A Lyon, le "handbike" de Benur veut lever jusqu'à un million pour favoriser l'accessibilité

Série d'été [Vélo, la filière made in AURA qui grimpe #4] Avec Benur, le lyonnais Jospeh Mignozzi veut rendre la mobilité douce plus accessible aux personnes à mobilité réduite. Avec à la clé, une levée de fonds d'un million d'euros envisagée à l'automne, pour exporter son concept en dehors des frontières régionales. Pour l'heure, c'est auprès des collectivités et acteurs du tourisme qu'il essaie de faire valoir son produit, un "handbike" prônant une mobilité plus inclusive, dont le modèle est tourné vers la location.
Plutôt que de vendre son handbike aux particuliers, l'objectif de Benur est de sensibiliser les collectivités et les acteurs du tourisme pour qu'ils prennent en charge son installation, en les proposant à la location.  Il a déjà rencontré 180 communes sur les six derniers mois.
Plutôt que de vendre son handbike aux particuliers, l'objectif de Benur est de sensibiliser les collectivités et les acteurs du tourisme pour qu'ils prennent en charge son installation, en les proposant à la location. Il a déjà rencontré 180 communes sur les six derniers mois. (Crédits : DR Benur)

Benur est un vélo inclusif, utilisable facilement par les personnes en situation de handicap. A Lyon, son fondateur, Joseph Mignozzi, a créé le prototype dans son garage lorsqu'il était lui même en fauteuil suite à un accident.

Cet ancien restaurateur avait réalisé le défi qu'est la mobilité en ville et regrette de ne plus pouvoir utiliser la station de Velo'v en bas de chez lui. Rétabli en 2016, l'idée à continuer de le travailler. "Une fois que j'avais fait ce constat, je ne pouvais pas reprendre ma vie d'avant en sachant ça. J'ai décidé qu'il fallait que j'essaie de faire en sorte que les PMR aient accès aux mobilités douces, dont elles sont exclues."

L'idée de Benur, c'est que la personne à mobilité réduite puisse l'utiliser, sans aide, et facilement. Une trappe à l'arrière permet de monter dans la nacelle et sert aussi de rampe pour les fauteuils.

La trappe est fermée avec une corde à l'avant, et les sièges intérieurs sont amovibles facilement pour s'adapter à tous les mal marchants, pas uniquement les personnes en fauteuil roulant.

Le vélo avance grâce à un pédalier à main, un maindalier, ou avec une gâchette comme les trottinettes électriques. Il se recharge sur secteur ou en maindalant.

Douze vélos en cours d'expérimentation

Une fois son prototype "maison" achevé, Joseph Mignozzi, toujours en fauteuil à ce moment là, avait complété un tour de France de 4.000 kilomètres avec pour le tester et l'améliorer. C'est à ce moment qu'il a aussi décidé de travailler sur le design, pas toujours pris en compte dans dans les équipements pour PMR.

Le projet est né en 2013, mais la société n'aura ensuite vraiment vu le jour qu'en 2017, après une période d'incubation d'un an à Ronalpia. Il a été entièrement financé par Joseph Mignozzi à ses début, du prototype, à la preuve de concept jusqu'au process industriel. Le premier prototype lui a coûté 100.000 euros, recherche et développement inclus. Des financeurs comme BPI, RDI, France Active et le Crédit Coopératif l'ont ensuite aidé à accélérer le projet. Désormais, la société, qui emploie six salariés, construit ses handbikes entièrement en France.

Une première levée d'un million attendue à l'automne

Le lyonnais s'apprête désormais à lancer une première levée de fonds d'un million d'euros prévue à l'automne 2021. Objectif : accélérer le développement en France, mais aussi à l'international, où il observe une grosse demande, notamment en Allemagne, en Belgique, au Pays-Bas, au Kazakhstan, en Israël...

En 2020, Benur aura réalisé un chiffre d'affaires de 160.000 euros, car beaucoup de projets on été ralentis par la crise. Pour l'exercice 2021-2022, Joseph Mignozzi compte déjà atteindre les 520.000 euros.

Actuellement, douze vélos sont en expérimentation sur différents sites "pour améliorer le produit et démontrer son intérêt." Deux vélos sont à Chambéry et Aix-les-Bains, dans un centre de réadaptation et à la location courte durée. Un est implanté sur la Via Rhôna entre Lyon et Valence, pour le loisir.

A terme, Joseph Mignozzi vise l'implantation de sept vélos sur cette voie cyclable, mis à disposition gratuitement. Deux autres sont en cours de test avec la ville de Clermont-Ferrand et un autre devrait arriver dans la Métropole de Lyon.

Responsabiliser les collectivités sur le handicap et la mobilité

Plutôt que de vendre Benur aux particuliers, Joseph Mignozzi cherche à "sensibiliser les collectivités et les acteurs du tourisme pour qu'ils en installent là où il y a de la mobilité douce." Idéalement, le fondateur de Benur envisage ses vélos utilisables comme un Velov ou alors disponibles à la location, sur les lieux de cyclotourisme.

En complétant les offres de mobilités douces déjà en place, Benur les rendraient ainsi plus inclusives. Car le prix de son handbike, 8.000 euros, demeure un frein pour les particuliers.

"J'aimerais que les collectivités jouent leur rôle et soient plus inclusives dans les mobilités", tranche-t-il. Il espère qu'elles s'emparent des Benur pour le mettre à la location de longue, courte, ou moyenne durée. Un travail de longue haleine, qui ne porte pas ses fruits immédiatement. Il a déjà rencontré 180 communes sur les six derniers mois.

"Certaines ont passé commande, mais les sujets du handicap et de la responsabilité font peur. C'est simple d'avoir un rendez-vous, mais les ventes ont du mal à se concrétiser." Du côté de la Métropole et de la Ville de Lyon, des rencontres ont été faites, mais pour l'instant, aucune action concrète n'a été menée.

"Le monde des personnes valides connaît mal de monde du handicap et n'arrive pas à communiquer avec lui. Il existe une méconnaissance réelle des problématiques", affirme Joseph Mignozzi. Il dénonce aussi une certaine forme de délégation des collectivités aux associations sur la problématique du handicap et de la mobilité. Et de conclure : "Pourtant, la mobilité est un droit."

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Commentaire 1
à écrit le 19/08/2021 à 11:54
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L'idee est bonne, mais le gabarit est redhibitoire.

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