Recrutement : en pleine colère agricole, le semencier Limagrain veut attirer plus de jeunes talents

REPORTAGE. C’est le deuxième employeur du Puy-de-Dôme avec 1.500 salariés (9.500 dans le monde). Limagrain poursuit son développement et cherche à recruter. Pour attirer des talents, le groupe, propriétaire des marques Jacquet et Brossard et quatrième semencier mondial, a accueilli la semaine dernière 550 lycéens et étudiants lors d’une grande opération portes ouvertes. Il met en place, en parallèle, de politiques RH afin de fidéliser ses collaborateurs.
Coopérative agricole détenue par 1.300 agriculteur, Limagrain a fait le pari d'accueillir 550 étudiants et lycéens dans ses locaux la semaine dernière.
Coopérative agricole détenue par 1.300 agriculteur, Limagrain a fait le pari d'accueillir 550 étudiants et lycéens dans ses locaux la semaine dernière. (Crédits : DR Limagrain)

Des étudiants de l'école de commerce EM Lyon, de VetAgro Sup, de l'ISIMA (école d'ingénieur en informatique) ou bien inscrits dans des BTS de génie biologique ou de logistique... Ils étaient 550 la semaine dernière à être accueillis au siège social de Limagrain à Saint-Beauzire, à quelques kilomètres de Clermont-Ferrand.

Une opération portes-ouvertes inédite qui a permis à ces jeunes de découvrir le groupe dans sa diversité au travers d'ateliers et de témoignages de salariés.

Lire aussi Le semencier auvergnat Limagrain s'engage dans l'agriculture verticale

« Nous avons inversé le processus. Habituellement, c'est nous qui nous rendons dans les écoles ou sur des forums. Nous participons à une trentaine d'actions partout en France chaque année, mais là, l'idée était de les accueillir pour qu'ils puissent rencontrer nos experts et comprendre qui nous sommes », explique Valérie Monsérat, directrice marque employeur et diversité chez Limagrain (2,5 milliards d'euros de chiffre d'affaires).

« Nous avons tout à gagner à ouvrir nos portes. Cela renforce notre image employeur aussi en interne », renchérit Quiterie Foulet, directrice générale adjointe de Limagrain et DRH du groupe.

800 à 1.000 recrutements chaque année

L'entreprise, qui compte 9.500 salariés, indique ne pas connaître de problèmes d'attractivité et ne pas rencontrer, non plus, de difficultés majeures dans ses recrutements.

Mais elle souffre d'un manque de connaissance de ses filières : « Je ne savais pas que Limagrain faisait autant de choses et notamment que les marques Brossard et Jacquet, c'était eux », s'étonne Mathieu, 20 ans, étudiant en BTS en Sciences et Technologies des Aliments venu avec sa classe pour ses portes ouvertes.

Coopérative agricole détenue par 1.300 agriculteurs, le groupe Limagrain compte en fait de nombreuses activités, notamment semencières (grandes cultures, potagères, produits de jardin avec Vilmorin) mais aussi agroalimentaires avec ses marques de pains et de gâteaux, très connues du grand public.

Ce qui fait que l'entreprise est en mesure de proposer des postes divers et variés : de la production agronomique à la vente, en passant par la recherche. Là où elle rencontre le plus de tensions pour recruter, ce sont autour des métiers liés à l'industrie comme la maintenance ou les conducteurs de ligne et ceux liés à l'informatique et au marketing.

Lire aussi Le semencier auvergnat Limagrain veut sortir sa filiale Vilmorin de la Bourse

Attirer de jeunes profil est donc un enjeu de taille. « Chaque année, nous recrutons 800 à 1.000 personnes car Limagrain se développe. Ce que nous voulons montrer c'est que nous avons un ancrage local très fort en Auvergne, mais que nous avons en même temps une envergure internationale. Nous sommes le quatrième semencier mondial, nous sommes présents dans plus de 50 pays et réalisons des ventes dans près de 150. Il faut faire valoir cette singularité, c'est une richesse extraordinaire », souligne Valérie Monsérat.

Plusieurs dizaines de CV déposés

Si cette journée n'était pas l'occasion de passer des entretiens d'embauche, les étudiants ont pu visualiser et candidater à des offres de stages, d'alternance et des premiers emplois, certains en CDI. Limagrain a reçu plusieurs dizaines de CV au cours de la journée. Notamment celui d'Imam, 24 ans, en licence professionnelle logistique et pilotage de flux à l'IAE de Clermont-Ferrand.

« Je viens de déposer mon CV pour un stage de quatre mois dans le service Supply Chain. Cela pourrait me permettre de valider ma licence. Je ne me suis jamais intéressée aux domaines de l'agroalimentaire ou des semences, mais j'apprécie l'évolution possible au sein de l'entreprise. Nous avons rencontré un salarié qui a commencé en intérim et qui est désormais responsable d'un service », raconte la jeune femme.

Sa camarade Anaïs, elle, est tentée par un VIE (volontariat international en entreprise) à l'étranger avec Limagrain. « Ça fait rêver ! Cela montre qu'on n'a pas besoin de quitter son territoire auvergnat pour trouver des postes intéressants. Cela offre des opportunités. En Auvergne, on n'a que Limagrain et Michelin comme grandes entreprises », note cette étudiante de 20 ans.

Lire aussi Recrutement en entreprise : « Il faudra s'adapter à la jeunesse » (Gilles Courteix, Medef Lyon-Rhône)

Innovation sociale

En parallèle de ses actions auprès des jeunes, Limagrain est en contact avec des réseaux d'anciens diplômés de Grandes Écoles et travaille avec tous les acteurs de l'emploi, dont Pôle Emploi (désormais France Travail) notamment pour trouver les 400 à 600 saisonniers nécessaires l'été pour les activités de la coopérative et du groupe. Une fois recrutés, il faut aussi fidéliser ces collaborateurs.

« Nous avons, entre autres, mis en place une couverture prévoyance avec un congé pour proche aidant ou présence parentale, qui va au-delà des dispositions légales. Nous avons aussi un système d'intéressement que nous avons étendu à l'ensemble du Groupe, y compris à l'étranger. Et puis nous sommes sur des secteurs, l'agriculture et l'agroalimentaire, qui sont essentiels et porteurs de sens. Nous avons travaillé sur notre raison d'être en remettant l'agriculteur au centre. C'est un atout pour développer la fierté d'appartenance au Groupe », argumente Quiterie Foulet.

Reste un défi pour l'entreprise : remplir ses objectifs en termes d'égalité femmes-hommes, à l'aube de la journée du 8 mars. « 16 % de nos dirigeants sont des femmes. Nous avons l'ambition d'atteindre 30 % d'ici 2026 », met en avant la DRH.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.