Le réseau de gaz de la métropole de Clermont-Ferrand, c'est 1.290 kilomètres de canalisations et près de 88.000 foyers desservis. Sans grande surprise, GRDF vient de se voir renouveler son contrat de concession pour la distribution publique de gaz pour encore 20 ans (2024-2044).
Pierre angulaire de ce partenariat signé la semaine dernière avec Clermont Auvergne Métropole : la décarbonation. Le contrat met l'accent sur le déploiement sur le territoire de gaz renouvelables, notamment le biométhane, produits localement. Avec un objectif clair : acheminer 100 % de gaz verts d'ici 2050 et même atteindre cette ambition si possible dès 2044, à la fin du contrat.
Plusieurs étapes sont envisagées afin de parvenir à cette neutralité carbone. Les premiers jalons seront posés dès septembre de cette année avec l'injection de biométhane provenant de la Station d'épuration des 3 rivières, située à Clermont, et du site de méthanisation du Valtom, le pôle de valorisation des déchets ménagers du Puy-de-Dôme et du nord de la Haute-Loire.
« Chacun de ces équipements doit produire 25 gigawattheures de gaz vert, ce qui permettrait de chauffer l'équivalent de 2.000 logements ou d'alimenter une flotte de 60 bus roulant au bioGNV pendant un an », souligne Philippe Métais, délégué territorial Clermont Auvergne chez GRDF.
Se chauffer grâce à sa chasse d'eau
Le distributeur place, d'ailleurs, le biométhane comme un pilier central de la stratégie énergétique locale, car sa croissance est la plus rapide.
« Les Clermontois qui sont équipés au gaz vont pouvoir se chauffer, prendre leur douche, cuisiner avec leur propre chasse d'eau, puisque la station d'épuration va émettre du gaz vert pour alimenter le réseau dès la fin de cette année », résume avec le sens de la formule Guilhem Armanet, directeur clients territoires de GRDF Sud-Est.
Pour l'installation du Valtom, c'est même une prouesse technique et une première européenne qui est mise en avant. Grâce à la technologie Wagabox, développée par l'entreprise grenobloise Waga Energy, il s'agira de « mixer » deux types de gaz pour en produire un seul et l'injecter dans le réseau : le premier émanant du site d'enfouissement de déchets ménagers et le second produit par l'usine de méthanisation Vernéa, à partir des déchets verts et des bio déchets collectés.
Cinq méthaniseurs en projet dans le Puy-de-Dôme
Mais ces sources de production ne suffiront pas à combler les besoins en gaz de la métropole (estimés à 1,5 térawattheures par an). Cinq projets de méthaniseurs agricoles devraient aboutir dans le département d'ici trois ans, notamment à Issoire ou à Saint-Nectaire, pouvant alimenter également le réseau. Plus globalement, GRDF compte s'appuyer sur le développement de ces installations dans toute la région.
« En Auvergne-Rhône-Alpes, il n'y avait pas d'injection de gaz renouvelable il y a encore quatre ans, aujourd'hui nous avons 56 méthaniseurs, nous sommes lancés dans une dynamique très forte pour avoir du gaz renouvelable made in Auvergne. Et c'est la campagne qui va alimenter la ville, cela contribue à l'équilibre entre les territoires », s'enthousiasme Guilhem Armanet de GRDF. « Ce gaz vert devrait représenter 20% de la consommation totale de gaz d'ici 2030. »
Afin de raccorder les nouvelles installations et d'acheminer ce gaz vert, d'entretenir et de moderniser le réseau... L'opérateur de service publique prévoit d'investir 14,5 millions d'euros sur les 20 prochaines années dans la métropole de Clermont-Ferrand. « Nous tablons sur un amortissement dans les 30 ans », souligne Philippe Métais.
Parallèlement au verdissement du gaz, GRDF mise sur une réduction de la consommation de gaz grâce aux efforts de sobriété de chacun et travaille sur l'accompagnement des résidents du territoire sur le sujet. Car faute de ressources suffisantes à disposition, le 100% gaz vert ne sera possible qu'à la condition que nos consommations en gaz diminuent.
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