Emploi : cinq chiffres pour comprendre la dynamique en Auvergne-Rhône-Alpes

France Travail (anciennement Pôle Emploi) a dévoilé, la semaine dernière, les perspectives de recrutement dans la région Auvergne-Rhône-Alpes. Avec un taux de chômage qui s'annonce stable et des intentions d'embauches qui retombent à la moyenne de 2019, ce tableau de la situation était l'occasion de mettre en avant les secteurs qui recherchent le plus de candidats, ainsi que les tensions qui perdurent dans certains corps de métier au sein de la première région industrielle de France.
Les prévisions de recrutements en Auvergne-Rhône-Alpes sont à la baisse de 13% par rapport à 2023, selon l'enquête menée par France Travail (ex Pôle Emploi).
Les prévisions de recrutements en Auvergne-Rhône-Alpes sont à la baisse de 13% par rapport à 2023, selon l'enquête menée par France Travail (ex Pôle Emploi). (Crédits : Reuters)

Pour mener cette enquête et mieux appréhender les besoins en recrutement dans la région ainsi que les secteurs en quête de candidats, France Travail (anciennement Pôle Emploi) a interrogé plus de 206.000 entreprises. Un quart d'entre elles, soit environ 50.000, ont répondu.

Et ce, dans un contexte d'insécurité et d'incertitude, l'étude ayant couru entre octobre et décembre 2023, alors que l'attaque du 7 octobre du Hamas en Israël ravivait le conflit israélo-palestinien, souligne Frédéric Toubeau, directeur régional France Travail Auvergne-Rhône-Alpes.

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Les chiffres présentés mettent en avant une diminution des intentions d'embauches, couplée à des pénuries fortes dans certains secteurs déjà identifiés. A noter qu'aucun des 12 départements de la Région n'échappe à ce constat, même si certaines disparités sont notables.

  • 321.700 projets de recrutements

Près d'une entreprise sur dix (28%) prévoit ainsi d'augmenter ses effectifs en 2024 contre 32% en 2023. En Auvergne Rhône-Alpes, cela devrait ainsi se traduire par le recrutement de 321.700 personnes cette année : il s'agit en réalité d'une baisse de 13% par rapport à 2023, qui avait été particulièrement dynamique en termes d'embauche. Ce fléchissement est plus élevé que la moyenne nationale, qui affiche une décroissance de 8%.

Les 12 départements d'Auvergne Rhône-Alpes sont concernés par cette tendance, avec néanmoins des écarts significatifs. La Loire, le Puy de Dôme et le Rhône accusent une chute de 15 à 18%, contre 6% pour le Cantal ou l'Ain par exemple.

Cette réduction est néanmoins à tempérer : 2022 et 2023 ont connu une hausse particulièrement importante des recrutements, suite à la pandémie et aux nombreux plans d'aide du gouvernement, estime Frédéric Toubeau, qui se veut rassurant, soulignant « des résultats quasi similaires avec 2019 ».

Mais malgré cette prévision à la baisse, la région concentre 12% des recrutements globaux prévus dans l'Hexagone.

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63% de recrutements prévus dans les services

Le secteur du service s'avère le plus dynamique en termes de recrutements, puisqu'il représente à lui seul 63% des projets prévus, en hausse de deux points par rapport à 2023.

Quatre segments devraient tout particulièrement avoir besoin de renfort en 2024 : l'hébergement et la restauration (16%), le support aux entreprises (14%), le commerce (13%) et la santé et l'action sociale (12%). Les transports et l'entreposage ainsi que l'administration publique arrivent en fin de classement (6%).

La chute des projets de recrutement s'avère néanmoins particulièrement importante dans l'agriculture et l'agroalimentaire (-27%), les transports et l'entreposage (-23%) ou la construction (-22%). A l'inverse, les secteurs de la banque, l'assurance, l'immobilier, l'informatique ou encore la communication (+9%) semblent vouloir embaucher davantage cette année.

Hors recrutement saisonnier, les cinq métiers les plus recherchés, identiques à 2023, sont les employés polyvalents de la restauration, les aides-soignants, les agents d'entretien locaux, les aides à domicile auxiliaires ou encore les serveurs de café.

Ci-dessous : La répartition des secteurs qui recrutent le plus

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  • 27% projets saisonniers

De son côté, l'emploi saisonnier, touché par la réforme de l'assurance chômage entrée en vigueur en octobre 2021, consolide cependant ses positions au sein des intentions d'embauches : il représente toujours près d'un quart (27% exactement) des intentions d'embauche en Auvergne Rhône-Alpes, soit une baisse minime de 1% comparée à 2023. Des chiffres qui demeurent légèrement inférieurs à la moyenne nationale, où l'emploi saisonnier représente 30% des projets de recrutement, en hausse de 2%.

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Cette typologie d'emploi est naturellement très ancré dans le Sud Est, le Sud et le Sud Ouest de la région comme en Tarentaise (67%), en Maurienne (58%), dans la Vallée de l'Arve (52%) ou le Chablais (45%) avec le tourisme lié aux sports d'hiver. On peut également citer une grande activité saisonnière liée à l'agriculture dans la Vallée de la Drôme (60% de projets saisonniers), Villefranche (44%), la Drôme Ardèche Nord (41%), Saint-Flour (35%). Et un cumul des deux activités à Aubenas (58%), Issoire (45%), et en Drôme Ardèche Sud (43%).

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  • 57% des recrutements jugés comme difficiles

Les employeurs estiment cependant que 57% des postes affichés devraient être difficiles à pourvoir, une situation moins complexe qu'en 2022 et 2023 où ce taux s'élevait à 62,6%. Si cette baisse de cinq points en l'espace d'un an est encourageante estime France Travail, ce chiffre a néanmoins explosé en 10 ans (+ 23 points), passant de 34,4% à 57%. La comparaison avec 2019 révèle, quant à elle, une légère hausse de 3% pour 2024, témoignant des tensions qui perdurent dans certains secteurs et sur certains corps de métier.

Les dirigeants d'entreprise évoquent ainsi plusieurs pistes pour expliquer la complexité de ces recrutements : la pénurie de candidats (89%), l'adéquation des profils (78%) et les conditions de travail (44%).

Deux tiers des départements accusent un taux de difficulté supérieur à la moyenne régionale. En Haute-Loire et en Haute Savoie, on estime que 65% des recrutements vont être compliqués. Une situation liée à la structure du tissu économique local.

Trois secteurs connaissent des difficultés majeures : santé et action sociale (72%), construction (72%) et industrie (62%). A l'échelle des métiers, cela concerne particulièrement les conducteurs de transport en commun, les ouvriers qualifiés en menuiserie et en agencement du BTP ainsi que les infirmiers, les sages-femmes et les aides à domicile.

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  • 6,5 % de taux de chômage

Au premier trimestre 2024, le taux de chômage s'élève à 6,5% en Auvergne-Rhône-Alpes, soit un point en dessous de la moyenne nationale. Avec un chiffre qui avoisine les 5% dans certains départements, souligne Frédéric Toubeau, cette situation se traduit par le recensement de 318.530 demandeurs d'emplois inscrits en catégorie A, n'ayant aucune activité.

Comparé au trimestre précédent, les résultats sont stables avec, néanmoins, une augmentation de 1,5% sur un an.

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Au sein des tribunaux de commerce, on note également 1.967 défaillances d'entreprise, « soit une hausse de 24% par rapport à 2019 », révèle le directeur régional de France Travail. Ce qui correspond, poursuit-il, à un effet de rattrapage par rapport au creux enregistré post-pandémie.

La politique du « quoi qu'il en coûte » et les PGE ont permis à des sociétés de maintenir leur activité pendant la pandémie et d'amorcer une reprise. Certains d'entre elles n'ont cependant pas réussi à se relancer ou ont été affectés par le contexte géopolitique actuel.

Dans le département du Rhône

29% des entreprises prévoient d'embaucher une ou plusieurs personnes en 2024. Ce qui devrait se traduire par 85.800 recrutements contre 100.900 en 2023, en baisse de 15% sur un an.

A eux seuls, les trois grands secteurs suivants cumulent 42% des recrutements prévus : services aux entreprises, santé humaine et action sociale et banque, assurance, immobilier, information, communication, informatique.

Dans ce département, les difficultés de recrutement sont comprises dans la moyenne régionale, avec un taux s'établissant entre 52 et 57%. Parmi les trois métiers que les entreprises auront le plus de mal à pourvoir, on trouve ainsi : les postes d'ouvriers polyvalents d'entretien du bâtiment, ceux d'experts et consultants en systèmes d'information, ainsi que les emplois d'aides à domicile et auxiliaires de vie.

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