon.

« Nous avons obtenu des avancées sur la compensation de la taxe des remontées mécaniques et des taxes de séjour par exemple, mais demeure finalement la question des commerces, dont on avait demandé de couvrir les 70 % de frais fixes, et qui ne semble plus comprise ce mardi dans la version finale retenue par le gouvernement », s'étonne Jean-Luc Boch.

Or, pas question pour lui de ne sauver qu'une partie des entreprises de montagne : « ce n'est pas notre façon de faire, Il faut impérativement déplafonner ce dispositif pour sauver tout le monde afin de ne pas mettre à mort la moitié de l'activité de montagne », ajoute-t-il.

Le calcul de l'enveloppe de 4 milliards d'euros le laisse également perplexe : lui qui avait évalué le montant nécessaire en vue de couvrir une saison blanche pour la montagne à 5 milliards d'euros (PGE et chômage partiel exclu), chiffres à l'appui « avec des cabinets d'expertises comptables et des représentants des chambres consulaires », Bercy lui propose aujourd'hui une enveloppe de 4 milliards, intégrant les 2,3 milliards pour le volet des prêts garantis par l'Etat et les 500 millions pour le dispositif d'activité partielle.

Des aides supplémentaires, 4 milliards envisagés

Car à l'issue des échanges qui se sont déroulés ce lundi, le gouvernement Castex a lui-même communiqué à la presse, une série d'avancées : avec tout d'abord, de premières réponses sur le terrain des aides, qui devraient venir compléter les 400 millions d'euros annoncés au sein du premier plan d'urgence du secteur, en décembre dernier.

A travers un communiqué, le gouvernement s'est engagé ce lundi soir à ce que « les commerces de matériel de ski et les activités annexes » soient éligibles aux aides en places telles que le Fonds de solidarité, qui permet de compenser jusqu'à 20% des pertes de chiffre d'affaires dans la limite de 200.000 euros par mois, pour celles qui perdent plus de 70 % de leur chiffre d'affaires. Un élargissement de l'accès à ce fonds serait notamment envisagé pour les professionnels encore non éligibles, comme les moniteurs de ski.

Matignon a également assuré que 70% des coûts fixes des entreprises « des secteurs les plus affectés par la crise, comme l'hôtellerie-restauration et l'hébergement, résidences de tourisme » seraient pris en charge, quel que soit leur chiffre d'affaires, dans une limite de 3 millions d'euros par entreprise. Le dispositif de chômage partiel serait quant à lui maintenu « à zéro coût » pour les acteurs de la montagne jusqu'à la fin de la saison, dès lors qu'ils perdent 50 % de leur chiffre d'affaires.

Une assiette plus large, un plan d'investissements encore à venir

Les professionnels de santé exerçant en stations devraient également avoir accès prochainement à un dispositif d'indemnisation spécifique, « leur garantissant la capacité à faire face à leurs charges fixes professionnelles », sans plus de précisions cependant à ce stade. 

Des mesures qui pourraient ainsi atteindre désormais une enveloppe globale de 4 milliards d'euros, selon les premières estimations du gouvernement, face à une filière désormais menacée par une saison blanche.

Soit dans le détail, près de 2,3 milliards pour le volet des prêts garantis par l'Etat, 600 millions pour l'abondement du fonds de solidarité (hors mois de décembre), 500 millions pour le dispositif d'activité partielle, ainsi que 300 millions pour le dispositif de soutien aux remontées mécaniques, et 200 millions d'exonérations de cotisations employeurs et d'aide au paiement des cotisations salariales. Aucune précision n'a été apportée à ce stade sur la manière dont le gouvernement compte financer cette rallonge.

Un grand plan tourisme de montagne, destiné cette fois à financer les investissements nécessaires en vue de proposer « une offre plus verte, plus diversifiée et plus compétitive dans les années à venir » a également été annoncé pour le printemps prochain.

En parallèle à ces mesures, le gouvernement n'a pas fixé d'horizon aux professionnels, actant seulement la fermeture des remontées mécaniques des stations de ski au minimum jusqu'au 1er mars. Le calendrier est donc une nouvelle fois repoussé, à l'heure où la France hésite encore à pencher en faveur d'un 3e reconfinement.

Alors que la plupart des stations françaises ferment habituellement leurs portes entre la fin mars et fin avril, tout porte à croire que la montagne française se dirige désormais vers une saison entièrement rayée de son calendrier.

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Commentaires 2
à écrit le 02/02/2021 à 13:47
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Ici, la neige est superbe. Peu de monde aux remontees mecaniques et le soleil est de la partie. Tout baigne. Bonne annee de Coree. En 22 votez mieux...

à écrit le 02/02/2021 à 9:45
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Sans une ouverture en Février, la saison est foutue. La saison 2021/2022 (si plus de Covid !) sera certainement très difficile. Les usagers de la montagne ont découvert d'autres moyens de la pratiquer et pour moins cher. Il reste aussi le problème de...

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