Présidentielle 2022 : Auvergne Rhône-Alpes suit la tendance nationale, mais le Rhône et Lyon font monter Mélenchon

A l'issue d'une campagne marquée par la crise sanitaire et la guerre en Ukraine, la France se dirige vers un duel entre Emmanuel Macron et Marine le Pen avec toutefois, un taux de participation légèrement meilleur que pressenti. En Auvergne Rhône-Alpes, les jeux sont plus contrastés en fonction des territoires, avec une candidature Jean-Luc Mélenchon qui monte, alors que la région était tantôt considérée tantôt comme un fief de la Macronie ou des Verts. Reste que dès hier soir, les exécutifs EELV de Lyon ont lancé un appel très clair à faire barrage contre l'extrême-droite. Gérard Collomb, de son côté, ne se prononce qu'à demi-mots.
A l'échelle d'Auvergne Rhône-Alpes, les résultats définitifs sont fidèles à la maille nationale, où le chef de l'Etat sortant obtient 27.75 %, contre 22,28% pour  Marine Le Pen et 21,20% pour Jean-Luc Mélenchon. Mais ce n'est pas le cas sur plusieurs territoires comme le Rhône ou la Métropole de Lyon, où une percée Mélenchon place l'insoumis en seconde position.
A l'échelle d'Auvergne Rhône-Alpes, les résultats définitifs sont fidèles à la maille nationale, où le chef de l'Etat sortant obtient 27.75 %, contre 22,28% pour Marine Le Pen et 21,20% pour Jean-Luc Mélenchon. Mais ce n'est pas le cas sur plusieurs territoires comme le Rhône ou la Métropole de Lyon, où une "percée" Mélenchon place l'insoumis en seconde position. (Crédits : Reuters)

(publié le 10/04/2022 à 21:00, actualisé le 11/04/2022 à 09:00)

C'était un premier tour particulièrement attendu, après une campagne jugée atone, voire même inaudible, à l'issue de deux années de crise sanitaire et du démarrage de la guerre en Ukraine, qui a bouleversé la donne sur la scène européenne.

Finalement, ce sont Emmanuel Macron et Marine Le Pen qui s'imposent à l'échelle nationale à 27,6% et 23,41% des suffrages exprimés, suivis par Jean-Luc Mélenchon (21,95%), qui rate de peu la marche pour le second tour, et Eric Zemmour (7,05%), selon les résultats du ministère de l'Intérieur. Le candidat écologiste Yannick Jadot serait quant à lui en 6e position, avec 4,79%, juste derrière la candidat LR Valérie Pécresse (4,58%), avec une abstention à 25,14%.

Vers 22h, les résultats partiels du Ministère de l'Intérieur évoquaient même un temps des résultats plus serrés, compris dans un mouchoir de poche, puisque sur la base 73% des électeurs inscrits, Emmanuel Macron était crédité de 27,17% des suffrages exprimés, contre 26,37% pour Marine Le Pen.

A l'échelle régionale, les premiers résultats pourraient illustrer une tendance quelque peu différente, en fonction des territoires : selon les chiffres définitifs, la Métropole de Lyon a par exemple voté d'abord Emmanuel Macron à 30,57% des suffrages exprimés, mais c'est cette fois Jean-Luc Mélenchon (28,95%) qui se place comme le second homme, tandis que Marine Le Pen est troisième (13,46%).

Dans le Rhône, le vote se serait plutôt dirigé, là aussi, vers un duel Emmanuel Macron (30,61%) - Jean-Luc Mélenchon (25,20%), Marine Le Pen là encore en troisième position (16,55%), tandis qu'en Isère, Emmanuel Macron récoltait 26,96 % des suffrages exprimés et comptabilisés à 23h, suivi de Marine Le Pen (23,89%) et de Jean-Luc Mélenchon (21,63%).

En Ardèche cependant, c'est Marine le Pen qui récolte, selon les résultats déjà définitifs, le première place à 25,18% des voix exprimées, suivies d'Emmanuel Macron (23,03%), et Jean-Luc Mélenchon (21,75%). Tout comme dans l'Allier, ou Marine le Pen récolte 27,06% contre 26,73 pour Emmanuel Macron, et 16,68 pour Jean-Luc Mélenchon.

De quoi nourrir, à l'échelle d'Auvergne Rhône-Alpes, des résultats définitifs fidèles à la maille nationale, où le chef de l'Etat sortant obtient 27.75 %, contre 22,28% pour  Marine Le Pen et 21,20% pour Jean-Luc Mélenchon.

Lire aussi EN DIRECT- Emmanuel Macron et Marine Le Pen au second tour de la présidentielle

Peu après 20h, le maire EELV Grégory Doucet qui s'était placé en soutien de la candidature de l'écologiste, n'a cependant pas attendu la déclinaison des résultats régionaux pour prendre acte et appeler, sur les ondes de BFM Lyon, à "faire barrage à l'extrême-droite" et "aux nationalistes", citant en exemple "ce que cela donne aux Etats-Unis ou en Russie avec la guerre en Ukraine".

Il assure qu'il votera Emmanuel Macron pour le second tour. Mais il ne le fera pas sans réserves : il appelle le président sortant à prendre "des engagements forts" et notamment à agir en "abandonnant par exemple le projet de retraite à 65 ans", qu'il juge "inopportun" et "inutile", ou encore à revenir sur son engagement de suivre, "sans filtre", les recommandations de la Convention citoyenne pour le climat.

Même chose pour le président EELV de la Métropole de Lyon Bruno Bernard, qui a également appelé lors de son passage en préfecture du Rhône vers 21 heures à voter Emmanuel Macron "sans conviction mais sans aucune hésitation" face à l'extrême droite, "qui n'a jamais été aussi proche de prendre le pouvoir en France".

De son côté, la candidate LR Valérie Pécresse s'est elle aussi d'ores et déjà rangée derrière un vote pour Emmanuel Macron lors du second tour, tandis que son QG rhodanien était déserté peu après 20 heures, selon plusieurs médias locaux qui se sont rendus sur place.

Le président de Région, Laurent Wauquiez, qui s'était affiché en soutien à la candidate lors de son dernier grand meeting de campagne à Lyon jeudi dernier, n'a cependant pas encore fait connaître son choix.

Auvergne Rhône-Alpes, un fief pour la Macronie comme pour les Verts

Reste que dans cette course, Auvergne Rhône-Alpes jouait un rôle tout particulier sur la scène nationale.

Cette petite France, qui pèse lourd sur l'échiquier français avec ses 8 millions d'habitants, le 2er PIB national après l'Ile-de-France et également son titre de première région industrielle, pouvait en effet être perçue comme l'un des fiefs de la Macronie en 2017.

Avec notamment, le soutien de l'ancien maire Gérard Collomb, qui avait accompagné la mise en orbite de la candidature d'Emmanuel Macron, avant de devenir son ministre de l'Intérieur, puis de se retirer finalement en octobre 2018, tandis qu'une autre figure régionale, le député isérois Olivier Véran, qui se positionnait lui aussi comme un soutien de longue date du président sortant, devenait finalement le "Monsieur Santé" du gouvernement Castex, en pleine crise Covid-19.

Mais depuis, les cinq années de quinquennat ont vu s'affaiblir le camp LREM, et assister, d'une part à la percée des écologistes lors des élections municipales et métropolitaines de juillet 2020 (avec les prises, en Auvergne Rhône-Alpes, de la ville et Métropole de Lyon, de Grenoble, Annecy et même Chambéry à travers une coalition). Puis, à travers les Régionales de 2021, le retour du camp Les Républicains de Laurent Wauquiez, qui avait décroché haut la main un second mandat.

Avec à chaque fois jusqu'ici cependant, une constante : un fort taux d'abstention enregistré lors des dernières élections (départementales, municipales, régionales, etc) souvent qualifié "d'historique", puisqu'il était compris entre 61 et 62% pour les municipales et métropolitaines de 2020, et de 66% aux Régionales de 2021.

D'ailleurs, à l'issue d'une campagne où il ne s'est pas non plus prononcé publiquement en soutien au chef de l'Etat sortant, l'ancien maire de Lyon et ex-ministre de l'Intérieur Gérard Collomb a publié, ce dimanche soir, un communiqué court, qui résonne plutôt comme une mise en garde : estimant que "les résultats de ce soir devraient permettre au président de la République de l'emporter au second tour. Mais la qualification de Marine Le Pen et le score important réalisé par Jean-Luc Mélenchon soulignent combien sont importantes les fractures qui parcourent la société française".

Et la figure lyonnaise, qui décorée de la Légion d'honneur le 8 mars dernier par Emmanuel Macron, lui avait finalement adressé son parrainage, estime qu'au "cours des deux prochaines semaines, pour l'emporter et l'emporter nettement, il faudra savoir redonner à nos concitoyens cette espérance qu'avaient suscitée dans le pays la candidature et la victoire d'Emmanuel Macron. Il faudra, pour relever les défis qui sont ceux de notre société, que soit affirmée une volonté de rassembler l'ensemble de nos concitoyens."

D'une présidentielle à l'autre

Côté chiffres, on se souvient que lors du premier tour de la présidentielle de 2017, c'était déjà, à l'échelle régionale, le candidat LREM Emmanuel Macron (24,50%) qui devançait à l'époque Marine Le Pen (20,72%), puis le LR François Fillon (20,20%) et l'Insoumis Jean-Luc Mélenchon (19,24%), avec un niveau d'abstention qui atteignait alors 20,67%.

Le tableau était toutefois encore différent de celui de 2002, où Auvergne Rhône-Alpes s'était illustrée un taux d'abstention s'établissant alors 20,29%, en plaçant alors Jean-Marie Le Pen directement à la première place du 1er tour (21,86%), suivi alors du LR Jacques Chirac (17,18%), et du PS Lionel Jospin (12,64%) qui n'avait pas accédé au second tour, puis de François Bayrou, qui représentait alors le centre, à 7,73%.

L'absention, première tendance de fond

Alors que tous les regards sont également tournés, ce dimanche soir, vers le niveau d'abstention, celui-ci pourrait s'avérer finalement à la fois meilleur et plus contrasté que pressenti. D'abord à l'échelle régionale, où il s'affiche déjà deux points en dessous de la maille nationale, à 22%.

Dans le Rhône, le taux de participation enregistré à 18h par la Préfecture du Rhône était par exemple très légèrement supérieur (67,11%) à celui constaté, à la même heure, lors du premier tour de la présidentielle de 2017 (66,68%), avec une tendance similaire au sein de la ville de Lyon (78,97% contre 75,70% à la même heure en 2017). De quoi aboutir à un taux d'abstention meilleur que la moyenne nationale, à 21,64%.

Mais ce n'était par exemple pas le cas en Isère, où l'on atteignait tout juste à 17h les 63,78 % contre 66,84% à la même heure en 2017, ou dans l'Ain, où l'on enregistrait 67,74% contre 70,32 % en 2017.

Quel vote pour les métropoles ?

En Auvergne Rhône-Alpes, où une "vague verte" avait transformé l'échiquier politique de plusieurs métropoles lors des élections municipales et métropolitaines de juillet 2020, le vote des villes sera lui aussi scruté de près.

En 2017, on se souvient notamment que la Métropole de Lyon votait déjà, dès le premier tour, Emmanuel Macron avec 20,87%, suivi de François Fillon (17,61%), Jean-Luc Mélenchon (15,72%), tandis que Marine Le Pen n'arrivait qu'en quatrième position (11,42%).

Tout comme Annecy, où Emmanuel Macron enregistrait alors (28,68%), François Fillon (24,63%), Jean-Luc Mélenchon (17,56%) et Marine Le Pen (14,03%). Cette année, dans la capitale de Haute-Savoie, Emmanuel Macron arrive encore en tête avec 33,38% des voix, suivi par Jean-Luc Mélenchon (21,22%) et Marine Le Pen (15,02%).

Clermont-Ferrand "roulait" également, lors du premier tour de 2017, avec Emmanuel Macron ( 29,56%), suivi cependant de Jean-Luc Mélenchon (25,62%), François Fillon (15,13%) et enfin Marine Le Pen (12,55%). Un renversement de situation en 2022, où Jean-Luc Mélenchon arrive en tête avec 31,15%, Emmanuel Macron deuxième (21,93%) et Marine Le Pen troisième (14,20%).

Grenoble choisissait quant à elle jusqu'ici Jean-Luc Mélenchon (21,38%), Emmanuel Macron (21,20%), François Fillon (11,20%), Benoît Hamon (7,99%). En 2022, le candidat LFI est largement en tête aec 38,94%, suivi par Emmanuel Macron (25,31%) et Marine Le Pen (10,21).

Même tendance à Saint-Étienne, qui choisissait quant à elle Jean-Luc Mélenchon (24,94%), Emmanuel Macron (24,82%), François Fillon (17,51%), Marine Le Pen (17,14%). En 2022, Jean-Luc Mélenchon réaffirme aussi son score avec 33,29%, suivi d"Emmanuel Macron (25,09%) et Marine Le Pen (16,65).

L'échelle des départements, avec le vote rural

Du côté des départements, qui incluent plus largement le vote du monde rural dont l'écart se creuse avec celui des métropoles, les résultats de ce premier tour 2022 seront également scrutés de près.

Pour rappel, lors des dernières présidentielles de 2017, le Rhône (département hors Métropole) avait voté, dès le premier tour, en faveur du LR François Fillon (18,90%), devant Marine Le Pen (18,62%), Emmanuel Macron (17,96%), Jean-Luc Mélenchon (11,88%).

En Isère, c'est plutôt Emmanuel Macron qui l'emportait à l'époque avec 19,16%, Marine Le Pen ( 17,27%), Jean-Luc Mélenchon (15,88%), François Fillon (13,19%). Cette année, Emmanuel Macron arrive en tête avec, suivi de nouveau par Marine Le Pen (23,03%) et Jean-Luc Mélenchon (22,83%).

Dans la Loire, Marine Le Pen arrivait quant à elle en tête avec 18,45% des voix, Emmanuel Macron (17,75%), Jean-Luc Mélenchon (14,37%), François Fillon (14,07%) lors du premier tour de la présidentielle de 2017. En 2022, le président sortant (2-,95%) double Marine Le Pen (25,33%), suivis de nouveau par Jean-Luc Mélenchon (20,25%).

A l'époque, les deux Savoie n'étaient pas sur la même longueur d'ondes avec, en Savoie, Emmanuel Macron en tête avec 18,01%, suivi de Marine Le Pen (16,91%), François Fillon (16,38%), Jean-Luc Mélenchon (14,51%). Ce dimanche, le classement est le même avec Emmanuel Macron (26,26%), Marine Le Pen (23,03%) et Jean-Luc Mélenchon (20,24%).

Tandis qu'en Haute-Savoie, en 2017, François Fillon jouait en tête (19,45%), suivi d'Emmanuel Macron (18,55%), Marine Le Pen (14,43%),  Jean-Luc Mélenchon (12,42%). Cette année, c'est Emmanuel Macron qui a pris la tête (30,53%), puis Marine Le Pen (20,54%) puis Jean-Luc Mélenchon (18,28%).

En 2017, dans le Puy-de-Dôme : Emmanuel Macron avec 21%, Jean-Luc Mélenchon avec 17,01%, Marine Le Pen avec 13,67% et François Fillon avec 12,68%. En 2022, Emmanuel Macron mène toujours (28%), suivi par Marine Le Pen (21,86%), Jean-Luc Mélenchon (20,84%) et Eric Zemmour (5,77%).

Pour le Cantal, en 2017, Emmanuel Macron menait avec 20,84% , François Fillon suivait avec 18,39%, puis  Marine Le Pen avec 14,17% et Jean-Luc Mélenchon avec 12,40%. En 2022, le président sortant passe à 28,42%, suivi de la candidate d'extrême doite (24,28%) et de Jean-Luc Mélenchon (14,69%) puis Valérie Précresse (7,93%).

Dans la Drôme, en 2017, Marine Le Pen était en tête avec 18,67% des voix, Emmanuel Macron avec 17,09%, Jean-Luc Mélenchon faisait 15,71% et François Fillon suivait avec 14,45%. En 2022, le président sortant prend la tête (24,78%), suivi de près par Marine Le Pen (24,22%) et Jean-Luc Mélenchon (22,39%) puis Eric Zemmour (7,55%).

Au nord de Lyon, dans l'Ain, en 2017, Marine Le Pen était en tête avec 19,59% des voix, puis Emmanuel Macron avec 17,72%, François Fillon avec 16,78% et Jean-Luc Mélenchon avec 12,44%. En 2022, le président sortant prend la tête (27,69%), suivi de près par Marine Le Pen (26,05%) et Jean-Luc Mélenchon (17,37%) puis Eric Zemmour (8,27%).

(Avec Zoé Favre d'Anne)

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Commentaires 2
à écrit le 11/04/2022 à 11:37
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Les candidats en lice au premier tour et que les scores ont déçu ne sont de loin pas aussi intelligents qu'ils voudraient le faire croire. Ils ne sont ni la providence, ni d'aucun secours contre les calamités qu'ils dénoncent sans retenue ni finesse....

à écrit le 11/04/2022 à 8:21
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"et déjà, un appel très clair des exécutifs EELV de Lyon à faire barrage contre l'extrême-droite. " Les verts et leur minable score appellent à voter Macron. Est-ce que cette année encore Greenpeace va appeler à voter aussi pour Macron afin de "sauve...

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