Vaccin Covid (Sanofi / GSK) : « La production a déjà été lancée et les doses sont disponibles » (Paul-Alan Dollinger)

Un peu plus de deux ans après le démarrage de la pandémie, la laboratoire lyonnais Sanofi s’apprête à faire sa rentrée avec son vaccin contre le Covid, qui n’attend plus que l’approbation des autorités de santé européennes. Paul-Alan Dollinger, directeur général délégué de Sanofi Pasteur, l’a confirmé sur le plateau de Lyon Business : il s’attend bien à ce que les volumes de contrats passés avec l’UE de 75 millions de doses soient honorés, en visant le marché des produits de rappel. Et ce, alors que le groupe confirme en parallèle des investissements massifs dans son berceau d’origine, à Lyon, pour y implanter deux projets phares de bioproduction.
« Aujourd'hui, on sait que la meilleure offre pour la réponse pandémique est l'ARNm, mais il y a bien d'autres plateformes pour répondre à d'autres enjeux », affirme Paul-Alan Dollinger, directeur général délégué de Sanofi Pasteur.
« Aujourd'hui, on sait que la meilleure offre pour la réponse pandémique est l'ARNm, mais il y a bien d'autres plateformes pour répondre à d'autres enjeux », affirme Paul-Alan Dollinger, directeur général délégué de Sanofi Pasteur. (Crédits : DR)

On sait à quel point le vaccin français était attendu depuis le démarrage de la pandémie, en mars 2020 : le candidat vaccin de Sanofi, développé en collaboration avec le britannique GSK, devrait finalement arriver sur le marché à l'automne 2022, soit deux an et demi après le démarrage de la crise sanitaire, sous réserve de l'approbation des autorités de santé, qui sont en train de l'étudier.

« Nous attendons une décision incessamment », confirme Paul-Alan Dollinger, directeur général délégué de Sanofi Pasteur sur le plateau de Lyon Business (BFM Lyon / La Tribune).

Et même si le virage de l'ARNm aura été une étape déterminante dans l'avenir du laboratoire Sanofi, qui a fait l'objet d'une intense campagne de Sanofi bashing durant plusieurs mois, ce n'est pas cette technologie qui a été choisie dans ce développement conjoint avec GSK, mais bien celui de la protéine recombinante.

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Paul-Alan Dollinger, l'assume : « L'ARNm est l'un des avenirs du vaccin, j'aime bien prendre l'exemple du virus respiratoire qui touche les nouveaux nés et personnes âgées, (...) car cela illustre l'importance de pouvoir jouer sur différentes plateformes pour développer les meilleurs vaccins, en fonction de la cible virus/bactérie ou du groupe d'âge ciblé ».

Une cible : le marché de la dose de rappel universelle pour le Covid

Sa cible demeure toujours de s'inscrire sur le marché de la dose de rappel universelle, comme l'avait déjà annoncé, il y a quelques mois, l'ex-président de Sanofi France, Olivier Bogillot.

« Les résultats sont bons et nous savons que nous vaccin recombinant adjuvé a démontré son efficacité pendant la période où il existait déjà des variants. Nous avons des données comparatives de la part de l'APHP qui confirment que l'effet de rappel stimule la montée des anticorps encore mieux que le fait le vaccin Pfizer. La tolérance est également très bonne tandis que le vaccin peut se conserver au réfrigérateur, comme un vaccin classique », ajoute le directeur général délégué de l'institut Pasteur.

Alors que l'Union européenne avait converti sa première commande de 300 millions de dose de vaccins, passées durant le Covid, en 75 millions de doses de doses de rappel, le groupe Sanofi a confirmé sur le plateau de BFM Lyon qu'il avait déjà commencé la production et comptait bien se tenir « prêt » à honorer les doses commandées.

Paul-Alan Dollinger confirme que le créneau demeure porteur : « Le vaccin que nous développons est un vaccin nouvelle génération qui fonctionne contre les nouveaux variants. Nous pouvons donc remplir ce besoin de vaccination pour le rappel universel. La production a déjà été lancée et les doses sont disponibles, puisqu'il s'agit pour nous de pouvoir fournir les doses dès que nous recevons l'autorisation ».

Et d'ajouter : « Nous avons des contrats en particulier avec l'Union européenne et le Royaume Uni et nous comptons bien pouvoir les honorer ».

Paul-Alan Dollinger Sanofi Lyon Business

Une transition au départ de Lyon

Il n'empêche : le laboratoire lyonnais, qui a entamé une transition massive et qui se veut urgente vers l'ARNm, a confirmé des investissements massifs dans son berceau d'origine, à Lyon, pour y implanter deux projets phares de bioproduction. Avec une cible : produire 10 candidats vaccins d'ici 2025, dont 6 en ARNm.

Son site de Neuville-sur-Saône qui fête ses 150 ans, est d'ailleurs l'un des premiers appelés à se transformer pour accueillir une nouvelle usine de bioproduction de vaccins d'ici à 2025 (pour 490 millions d'euros), tandis que le groupe (qui emploie 100.000 collaborateurs à l'échelle mondiale, dont 25.000 en France), confirme sa volonté de continuer à faire de la place lyonnaise(7.200 salariés) le cœur de l'innovation mondiale du groupe en matière de vaccins. En témoigne notamment les 120 millions d'euros investis au sein du nouveau centre de R&D dédié aux vaccins de Marcy l'Etoile.

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Et cela, même si le laboratoire ne réalise en réalité plus que 5% de son CA mondial en France, contre 60% aux Etats-Unis par exemple.

« Il existe à Lyon à la fois cette histoire, cet ancrage, mais aussi la compétence, les investissements ainsi que les synergies avec l'écosystème : ce sont tout un tas de raisons qui font qu'aujourd'hui, le plus gros des investissements en France est réalisé sur le bassin lyonnais. On parle même de plus d'un milliard d'euros sur 10 ans pour l'EVF, et de 935 millions d'euros sur l'ARNm d'ici 2026, et une grande partie de cette somme sera à Lyon également ».

Retrouver le rang de leader mondial

C'est d'ailleurs dans les locaux du groupe que Jean Castex avait annoncé en mars 2022 la stratégie nationale de lutte contre les maladies infectieuses de 750 millions d'euros pour l'ARN messager.

Face à l'objectif, annoncé par l'Etat, de parvenir à produire 20 biomédicaments d'ici 2030, Sanofi s'était lui-même fixé la cible ambitieuse de développer « 10 nouveaux candidats vaccins, dont six en ARNm » d'ici 2025. Là encore, ce seront principalement Marcy l'Etoile et Neuville qui seront à la manœuvre.

« Marcy l'Etoile est le cœur de la R&D de Sanofi en France, avec plus de 800 collaborateurs auquel on a ajouté depuis l'an dernier une nouvelle plateforme ARNm de 200 collègues qui ont été dédiés à cette plateforme. Ce qui est intéressant, c'est qu'elle nous permet d'aller plus vite ».

Paul-Alan Dollinger est également revenu sur la cible fixée par le DG de Sanofi, Paul Hudson, visant à retrouver ses positions de n°1 mondial des vaccins (après avoir chuté à la 3e place, ndlr), une fois la pandémie passée :

« Lorsqu'on s'est lancé avec les encouragements des autorités de santé en 2020, on savait que notre technologie pouvait marcher, mais ce que l'on ne savait pas, c'est que l'ARNm pouvait aller plus vite. Aujourd'hui, on sait que la meilleure offre pour la réponse pandémique est l'ARNm, mais il y a bien d'autres plateformes pour répondre à d'autres enjeux », ajoute-t-il.

Retrouvez l'intégralité de l'interview ici

Un décideur chaque semaine

Pour rappel, le groupe La Tribune et BFM Lyon s'unissent depuis la rentrée dernière pour vous proposer, à travers l'émission Lyon Business (tous les mardis à 17h45), l'interview d'un décideur de l'économie lyonnaise au coeur de l'actualité.

Une occasion de décrypter ensemble les enjeux des dossiers et tendances de l'économie locale, animée par Elodie Poyade pour BFM Lyon et Marie Lyan pour le bureau Auvergne Rhône-Alpes du journal La Tribune.

Une émission à retrouver en direct et en replay sur la chaîne BFM Lyon, disponible sur le canal 30 de la TNT et sur les chaines 479 (box SFR), 360 (Orange), 315 (Bouygues) et 915 (Free), ainsi que sur le bureau Auvergne Rhône-Alpes de La Tribune.

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Commentaires 3
à écrit le 10/02/2024 à 10:22
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Sur le vaccin COVID, je ne sais s'il faut en rire ou en pleurer. Sur la plateforme ARNM, oui, il faut foncer et rattraper notre retard !

à écrit le 07/11/2022 à 16:57
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j'attend avec impatience l vaccin sanofi contre le covid je refuse d'avoir une troisieme dose d'un autre vaccin je n'ai confiance qu 'en SANOFI

à écrit le 30/09/2022 à 20:38
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Comme le dit si bien le proverbe : "tout vient à point à qui sait attendre" ! Néanmoins, on aurait pu penser qu'au Pays de Pasteur une certaine dynamique aurait pu voir le jour...

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