Régionales 2021 : ce que les filières industrielles attendent du futur exécutif

Première région industrielle de France, Auvergne Rhône-Alpes est aussi caractérisée par la multiplicité de son industrie : agroalimentaire, chimie, électronique, mécanique, santé etc. Toutes ces filières scrutent avec impatience les annonces des futurs candidats en matière de stratégie de soutien à l'investissement, réindustrialisation, structuration des filières, formation professionnelle…
L'amélioration de la compétitivité de nos entreprises mènera aux relocalisations et à une plus grande souveraineté industrielle, croît Bruno Voland, président de l'UIMM Lyon - France, qui attend de la Région une participation active au plan de relance.
"L'amélioration de la compétitivité de nos entreprises mènera aux relocalisations et à une plus grande souveraineté industrielle", croît Bruno Voland, président de l'UIMM Lyon - France, qui attend de la Région une participation active au plan de relance. (Crédits : UIMM)

La Loi Notre avait consacré la compétence économique des Régions. Celles-ci sont donc aujourd'hui à la manœuvre, en tandem avec l'Etat et les intercommunalités, pour porter le développement économique de leur territoire. En particulier en matière d'industrie, sujet devenu hautement stratégique depuis le début de cette crise sanitaire, en raison des aléas de souveraineté mis en lumière à cette occasion.

Sur ce point, le futur président d'Auvergne-Rhône-Alpes portera une lourde responsabilité, en se plaçant à la tête de la première région industrielle française. La filière y emploie en effet plus de 505.000 personnes, salariés et non-salariés (chiffres-clés Auvergne-Rhône-Alpes, édition 2021, CCIR) et génère 18,3% de la valeur ajoutée produite dans la région (contre 14,3% pour la France).

Santé, agroalimentaire, mécanique, textile, chimie, microélectronique... Auvergne-Rhône-Alpes a cette particularité d'être pluridisciplinaire avec l'implantation de plusieurs filières industrielles fortes.

Toutes sont évidemment particulièrement attentives, à l'approche des élections régionales, aux programmes et intentions des candidats. Même si aucune ne souhaite s'exprimer sur ses préférences quant à la couleur politique du futur exécutif régional, neutralité oblige, elles ont dans leur besace quelques idées pour leur lettre au Père Noël.

Electronique : relocaliser et réindustrialiser

"Ce n'est pas nouveau,mais la crise a mis en avant la nécessité de réindustrialiser. Cet enjeu est fort en Auvergne-Rhône-Alpes, notamment pour notre filière de la microélectronique et des technologies du numérique", pointe Antoine Perrin, président du pôle de compétitivité Minalogic.

Ce dernier représente 450 adhérents du territoire (PME, startups, grands groupes, ETI et laboratoires), positionnées sur l'électronique et les technologies du numérique. "Il s'agit aussi bien d'un enjeu économique que d'un enjeu de souveraineté". Pour lui, la Région peut accompagner le mouvement, via des soutiens à l'investissement et à l'innovation.

"Le mouvement est lancé, par exemple avec la troisième usine de Soitec, dont la technologie est utilisée par 100% des smartphones, mais nous pouvons encore amplifier le mouvement, en étant soutenus par les puissances publiques (Etat, Régions, collectivité)".

La Région dispose d'ailleurs déjà d'une feuille de route sur le sujet, notamment en matière d'Intelligence Artificielle, de cybersécurité ou encore de nouvelles technologies de calcul.

"La filière régionale électronique et numérique est de haut niveau, une des meilleures au niveau mondial, nous attendons de l'exécutif régional, première puissance publique interlocutrice, qu'il soutienne cette excellence".

Au-delà du soutien à l'investissement et à la R&D, Antoine Perrin évoque les infrastructures, la formation etc, autant d'impulsions potentiellement issues de la collectivité régionale et capables d'irriguer positivement le territoire, pour booster son attractivité. "Auvergne-Rhône-Alpes a un leadership indiscutable en matière de micro-électronique, il faut conserver notre avance".

Rendre le territoire encore plus attractif pour les pépites de la santé

Avec 39.000 salariés dans l'industrie et 1.250 établissements de santé sur le territoire, la filière de la santé pèse elle aussi lourd dans l'économie de la région.

"La santé est effectivement un marqueur très fort de la région Auvergne-Rhône-Alpes. Historiquement, nous avons toujours eu de nombreux sites pharmaceutiques et biochimiques. Depuis une dizaine d'années, le secteur s'est transformé, avec une externalisation de la R&D qui a fait émerger un écosystème local dense de startups innovantes", note Florence Agostino Etchetto, directrice générale de Lyonbiopôle.

Pour ce secteur, un des enjeux majeurs des prochains mois et des prochaines années sera de renforcer encore l'attractivité du territoire. "La crise va créer une concurrence nationale et internationale renforcée entre les territoires car la pandémie a mis le focus sur la perte de souveraineté industrielle et sanitaire. La relocalisation et la réindustrialisation passeront par la capacité des territoires à innover".

Pour cela, Florence Agostino considère que les territoires comme AuRA devront rester dans la course et démontrer leur capacité à être attractifs, notamment à l'égard des startups et biotechs innovantes, en les aidant à lever les freins en matière d'accès aux financements, mais aussi d'accès aux environnements médicaux et hospitaliers.

Elle ajoute : "La région AuRA est déjà bien placée, mais il faudra aller encore plus loin. Il en va de la conservation de nos richesses industrielles".

Accompagner les entreprises de la mécanique dans leur compétitivité

L'écho est un peu similaire, dans une autre filière, poids-lourd de l'économie régionale : celle de la mécanique et de la métallurgie. Là aussi, on surveille de près la concurrence entre les territoires et on dit vouloir travailler "main dans la main" avec la Région pour renforcer encore l'attractivité d'Auvergne-Rhône-Alpes.

Bruno Voland, le président de l'UIMM Lyon-France exprime, par ailleurs, une autre préoccupation : "AuRA est la première région de France en matière de sous-traitance. 80% de nos entreprises ont moins de 50 salariés. C'est à la fois une force, en termes d'agilité et de réactivité, mais cela peut aussi être source de fragilité".

Pour le patron du syndicat patronal lyonnais de la branche métallurgique, la Région a son rôle à jouer pour accompagner ces PME dans la préservation de leur compétitivité, "avant même de parler de relocalisation", notamment via la mise en œuvre du plan de relance.

"L'amélioration de la compétitivité de nos entreprises mènera aux relocalisations et à une plus grande souveraineté industrielle".

Une compétitivité que Bruno Voland n'oppose pas, au contraire, à la transition écologique. Même si un tel dossier s'avère parfois épineux pour les industriels de ce secteur, où le soutien de la Région sera apprécié pour accompagner ces transitions.

Enfin, les industriels de la mécanique et de la métallurgie souhaiteraient continuer de s'appuyer sur la collectivité régionale, pour épauler l'émergence de nouvelles filières en construction : vélo, batterie, hydrogène, etc. "La Région nous fédère et nous permet de travailler ensemble, c'est aussi l'une de ses missions fondamentales", reconnaît Bruno Voland.

Alors que la campagne "officielle" démarre doucement depuis l'officialisation de la candidature du président sortant Laurent Wauquiez, on ne connaît pas encore les principales propositions économiques des candidats. Mais le temps des visites terrain et des carnets de doléances a démarré.

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