À Lyon, une centrale d’achats mutualisés pour sécuriser la compétitivité des acteurs émergents du vélo

We are Parts est la première centrale d’achats mutualisés destinée aux acteurs émergents du monde du vélo. Cette entreprise, dont la naissance a été soutenue par la Métropole de Lyon, doit permettre à la filière régionale d’accéder à des composants avec des tarifs plus compétitifs. Un axe intéressant dans un secteur où la suroffre a notamment provoqué un essoufflement général. Elle compte aussi participer à la relocalisation de ces mêmes composants, aujourd’hui fabriqués essentiellement en Asie.
Pour les petits fabricants et assembleurs de vélos, la centrale d'achats permettra d'avoir accès à des tarifs plus avantageux et à des composants fabriqués en Europe.
Pour les petits fabricants et assembleurs de vélos, la centrale d'achats permettra d'avoir accès à des tarifs plus avantageux et à des composants fabriqués en Europe. (Crédits : Vefaa)

Elle n'est pas encore tout à fait créée - les statuts devraient être déposés prochainement - mais la centrale d'achats « We are Parts » est déjà dans les starting-blocks. La toute jeune entreprise revendique en effet d'ores et déjà une quinzaine de clients : des fabricants et assembleurs de vélos (et véhicules intermédiaires) du territoire qui ne disposent pas en interne (pour la plupart) de service achat structuré.

Il s'agit là de PME et de marques émergentes du marché du vélo, dont le nombre a explosé depuis la crise sanitaire et le développement associé, à vitesse Grand V, de sa pratique.

Selon la Métropole de Lyon qui soutient financièrement cette initiative privée portée par Jean-Philippe Champreux, Thomas Lecompte (cofondateur du bureau d'études Milc) et Alex Guiral (Antidote solutions), ce concept de centrale d'achats pour les acteurs français du vélo serait une première en France.

Plus compétitifs, moins standardisés

En mutualisant les besoins de pièces, We Are parts permettra à ces petits acteurs du vélo d'accéder à des prix plus intéressants. Jusqu'à moins 50% pour certains composants, promet la jeune structure qui s'intégrera au réseau local d'économie sociale et solidaire (ESS).

« Aujourd'hui, il est complexe pour les petites marques d'intéresser les grands fabricants de composants. Généralement, ils ne veulent pas les gérer en direct et leur demandent de passer par les grandes centrales européennes », remarque en effet Vincent Monatte, consultant en économie et politiques cyclables, par ailleurs vice-président de la filière mobilité active du cluster CARA.

« Cela pose une double problématique : non seulement les tarifs sont beaucoup plus élevés que ceux proposés aux grands faiseurs, sans marge de négociation, mais en plus, cela génère une certaine forme de standardisation, puisque ces centrales ont tendance à sourcer toujours les mêmes produits », ajoute le consultant, qui s'est chargé de l'étude de faisabilité du projet pour le compte de We Are Parts.

Pour l'expert, l'accès à des tarifs plus bas devient désormais une priorité : « la bulle vélos s'est un peu épuisée. Les marques doivent à présent être en capacité de proposer des vélos à des prix compétitifs ». En 2023, selon l'Observatoire de l'Union Sport et Cycle, le marché français total du cycle a reculé de 5,5% par rapport à 2022 en chiffre d'affaires et de 14% en nombre de vélos (2,234 millions de vélos vendus).

Roc Argiles Baro, fondateur de la jeune entreprise lyonnais VEFAA (après avoir été à la tête de l'offre cycles d'Intersport France), est un des premiers clients de We are Parts. Il confirme l'atout que représentera pour lui l'accès à une centrale d'achats.

« Notre première série sera lancée en fin d'année. Mais avec nos volumes, sans la centrale, nous serions contraints d'acheter à plein tarif auprès des fabricants, ce qui impacterait évidemment notre trésorerie de manière importante », note le fondateur de VEFAA.

Prochain coup de pédale : la relocalisation en Europe et en France

Si, dans un premier temps, We Are Parts s'approvisionnera majoritairement en Asie, à l'image du reste du marché, la centrale d'achats compte ensuite franchir rapidement une autre étape : celle d'un approvisionnement en France ou en Europe.

« Aujourd'hui, le monde du vélo n'est pas encore dans la démarche de développer ensemble des modèles de composants standards. Ce serait pourtant un élément facilitateur d'une relocalisation de la production. Nous souhaitons jouer ce rôle, pour des composants non différenciants. Nous investirons nous-mêmes dans de l'outillage pour des produits qui pourraient intéresser plusieurs fabricants de vélo », explique Jean-Philippe Champreux, le dirigeant opérationnel de We are Parts.

En travaillant sur la massification des besoins et la veille fournisseurs, la centrale d'achats mutualisés espère favoriser la transition d'une stratégie d'achats actuellement centrée sur l'Asie vers des fabricants français et européens. Pour l'expert de CARA, Vincent Monatte, c'est le bon moment pour avancer sur ce chemin, alors même que les capacités industrielles françaises de composants semblent enfin se développer.

« Après le lieu totem du Grand Plateau qui accueille 33 structures, 160 emplois et l'Usine à Vélos à Villeurbanne, il manquait une brique, celle des composants. Avec deux problématiques : les prix et les pays d'origine. We Are Parts va répondre à ce double besoin », abonde Emeline Beaume, vice-présidente de la Métropole de Lyon, déléguée à l'économie.

We Are Parts, justement implantée au Grand Plateau, à Villeurbanne (Rhône), vise un chiffre d'affaires de 1,2 million d'euros en 2025 et l'équilibre en 2026, dans un modèle de « lucrativité limitée ».

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