Place des femmes : le réseau Les Lyonnes interpelle les candidats à la présidentielle avec 15 propositions

A l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes du 8 mars, le réseau des Lyonnes entre dans la danse et veut porter le sujet de la place des femmes sur le devant de la scène. A travers son livre blanc, ce collectif créé courant 2021 à Lyon et rassemblant 1.200 membres venu(e)s de divers horizons, veut lui aussi peser dans le débat des prochaines présidentielles. Avec le parti pris de proposer "une vision positive et non-victimaire".
Depuis l'an dernier, les Lyonnes travaillaient sur un ensemble de constats, mais aussi de propositions qui ont abouti, ce mardi 8 mars, sur la diffusion d'un livre blanc sur la place des femmes dans l'espace public, qui sera envoyé à l'ensemble des candidats à la présidentielle. Avec l'ambition de développer un nouveau courant du féminisme, plus combattif et positif.
Depuis l'an dernier, les Lyonnes travaillaient sur un ensemble de constats, mais aussi de propositions qui ont abouti, ce mardi 8 mars, sur la diffusion d'un livre blanc sur la place des femmes dans l'espace public, qui sera envoyé à l'ensemble des candidats à la présidentielle. Avec l'ambition de développer "un nouveau courant du féminisme, plus combattif et positif". (Crédits : DR/Céline Vautey)

Né courant 2021 à travers le réseau social LinkedIn pour "encourager les femmes à prendre part au débat public, dans une vision positive et non-victimaire", le réseau des "Lyonnes" revendique aujourd'hui près de 1.200 membres.

Soit des "talents féminins", la plupart lyonnaises, et issus de "toutes générations et secteurs d'activités confondus", mais qui revendiquent cependant un point commun : "avoir fait le pari de l'action pour défendre la cause des femmes".

Car pour sa fondatrice, Alexandra Carraz qui a occupé plusieurs postes de direction au sein de différentes collectivités (ville de Tassin la Demi-Lune, Région Auvergne Rhône-Alpes, etc), il s'agissait avant tout de défendre "une autre vision du féminisme" :

"Le marqueur a été la journée internationale des droits des femmes l'an dernier, où j'ai senti que je ne me reconnaissais pas dans le discours très agressif et souvent victimaire qui était porté. Je souhaitais apporter quelque chose de concret et participer à lever les freins concernant la place occupée par les femmes au sein de la société", explique Alexandra Carraz.

Celle-ci a donc lancé, via le réseau social professionnel Linkedin, un appel à toutes celles qui souhaitaient engager une réflexion à ce sujet. Résultat ? Son réseau compte désormais près de 1.200 membres, "dont quelques hommes car ceux-ci sont les bienvenus".

Un livre blanc pour baliser le coeur du sujet

Et depuis quelques mois, Les Lyonnes travaillaient justement à coucher sur papier à la fois leurs constats, mais également leurs propositions, avec l'objectif d'interpeller les candidats à la présidentielle, désormais au nombre de 12.

Et même si Alexandra Carraz reconnaît volontiers que toutes ne partagent pas exactement les mêmes idées au sein du réseau, qu'importe :

"Nous ne sommes pas d'accord sur tout, mais il est intéressant de noter que l'on se rejoint sur un socle commun, qui est de faire avancer la question de la place des femmes. Le sujet des quotas par exemple, instauré par la loi Copé - Zimmermann (votée en janvier 2011, ndlr), nous force à constater que même si ce type d'outils ne fait pas l'unanimité, les avancées auraient été beaucoup plus lentes, sans un texte comme celui-ci. Ils peuvent donc constituer un mal nécessaire dans un premier temps, pour se diriger vers plus de parité", note par exemple Alexandra Carraz.

Livre blanc Les Lyonnes

Avec, au menu de ce livre blanc, une quinzaine de propositions destinées à "faire bouger les lignes", mais aussi à "susciter réactions et prises de conscience", et à "inciter les femmes et les hommes à prendre les choses en main pour se faire une place, sans attendre qu'on la leur donne".

Avec, par exemple, l'ambition de "renforcer les quotas en matière de parité, de manière temporaire, partout où les femmes ne parviennent pas à émerger, afin d'avoir un effet d'amorçage", de réaffirmer "une exigence absolue d'égalité salariale", ou encore "d'allonger et systématiser le congé paternité pour qu'il devienne équivalent au congé maternité et banalise l'absence temporaire des femmes dans la vie professionnelle".

"Faire de la prise de parole à l'oral, une compétence primordiale dès l'école primaire" fait également partie des objectifs défendus par les Lyonnes, qui évoquent un syndrome d'auto-censure" et "de l'imposture" encore trop présent dans la tête des femmes, lorsqu'on leur propose de prendre des responsabilités.

La présidentielle comme caisse de résonance

Les Lyonnes s'y engagent : elles adresseront ces propositions à l'ensemble des 12 candidats à l'élection présidentielle, "à titre d'illustration de la contribution des femmes au débat public que nous appelons de nos vœux".

"Avec ce livre blanc, nous avons la volonté d'être non pas dans l'attente des propositions qui pourraient être faites, mais d'être moteur et de demander aux candidats de se positionner sur des points précis", explique la fondatrice des Lyonnes, qui rappelle que jusqu'ici, la question de la place des femmes n'a été traitée que sous un spectre :

"Pour l'instant, on se satisfait que des femmes soient candidates à la prochaine présidentielle : or, le parti pris des Lyonnes est de ne pas s'en contenter. Nous défendrons l'idée que les femmes peuvent être aussi compétentes que les hommes : à titre personnel, je ne voterai donc pas pour une femme uniquement parce qu'elle est une femme".

Alexandra Carraz dénonce par ailleurs une forme de "gadgétisation" de la réponse faite à la place des femmes au sein de cette campagne, à travers les thématiques qui seraient systématiquement avancées, selon elle, comme le budget genré ou l'écriture inclusive au sein du débat. "Etre une femme suppose de pouvoir mener et porter bien d'autres débats que ceux-ci. L'idée n'est pas de se demander si l'on se sent agressées par la langue française".

De même, elle soulève les limites de certaines mesures actuellement en place au sein du monde politique, en matière de parité : "Si les femmes sont bien présentes sur les listes présentées lors des élections, on les retrouve encore trop souvent sur des circonscriptions jugées plus difficiles à gagner ou sur des postes genrés, comme à l'Education ou à la Petite Enfance. Il reste encore du chemin à faire pour qu'elles aillent aussi à des fonctions comme les Finances, comme on a pu le voir avec Audrey Hénocque à la Ville de Lyon".

En se saisissant d'un rôle proactif, les Lyonnes espèrent ainsi peser sur le débat démocratique à venir : "L'histoire nous a enseigné que chaque avancée du droit des femmes n'a pas été donnée, on a dû aller la chercher, comme avec le droit de vote, la liberté à disposer librement de son corps. Et malheureusement, la crise afghane et ukrainienne nous ont démontré combien ces acquis peuvent être fragiles".

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