Ni voiture, ni vélo : l'annécien Cixi prêt à réinventer la roue sur le marché des nouvelles mobilités

La start-up annécienne Cixi planche depuis huit ans sur un concept de véhicule hybride actif, à mi-chemin entre un vélo et une voiture électrique. Retenue dans le cadre de la dernière relève de l’appel à projets « Première Usine » de France 2030, elle investit désormais 10 millions d’euros dans une usine, qui sera capable de produire 1.500 véhicules et 100.000 pédaliers électroniques innovants dès 2026.
Une première série de 1.500 véhicules hybrides actifs, à mi-chemin entre le vélo cargo et la voiture, sera lancée en 2026 par l'annécien Cixi.
Une première série de 1.500 véhicules hybrides actifs, à mi-chemin entre le vélo cargo et la voiture, sera lancée en 2026 par l'annécien Cixi. (Crédits : DR)

Avec trois roues et des pédales, le « Vigoz » n'est ni une voiture traditionnelle, ni un vélo. C'est un véhicule d'un nouveau genre - à mi-chemin entre ces deux types de mobilité - , sur lequel planche la startup annécienne Cixi, créée en 2016 par Pierre Francis.

L'homme n'est pas un doux rêveur aux ambitions infinançables, il est le président du conseil d'administration de l'entreprise de services à la personne Vitalliance, qu'il avait cofondée en 2003 et qui affiche aujourd'hui quelque 200 millions d'euros de chiffre d'affaires.

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Et si le concept du « Vigoz » peut surprendre, laisser certains observateurs sceptiques, il a séduit récemment les jurys des programmes d'accélération de startups menées par les entreprises NTN (roulements) et STMicroelectronics, ainsi que les experts du programme France 2030.

Cixi a en effet été retenue, il y a quelques semaines, dans le cadre de la dernière relève de l'appel à projets « première usine ». Le montant de la subvention reste confidentiel, mais il viendra alléger un investissement de l'ordre de 10 millions d'euros consenti pour la création de de premier site industriel.

« Réactiver la mobilité »

« L'idée s'est imposée à moi il y huit ou neuf ans, je souhaitais porter un projet permettant de réactiver la mobilité. Aujourd'hui, par manque de temps ou de motivation, beaucoup trop de personnes ne bougent pas suffisamment pour rester en bonne santé. En leur donnant l'occasion de faire un peu d'activité physique à l'occasion des trajets du quotidien, il est possible de remédier à cette problématique », relève Pierre Francis.

Celui-ci rappelle d'ailleurs l'alerte émise par l'Agence nationale sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES), qui pointait en 2022 le risque de détérioration de la santé, par manque d'activité physique ou par un temps trop long passé assis pour 95% des Français de plus de 18 ans.

« Le vélo marche bien depuis la crise Covid et c'est effectivement un bon moyen de faire de l'activité à l'occasion de ses déplacements habituels. Mais le vélo ne convaincra pas les personnes qui doivent faire plus de 30 kilomètres pour aller au travail ou celles qui sont repoussées par une mauvaise météo par exemple. Alors que pédaler, avec le confort d'une voiture, cela résout toutes ces problématiques ».

Depuis 2016, l'équipe d'ingénieurs et de designers de Cixi travaillent sur un véhicule hybride, mixant énergie électrique et énergie musculaire, capable d'accueillir deux personnes. Un prototype est en test depuis deux ans. Plus de 10 millions d'euros ont déjà été investis en R&D.

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Le principe : l'utilisateur pédale (c'est obligatoire) pour faire avancer son véhicule, mais avec une personnalisation possible du niveau d'effort. Le tout, emmené par un pédalier électronique innovant (et multi- breveté), sans chaine, courroie, dérailleur ou pignon. Le pédalier gère de manière autonome le système, en fonction du niveau d'effort paramétré et de la vitesse cible.

« Avec une intensité d'effort modérée, notre véhicule permet d'atteindre jusqu'à 120 kilomètres/heure, avec une autonomie de 160 kilomètres grâce à une batterie de 15 Kw. Sur une vitesse de 50km/h, le pilote peut contribuer par son pédalage à fournir jusqu'à 50% de l'énergie nécessaire. 120km/h, évidemment e ratio est fortement diminué même si le poids très léger du véhicule et son aérodynamisme sont optimisés », précise Pierre Francis.

Après plus de 300 crash tests à son actif, Cixi espère lancer la commercialisation de son véhicule en 2026, avec une homologation pour tous les types de routes. Une première série de 1.500 véhicules est envisagée à cet horizon, avec un business model appuyé sur de l'abonnement. « Quelques centaines d'euros », sont évoquées pour le moment.

La startup annécienne n'est d'ailleurs pas la seule à s'intéresser au marché des nouvelles mobilités, mais elle semble posséder un cran d'avance face à deux autres acteurs qui se positionnent également en Nouvelle-Aquitaine : l'entreprise de mobilité légère Midipile, qui a présenté une pré-série de son véhicule électrique dédié à la logistique, ainsi que la jeune pousse rochelaise Avatar mobilités, qui vise une production de son quadricycle électrique à quatre places léger dès 2025.

Une usine configurée pour fabriquer 100.000 pédaliers par an

En attendant 2026, une étape importante est sur le point d'être franchie. Grâce à son nouveau site industriel, Cixi va lancer la production en série de ses pédaliers électroniques. Car au-delà de son utilisation pour le Vigoz, les caractéristiques de celui-ci intéressent les fabricants de vélos.

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Il est affiché comme nécessitant très peu d'entretien et permettant une plus grande liberté de mouvement. Et permet par exemple la marche arrière, une fonctionnalité intéressante pour les vélos cargos. La nouvelle usine de la start-up, soutenue par France 2030, est configurée pour produire environ 100.000 pédaliers par an, représentant 50 à 60 millions d'euros de chiffre d'affaires.

« En 2026, nous serons à cet objectif. Le pipe commercial 2024 est déjà très bon. Depuis trois mois, nous avons signé avec plusieurs marques de vélos. Nous avançons très vite. Les revenus générés par les pédaliers permettront de financer le développement et la fabrication de nos véhicules. L'assemblage sera assuré dans notre usine, principalement à partir de composants européens et français », assure Pierre Francis.

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Commentaire 1
à écrit le 09/02/2024 à 20:03
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Si on peut aller faire ses courses avec, pourquoi pas, en essayant de ne pas dépasser les 120km/h en ville, même sans plaque d'immatriculation, ça serait dangereux pour tous. :-) A l'abri, c'est un plus par rapport à un vélo un peu comme l'Ami vs un...

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