France, Etats-Unis… Le biogaz de Waga Energy au cœur de la souveraineté énergétique des Etats

C'est l'une des jeunes pousses que la nouvelle secrétaire d’État chargée du Numérique, Marina Ferrari, rencontrera dès ce lundi, à l'occasion de sa première visite dans la région. Et pour cause : le grenoblois Waga Energy vient d'annoncer une croissance de +74% de son chiffre d’affaires, et répond à un double défi : assurer la souveraineté énergétique des Etats, grâce à une production locale de biométhane issus des déchets, et accompagner la sortie des énergies fossiles.
Avec ses 23 unités en exploitation ou en construction en Europe, Waga Energyse lance désormais dans une vaste conquête du marché américain. La jeune pousse du biométhane recevra d'ailleurs la visite de la nouvelle Secrétaire d’État chargée du Numérique, Marina Ferrari, ce lundi.
Avec ses 23 unités en exploitation ou en construction en Europe, Waga Energyse lance désormais dans une vaste conquête du marché américain. La jeune pousse du biométhane recevra d'ailleurs la visite de la nouvelle Secrétaire d’État chargée du Numérique, Marina Ferrari, ce lundi. (Crédits : Waga Energy)

Créée en 2015 par trois ingénieurs du groupe Air Liquide, Waga Energy a enregistré en 2023 un chiffre d'affaires de 33,3 millions d'euros (avec 200 salariés environ) contre 19,2 millions d'euros l'année précédente. Soit une croissance de +74%, portée par des enjeux très actuels. Son chiffre d'affaires annuel récurrent contractualisé s'affiche quant à lui à 100 millions d'euros fin 2023.

C'est d'ailleurs la raison pour laquelle elle fait partie des jeunes pousses « au rayonnement international », triées sur la volet, pour accueillir la première visite dans la région de la nouvelle Secrétaire d'état au Numérique, Marina Ferrari.

Avec son concept de raffinerie permettant de filtrer et valoriser en biométhane le gaz à effet de serre issu des sites de stockage de déchets, via un procédé associant filtration membranaire et distillation cryogénique, la startup grenobloise se situe tout pile au carrefour de deux défis : d'un côté la souveraineté énergétique des Etats, remise fortement sur le devant de la scène depuis la guerre en Ukraine, et de l'autre la nécessaire sortie de l'énergie fossile.

« Transformer le gaz des sites de stockage de déchets en biométhane est un des moyens les plus efficaces pour atténuer le réchauffement climatique à court terme, tout en produisant une énergie renouvelable et locale », insiste Mathieu Lefebvre, président cofondateur de l'entreprise, parti tout récemment au Forum de Davos dans les valises d'Emmanuel Macron.

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Fin 2023, l'entreprise exploitait 18 unités de production, cinq de plus qu'en 2022 (deux en France, deux au Canada et une en Espagne). Au total, elles ont injecté quelque 63 GWh de biométhane, soit 55% de plus que l'année précédente. Avec ses 18 « Wagabox », elle dispose désormais d'une capacité installée de 675 GWh, soit l'équivalent (selon l'entreprise) de 67 millions de litres d'essence.

Et ces chiffres devraient désormais progresser de façon exponentielle. En particulier, grâce au marché américain.

Six contrats signés aux Etats-Unis en 2023

Avec 2.700 sites de stockage de déchets représentant un potentiel de valorisation énergétique de plus de 100 TWh/an, les Etats-Unis représentent le marché numéro 1 de la startup grenobloise. Et elle y a mis les moyens, avec l'un de ses associés Guénaël Prince installé sur place à Philadelphie et une soixantaine de salariés répartis entre ses bureaux américain et canadien ouverts en 2019.

Depuis, sept contrats pour l'installation et l'exploitation d'unités de production de biométhane ont été signés sur le sol américain. Dont six en 2023 : trois avec Casella Waste Systems, un avec le comté de Scott (Davenport), un avec le comté de Chester (Pennsylvanie) et un avec l'entreprise Decatur Hills Landfill (Indiana). L'entreprise affirme par ailleurs être en négociations exclusives pour d'autres projets représentant un potentiel de capacité installée de 1 TWh/an. En parallèle, quatre projets ont été signés au Canada.

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Et pourtant, c'est bien là, aux Etats-Unis, que sont implantés l'essentiel des concurrents de Waga Energy. Des mastodontes, face à la jeune pousse française : notamment Archaea Energy entrée dans le giron de BP il y a deux ans ou encore Montauk.

« Malgré cette concentration américaine de nos concurrents, la performance de notre technologie nous permet de convaincre », vante le président de Waga Energy qui anticipe une accélération forte des ventes dès lors que la première unité américaine sera opérationnelle et servira de vitrine de son savoir-faire.

Un financement de 60 millions d'euros pour porter les premiers projets américains

Le business model de Waga Energy est le suivant : elle construit ses unités en France (essentiellement via des sous-traitants d'Auvergne Rhône-Alpes), et en reste propriétaire. Elle achète le gaz aux exploitants des sites de déchets et revend le biométhane aux énergéticiens, avec des contrats de dix à vingt ans. Ce modèle nécessite des investissements importants et une forte solidité financière puisque l'investissement initial consenti dans l'unité de production (plusieurs millions à chaque fois) n'est rentabilisé qu'après plusieurs années d'exploitation.

Pour porter sa croissance aux Etats-Unis, la filiale américaine de Waga Energy a décroché tout récemment, un financement de 60 millions d'euros du gestionnaire d'actifs Eiffel Investment Group. Cette enveloppe sera dédiée à la construction des quatre premiers projets américains. En 2020, Eiffel avait déjà accordé un financement obligataire de 20 millions d'euros pour financer les quatre premières unités françaises (plus modestes).

Un marché néanmoins frileux

Lors de son introduction sur le marché boursier en 2021, Waga Energy avait annoncé un objectif de 200 millions d'euros de chiffre d'affaires à l'horizon 2026. Trois ans plus tard, à l'occasion de la présentation annuelle de son bilan 2023 et des perspectives à venir, la startup grenobloise, a néanmoins confirmé ses prévisions dans un environnement économique et géopolitique chahuté.

Car si la continuité affichée aurait pu rassurer le marché, elle ne semble en réalité pas avoir rassasié les ambitions des investisseurs. Alors que l'action était cotée à 24,20 euros le 8 février dernier, - jour où les résultats et les perspectives de l'entreprise étaient dévoilés-, elle a chuté en fin de semaine dernière à 21,60 euros.

Le point culminant se situant début 2022 avec un cours de l'action à 38,30 euros, dopé alors par les annonces des résultats 2021. Malgré des commentaires plutôt encourageants des analystes, les investisseurs espéraient sans doute cette année une performance supérieure à celle envisagée, et, surtout un horizon de rentabilité plus certain. Waga annonce un seuil de rentabilité Ebitda qui devrait être atteint courant 2025.

« Cette réaction du marché est un peu décevante, c'est certain, car nos performances sont excellentes. Nous réussissons à maintenir le cap annoncé alors que le contexte n'est pas favorable. La valorisation de l'entreprise n'est actuellement pas au niveau mais peu importe, nous allons démontrer notre solidité », balaie Mathieu Lefebvre.

L'Europe, deuxième marché prioritaire

Si les Etats-Unis s'annoncent porteurs pour son marché, Waga Energy a fait le choix de ne pas placer tous ses oeufs dans le même panier. L'Europe constitue sa deuxième zone géographique prioritaire. La France compte déjà 23 unités en exploitation ou en construction, l'Espagne une unité et Waga poursuit son développement au Royaume-Uni et en Italie notamment.

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Le marché européen est d'autant plus prioritaire que l'Union européenne a fixé, dans le cadre du plan RepowerEU, un objectif annuel de production de 35 milliards de mètres cubes de biométhane d'ici 2030, avec des investissements ciblés de l'ordre de 37 milliards d'euros.

Pour atteindre ses objectifs, Waga Energy évoque un plan d'investissement de l'ordre de 600 à 750 millions d'euros est annoncé sur la période 2022-2026, avec un taux d'endettement de l'ordre de 60 à 80%.

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