ZFE : Annecy appuie sur le frein en attendant la mise à niveau de ses transports en commun

Annecy va bientôt achever la phase de concertation concernant sa future ZFE-m (Zone à faible émission mobilité). Classée en « territoire de vigilance par l'État », elle entrera en vigueur au 1er janvier 2025 : une première étape, « ultra-light », qui ne concernera que 700 véhicules immatriculés sur son territoire. Une deuxième étape est attendue pour 2028, ce qui devrait laisser le temps à la communauté d’agglomération de se construire un réseau de transports en commun plus performant.
A Annecy, la future ZFE devrait permettre d'abaisser à 27% la part de la population surexposée à la pollution au dioxyde d'azote.
A Annecy, la future ZFE devrait permettre d'abaisser à 27% la part de la population surexposée à la pollution au dioxyde d'azote. (Crédits : CC/Wikemedia)

Entamée mi-décembre, la concertation doit s'achever d'ici une dizaine de jours, le 16 février très précisément. Elle doit permettre à la communauté d'agglomération du Grand Annecy (34 communes ; 215.286 habitants) de recueillir l'avis des habitants de son territoire, des associations, des entreprises, des communes et collectivités voisines etc, quant à la mise en œuvre de sa zone à faibles émissions mobilité.

Classé en « territoire de vigilance par l'État », et conformément à la loi « Climat et résilience », le Grand Annecy doit en effet mettre en place sa ZFE-m d'ici le 1er janvier 2025.

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L'enjeu ? Évidemment, améliorer la qualité de l'air du Grand Annecy. Et en la matière, la ville ne fait pas vraiment figure de première de la classe, même si, selon une étude récente publiée mi-décembre par le Figaro, elle occupe la première place des villes de plus de 50.000 habitants dont la pollution a le plus baissé entre 2011 et 2021 (-43,11% pour les quatre polluants retenus dans l'étude, calquée sur un indicateur développé par AtmoSud : dioxyde d'azote, ozone, ainsi que les particules fines PM10 et PM2,5).

Malgré cette nette amélioration, Annecy continue d'afficher, selon la même étude, des niveaux de pollution bien supérieurs à certains territoires à la population comparable, comme Clermont-Ferrand par exemple.

Selon les chiffres fournis par le Grand Annecy, 69% des émissions d'oxydes d'azote sont générés par le trafic routier et seraient responsables de 59 décès prématurés par an sur son territoire. Les particules fines, elles, engendreraient 121 décès prématurés chaque année.

Une ZFE-m « light » pour commencer

La mise en place de cette ZFE-m, qui couvre la moitié du territoire (en termes de population), se fera progressivement. Et c'est un euphémisme : la première étape qui entrera en œuvre au 1er janvier 2025, ne concernera que les véhicules non classés c'est-à-dire ceux dont le niveau de pollution est jugé trop élevé pour atteindre le niveau 5 des vignettes Crit'Air.

En clair, les véhicules légers et utilitaires, essence ou diesel, mises en circulation avant 1997 ainsi que les poids-lourds/autocars datant d'avant 2001. Autant dire que, sur un territoire connu pour son pouvoir d'achat relativement élevé (et donc logiquement disposant de véhicules plus récents et moins polluants), l'impact de cette première étape sera faible. Le Grand Annecy l'a chiffré : 700 véhicules exactement de son territoire seront impactés, dont 300 véhicules de collection. Ils n'auront plus le droit de circuler au sein de la ZFE-m.

Ce n'est qu'entre 2028 et 2030, qu'une étape plus significative sera franchie, avec un accès progressivement interdit aux véhicules classés Crit'air 3, 4 et 5. A l'heure actuelle, cela concernerait environ 7.000 véhicules immatriculés sur le Grand Annecy (voitures diesel de plus de 19 ans et essence de plus de 24 ans).

Ainsi, bien entendu, que les véhicules des territoires voisins ainsi que les nombreux touristes se rendant chaque année à Annecy. Mais là, l'impact, difficilement chiffrable, n'est pas communiqué.

En attendant un réseau de transports en commun plus performant

Cette entrée en matière, très light, dans l'ère ZFE, la présidente du Grande Annecy Frédérique Lardet (ex-députée LREM de Haute-Savoie entre 2017 et 2022) l'assume pleinement.

« L'enjeu de la qualité de l'air est primordial, c'est une question de santé publique. Nous devons absolument prendre cet impératif en compte. J'avais d'ailleurs voté la loi Climat et Résilience en tant que parlementaire. En revanche, sur notre territoire, nous devons être pragmatiques : notre réseau de transports en commun n'est aujourd'hui pas prêt pour proposer une alternative solide à nos citoyens et à toutes les populations, nombreuses, qui viennent d'Ugine ou Albertville notamment, avec un parc de véhicules globalement plus vieillissant que celui des résidents d'Annecy et de son agglomération ».

L'échéance de 2030 a ainsi été actée en lien avec le déploiement du projet « TCSPi » (transport collectif en site propre intégral). D'ici 2034, un investissement d'un milliard d'euros est annoncé pour développer les pistes cyclables et mettre en place un réseau de transports en commun en site propre. Un investissement qui sera financé notamment par l'augmentation du versement mobilité des entreprises, qui passera au premier juillet prochain de 1,2% à 1,6%. L'augmentation de la taxe foncière est également à l'étude.

« Notre réseau de transports en commun n'est pas assez performant. Nous n'avons pas de ligne de bus à haut niveau de service, pas de tram... Il n'était pas envisageable d'entrer immédiatement dans une ZFE très restrictive. Nous allons d'abord investir massivement pour avoir des lignes de transport performantes afin de proposer de vraies alternatives à nos usagers », poursuit Frédérique Lardet.

Ces investissements seront complétés par une politique tarifaire incitative, qui devrait entrer en vigueur dès le mois de septembre prochain, avec un abonnement universel annuel à 80 euros pour les jeunes et les seniors et 100 euros pour l'ensemble de la population (contre 365 euros actuellement).

Selon ATMO Auvergne Rhône-Alpes, organisme d'intérêt général chargé de la surveillance de la qualité de l'air, 90% des habitants de l'agglomération seraient actuellement exposés au-delà des recommandations de l'OMS, en ce qui concerne le dioxyde d'azote.

En 2030, avec le renouvellement naturel du parc automobile, un tiers de la population resterait encore surexposée, soit 69.000 habitants. La ZFE permettrait, selon ATMO Aura, d'abaisser ce nombre de 13.000 habitants supplémentaires en 2030, soit finalement 27% de la population du Grand Annecy surexposée.

Le contrôle technique plutôt que la ZFE

Le projet ne fait pas l'unanimité même s'il ne suscite pas non plus, contrairement à d'autres territoires, une véritable levée de boucliers.

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Une pétition en ligne « contre le projet de ZFE-M discriminatoire et liberticide sur le Grand Annecy », a toutefois déjà collecté près de 5.000 signatures. Cette pétition dénonce une ligne de mire visant « la disparition totale de la voiture à moteur thermique, seul moyen de transport autonome et à peu près égalitaire à ce jour ». Elle dénonce aussi un manque de démocratie dans le process de concertation en cours.

« La première réunion publique à laquelle nous avons assisté qui a eu lieu le jeudi 14 décembre, et qui se voulait être une concertation, nous a plongés dans un dégout profond en nous faisant comprendre que comme c'était la loi qui l'imposait, ce projet serait obligatoire ! Pire encore, on ne pourrait pas discuter des modalités de celui-ci ».

Pierre Chasseray, délégué général de l'association 40 millions d'automobilistes, dénonce lui aussi cette ZFE. Et pas seulement celle d'Annecy d'ailleurs. L'association milite contre le développement des Zones à Faibles Émissions.

« Évidemment, à Annecy, ce n'est pas là que vous aurez le plus de gens impactés en raison d'un parc de véhicules moins polluant qu'ailleurs probablement. Mais cela veut dire que c'est complètement stupide. Quel intérêt d'impacter les gens de passage ? Ils devront faire des détours, créer des embouteillages sur des itinéraires pas forcément étudiés pour ».

L'association milite pour qu'à Annecy, comme ailleurs en France, le tri des véhicules se fasse plutôt sur la base du contrôle technique des véhicules. « Depuis 2019, les contrôles pollution sont beaucoup plus drastiques : il vaudrait mieux s'appliquer à faire respecter la loi à ce sujet », tranche Pierre Chasseray.

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Commentaires 3
à écrit le 05/02/2024 à 15:59
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ah, on devient intelligent ou quoi? on cherche des solutions alternatives avant d'envoyer les coups de batons de l'ecologie punitive donc bienveillante car de gauche???? ca serait pas les scores prevus du fn aux europeennnes qui reveilleraient un peu...

à écrit le 05/02/2024 à 13:17
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"Crit'air 3, 4 et 5" ouf, ça laisse du temps. Annecy est à 35km d'ici par le réseau secondaire (sinon autoroute €€), mais pour aller à Chamonix, y a pas d'alternative (sauf par Ugines puis les gorges de l'Arly, éboulable). Des transports améliorés, ...

le 05/02/2024 à 13:44
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priere d'envoyer la facture ecotaxe a la mairie de troyes m baroin en personne se fera un immense plaisir de regler la note et demandera a m fillon de la completer

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