Loi Rixain : "Une petite contrainte supplémentaire pour avancer" (E. Jalliffier-Verne, Femmes Chefs d’Entreprises Lyon)

L'INVITEE ECO. A la question de l’égalité et des écarts salariaux femmes-hommes, déjà largement débattue cette année à l’occasion du 8 mars, s’ajoute désormais une nouvelle mesure : depuis le début du mois, la nouvelle loi Rixain impose désormais des quotas de femmes à la tête des comités de direction des grandes entreprises et de leurs cadres dirigeants, et plus seulement au sein des conseils d’administration. Fraîchement élue, Emmanuelle Jalliffier-Verne, avocate et Présidente de Femmes Chefs d’Entreprises Lyon-Rhône, revient sur la nécessité d'utiliser parfois les quotas pour "un coup de pouce" supplémentaire.
(Crédits : DR)

Elle vient d'être portée à la tête des Femmes Chefs d'Entreprises Lyon-Rhône en février dernier, un réseau créé lui-même en 1985 avec l'objectif d'encourager les femmes à s'investir dans la vie civile et à ne pas rester isolées dans leurs propres secteurs d'activité.

Pour Emmanuelle Jalliffier-Verne, avocate en droite sociale, qui côtoie la question de l'égalité femmes-hommes également au quotidien, nul doute que le sujet demeure un enjeu :

« En théorie, une femme dont le contrat de travail est suspendu lors d'un congé maternité doit voir son salaire continuer à suivre l'index salarial : or, il existe encore bon nombre de sociétés qui ne respectent pas ce point ».

Un chiffre résume encore l'ampleur du défi : sur une proportion de 50% de femmes composant aujourd'hui la vie active, seules 10% seraient aujourd'hui en position de gouvernance. « Elles sont plus nombreuses à prendre des postes de cadres mais pour autant, cela reste insuffisant. Il faut inciter encore les femmes à prendre des mandats et à s'investir dans la direction d'une entreprise, en leur offrant des modèles ».

Sur les postes cadres, moins de la moitié (43%) sont occupés par des femmes, selon l'INSEE : du chemin reste donc encore à parcourir, « en levant également en partie les a-prioris et notamment l'autocensure », comme le rappelle Emmanuelle Jalliffier-Verne, qui estime également que le télétravail, encouragé lors de la pandémie, aura aussi eu tendance à peser encore davantage sur le quotidien des femmes.

Car celles-ci ont eu « la contrainte de devoir travailler et en même temps assumer la scolarité des enfants. Sans compter les difficultés financières engendrées par la pandémie, où il aura parfois fallu choisir ».

« Les femmes sont compétentes et il suffit de le reconnaître »

Sur la question des quotas, 10 ans après la loi Copé - Zimmermann et aux prémisses de la nouvelle loi Rixain, qui impose depuis le 1er mars dernier des quotas au sein des instances opérationnelles des entreprises (comités de direction et comités exécutifs, cadres dirigeants, etc) avec l'objectif d'atteindre au moins 30% de femmes d'ici 5 ans, puis 40% d'ici à 8 ans au sein des instances visées, la présidente du réseau FCE Lyon est de celles qui nuancent le débat :

« Je ne suis pas forcément pour l'instauration des quotas, car les femmes sont compétentes et il suffit de le reconnaître. Pour autant, étant donné qu'il existe un enjeu d'évolution des mentalités, il est bon qu'il y ait de temps en temps une petite contrainte supplémentaire pour avancer ».

Elle voit donc d'un bon œil l'arrivée de cette nouvelle loi pour donner un « petit coup de pouce » aux entreprises. « Les femmes auront ainsi la place légitime qu'elles doivent occuper ».

Face à d'autres initiatives comme les 15 propositions diffusées ce mardi à l'attention des candidats aux présidentielles par le réseau des Lyonnes, qui regroupe près de 1.200 lyonnaises se voulant porteuses « d'une autre vision du féminisme », Emmanuelle Jalliffier-Verne concède qu'il existe des propositions « très intéressantes » au sein de ce livre blanc qui méritent d'être examinées et retenues. Avec, parmi elles, le renforcement des quotas ou encore l'exigence de rattraper tout écart de rémunération.

Une interview à retrouver en replay ici.

Un décideur chaque semaine

Pour rappel, le groupe La Tribune et BFM Lyon s'unissent depuis cette rentrée pour vous proposer, à travers l'émission Lyon Business (tous les mardis à 17h45), l'interview d'un décideur de l'économie lyonnaise au coeur de l'actualité.

Une occasion de décrypter ensemble les enjeux des dossiers et tendances de l'économie locale, animée par Elodie Poyade pour BFM Lyon et Marie Lyan pour le bureau Auvergne Rhône-Alpes du journal La Tribune.

Une émission à retrouver en direct et en replay sur la chaîne BFM Lyon, disponible sur le canal 30 de la TNT et sur les chaines 479 (box SFR), 360 (Orange), 315 (Bouygues) et 915 (Free), ainsi que sur le bureau Auvergne Rhône-Alpes de La Tribune.

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