Ce que Laurent Wauquiez est venu dire au CES de Las Vegas devant les startups

REPORTAGE. Avec l’une des plus importantes délégations régionales à avoir fait le déplacement du premier CES post-crise sanitaire, le président de région Laurent Wauquiez s’est rendu ce jeudi aux côtés des entreprises régionales qui ont bravé le variant Omicron pour exposer, comme prévu, à l’Eureka Park de Las Vegas. Avec un pari : saisir l'opportunité d'accroître la visibilité des startups régionales, en allant jusqu'à rencontrer l'emblématique patron du salon, Gary Shapiro.
a Région a coordonné l'accompagnement de ces pépites et octroyé une aide allant jusqu'à 5.000 euros par startup pour couvrir les frais de leur déplacement à Las Vegas.
a Région a coordonné l'accompagnement de ces pépites et octroyé une aide allant jusqu'à 5.000 euros par startup pour couvrir les frais de leur déplacement à Las Vegas. (Crédits : DR/ML)

C'est à Las Vegas que Laurent Wauquiez est venu à la fois s'inspirer, mais aussi exposer aux yeux du monde les atouts de sa « Région ». Car armée de la compétence économique, Auvergne Rhône-Alpes fait partie des fleurons de la délégation française, elle-même première nation représentée au CES cette année encore, en dehors des Etats-Unis.

Avec 31 jeunes pousses sélectionnées à l'échelle régionale -dont finalement 26 en présentiel en raison du Covid-, ce salon demeurait un grand rendez-vous que ne voulait pas surtout manquer Laurent Wauquiez. Quitte à s'illustrer comme le seul président de Région à avoir fait le déplacement à Las Vegas.

Résultat : à l'heure où le salon s'attendait plutôt à une série de défections et à l'absence de représentants du gouvernement français -seule Clara Chappaz était présente cette année -, le président de Région aura, de son côté, fait le déplacement durant trois journées. Avec, dès le début de matinée, une visite marquée par une rencontre avec l'ambassadeur français aux États-Unis, Philippe Etienne.

L'ambition : se porter aux côtés des jeunes pépites pour leur offrir à la fois visibilité et facilités pour décrocher des contacts, mais aussi prendre le pouls de leurs besoins et des évolutions du marché.

« Notre premier objectif, au moment où il existait moins de concurrence sur le salon, était justement d'apporter plus de visibilité à nos startups. Cela a été le cas avec pour le masque lyonnais d'Airxom, qui est actuellement la meilleure technologie en matière de filtration sur le marché, et qui a déjà reçu la visite des télévisions coréennes, japonaises, etc », affirme le président de Région.

Déployer des prototypes ou mettre en relation des filières

Un constat abondé par le nouveau président Franck Colombet (par ailleurs président du Cluster Aérospace régional) qui a fait le voyage à ses côtés, rappelant qu' « après cette phase de déstabilisation du Covid, ceux qui vont se positionner sur les marchés de demain sont ceux qui n'auront pas arrêté ».

Après avoir coordonné l'accompagnement de ces pépites et octroyé une aide allant jusqu'à 5.000 euros par startup pour couvrir les frais de leur déplacement à Las Vegas, Laurent Wauquiez a également tenu à visiter chacune des startups de la délégation régionale. Avec des questions à la fois techniques sur le fonctionnement de leurs technologies, mais aussi un mot revenant sans cesse : « comment on peut vous aider à aller plus loin ».

Laurent Wauquiez CES 2022

Pour certains, cela passera par le financement d'une aide à la traduction pour viser le marché japonais (Lovebox), tandis que pour d'autres comme le grenoblois eLichens, ce sera de regarder comment intégrer ses boîtiers connectés de mesure de différents paramètres (CO2, méthane, etc) aux appels d'offres régionaux visant à équiper les écoles.

Du côté du lyonnais Airxom, la Région s'est par exemple engagée, depuis Las Vegas, à travailler à identifier quelques hôpitaux et structures de santé dites « prioritaires », afin qu'elle puisse y financer le déploiement des masques pour une protection respiratoire totale.

Même principe pour la pépite lyonnaise Ouba, qui développe des boîtes à colis connectées visant à faciliter les livraisons du dernier kilomètre, et que Laurent Wauquiez souhaite installer au sein de plusieurs communes rurales, afin d'accompagner le déploiement de la startup.

Pour un autre lyonnais, Ido-Data, qui développe des objets connectés dans le domaine de la prévention et de l'aide d'urgence (et qui se destinait, en premier lieu, au secours en mer), c'est également une occasion de lui offrir un nouveau réseau de contacts : celui des acteurs de la montagne, qui a été proposé à la jeune pousse.

Après le bouleversement du Covid, le rebond par Las Vegas

Laurent Wauquiez en a donc profité pour imprimer sa marque, tout en menant sa propre veille technologique.

Il en a d'ailleurs profité pour rencontrer le président du salon ce jeudi, l'américain Gary Shapiro, avec lequel il a échangé sur plusieurs points : à commencer par comment améliorer la présence auralpine, lors des prochaines éditions du CES.

« Gary Shapiro a très bien résumé la situation : en innovation, si l'on ne prend pas de risque, on ne gagne pas », a affirmé Laurent Wauquiez, en référence à l'absence de politiques français dans les allées de la Sin City cette année. Avec un parallèle immédiat : « à l'heure où le Covid a bouleversé les cartes, il était essentiel d'être présent et d'accompagner nos entreprises sur un rendez-vous comme celui-là ».

Avec également, quelques pistes d'améliorations, glanées au fil de sa visite des allées, un peu plus "aérées" cette année : « Gary Shapiro a d'ailleurs estimé que l'innovation française a pris du poids et de la maturité au cours des dernières années. Pour autant, notre rôle est de veiller encore à mieux former certains aspects comme à celui des pitchs très courts et que les américains maîtrisent parfaitement, ou de mettre en place une offre clé en main, pour les entreprises qui souhaitent s'implanter ou grandir, comprenant à la fois l'identification d'un site, des fonds, ainsi qu'une aide à l'achat de machines ».

Citant en exemple le cas de l'annécien Moonbikes, qui a fait partie des « hits » de la délégation française de cette année avec ses motoneiges électriques et vient d'installer un bureau dans le Colorado (Etats-Unis), « on a ainsi pu voir ici des startups créées il y a trois ou quatre ans, que l'on a aidé et qui ont grandi et créé des emplois ».

Mais en dehors de la promotion de sa délégation, Laurent Wauquiez était aussi là pour "chasser en meute", une image dont l'exécutif régional se saisit régulièrement : « le fait d'être venu nous a également permis d'avoir des contacts avec des entreprises américaines, qui ont des projets d'installations en France », ajoute Laurent Wauquiez, qui cite notamment le cas de Formlabs, un américain ayant déjà levé près de 150 millions de dollars au printemps dernier et dispose à ce stade de 20 revendeurs en France. Avec comme prochaine étape, l'ambition d'installer un site de production en France dans le domaine de l'impression 3D.

Selon Laurent Wauquiez, sa visite au CES lui aura ainsi permis d'identifier un potentiel de « près de 300 à 1.000 emplois qui pourraient ainsi être créés sur le territoire à travers différents projets d'innovation, qu'il s'agisse de les attirer ou de les faire grandir ».

A Las Vegas, ville qui ne dort jamais et où tout est possible, comme le montrent ses nombreuses innovations architecturales et ses paris parfois fous (on pense par exemple aux péniches naviguant à l'intérieur de l'hôtel Venetian, ou du tunnel creusé spécifiquement par Tesla et sa filiale The Boring Compagny pour y faire rouler seules des voitures autonomes) , le président de Région qui entame son second mandat veut croire à une région qui n'est plus une « startup nation », mais une « scale-up » en devenir.

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