Investissements : ce que contient le nouveau volet régional du Ségur en Auvergne Rhône-Alpes

Alors que le plan blanc vient d'être activé en Sud-Isère en raison d'un manque de soignants, le ministre de la Santé Olivier Véran s'est rendu vendredi au CHU Grenoble Alpes (CHUGA). Une étape de sa tournée dédiée au Ségur de la santé, afin d'annoncer cette fois le volet Investissements dédié aux infrastructures. Avec une enveloppe de 1,9 milliards d'euros, Auvergne Rhône-Alpes sera l'une des régions les mieux dotées, au sein d'un plan plus majeur que les précédents plans hôpitaux 2007 et 2012. Et ce, alors que le premier volet consacré à la revalorisation des salaires n'a cependant pas (encore) eu l'effet escompté.
La stratégie régionale du volet n°2 du Ségur, dédiée cette fois aux investissements sur la période 2021-2030, est désormais connue : elle comprendra une enveloppe de 1,9 milliard d'euros d'investissements, avec 97 projets soutenus au sein de 63 hôpitaux (dont celui du CHU Grenoble Alpes) et pour l'heure 29 Ehpads.
La stratégie régionale du volet n°2 du Ségur, dédiée cette fois aux investissements sur la période 2021-2030, est désormais connue : elle comprendra une enveloppe de 1,9 milliard d'euros d'investissements, avec 97 projets soutenus au sein de 63 hôpitaux (dont celui du CHU Grenoble Alpes) et pour l'heure 29 Ehpads. (Crédits : DR/CHU Grenoble Alpes)

Malgré un climat propice aux interrogations sur le plan salarial, depuis la mise en place il y a quelques jours d'un plan blanc à l'échelle du Sud-Isère afin de faire face à un phénomène d'épuisement au sein des équipes soignantes, c'est le second volet du Ségur, dédié cette fois aux investissements régionaux, qui a été présenté ce vendredi.

Au menu : 19 milliards d'euros d'investissements prévus à l'échelle nationale dans les hôpitaux et Ehpad, dont 6 milliards issus du plan France Relance.

Le ministre de la Santé, Olivier Véran, accompagné par la Ministre de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales, Jacqueline Gourault, avait fait le déplacement aux côtés du Dr Jean-Yves Grall, directeur général de l'ARS Auvergne Rhône-Alpes, en charge de la coordination de ce nouveau volet à l'échelle locale.

1,9 milliard pour Auvergne Rhône-Alpes

Après l'annonce en mai dernier d'une revalorisation des salaires pour 500.000 professionnels de santé sur le plan national, le gouvernement exposait cette fois sa feuille de route pour l'épisode 2 du Ségur, dédié aux investissements dans les établissements de santé et médico-sociaux.

Objectif : "conforter la gradation de l'offre de soins dans les territoires, impulser l'évolution de la réponse aux besoins de soins non programmés, consolider l'offre de soins spécialisée (cancérologie, soins critiques, santé mentale, etc), accompagner l'évolution de la dépendance et moderniser les Ehpad et réduire la trace environnementale des activités du soin", précisait le gouvernement.

Cette stratégie régionale des investissements, comprise sur la période 2021-2030, comprendra en effet pour la région Auvergne Rhône-Alpes 1,9 milliard d'euros d'investissements, avec 97 projets soutenus au sein de 63 hôpitaux et au moins 29 Ehpad.

De quoi en faire l'une des régions les mieux loties, au sein d'une enveloppe globale de 19 milliards d'euros. "C'est davantage en 10 ans que ce qui a été accordé pendant les 20 années précédentes", introduisait déjà lors du Forum santé Innovation de La Tribune, le député LREM du Rhône et médecin Jean-Louis Touraine.

Et le Dr Jean-Yves Grall, directeur général de l'Agence régionale de santé Auvergne-Rhône-Alpes, le réaffirmait dès ce lundi : "Le Ségur de la Santé est l'adjonction des plans hôpitaux 2007 et 2012, cela représente un effort considérable sur le plan national, qui ne s'était jamais fait".

300 millions pour le Rhône

A l'issue d'une concertation, engagée à compter de mai 2021 à l'échelle régionale  avec l'ensemble des parties prenantes, l'ARS Auvergne Rhône-Alpes a choisi de ne pas lancer de nouveaux appels à projets, mais de se concentrer au contraire sur l'ensemble des projets déjà connus et nourris par les acteurs locaux, avec lequel elle avait déjà engagé un "dialogue de gestion".

Résultat ? Au sein de cette nouvelle stratégie régionale 2021-2030, une partie des 1,9 milliards octroyés à la région serviront en réalité à éponger tout d'abord les dettes de 127 établissements régionaux, contractées lors de leurs précédents projets immobiliers notamment. Elle sera également complétée par des aides aux investissements courants (196 millions d'euros) ainsi qu'aux projets d'investissements, notamment immobiliers (1,7 milliards d'euros).

Le Rhône percevra d'ailleurs un total de 335 millions d'euros, dont plus de la moitié de cette somme (156 millions d'euros) contribuera en effet à la reprise de la dette des Hospices civils de Lyon, qui atteignait 815 millions d'euros à la fin 2020.

D'autres structures comme l'hôpital du Vinatier à Lyon Bron (21 millions d'euros), le centre de soins de suite et de rééducation de Val Rosay (13,5 millions) bénéficieront de cette reprise de dette également, tout comme l'hôpital Pierre-Oudot de Bourgoin-Jallieu (28 millions d'euros).

En plus de prévoir 196 millions d'euros au financement de projets "du quotidien", le Ségur vise aussi à accompagner la réalisation de plusieurs dossiers "phares", nourris par de petites comme grandes structures, publiques comme privées. Les 2/3 des projets soumis concerneront ainsi des petits ou moyens établissements.

En région lyonnaise, ce plan permettra par exemple au centre Léon Bérard de construire un site à l'ambulatoire, aux consultations et à la prévention (3 millions d'euros d'aides sur un projet de 10 millions), ou de participer à une rénovation majeure de l'hôpital Édouard-Herriot (53 millions d'euros sur un coût total de 153,5 millions d'euros), où l'objectif est désormais de regrouper et moderniser les unités d'hospitalisation et les secteurs ambulatoires, après la construction d'un premier pavillon H, devenu le nouveau plateau technique de référence en 2018.

Dans la Loire, le CHU de Saint-Etienne sera lui aussi épaulé à plusieurs titres : 58,2 millions d'euros en vue de réduire sa dette tout d'abord, comme nous avions commencé à l'évoquer ici, ainsi que 20 millions visant à participer son projet de restructuration et agrandissement de son pôle couple-mère-enfant en vue de regrouper l'ensemble des activités sur un même site.

A l'hôpital de Beaurepaire (Nord-Isère), ou d'Issoire (Puy-de-Dôme) ce sont deux reconstructions qui vont être appuyées par des enveloppes Ségur, à raison de 11,4 et 39,8 millions d'euros respectivement.

En Ardèche, une extension du centre hospitalier du Cheylard qui se profile (10 millions d'euros d'aides), tandis que dans l'Allier, au centre hospitalier de Moulins Yzeure, la reconstruction des urgences se verra affecter 19,6 millions d'euros. En Savoie, la somme de 14,9 millions d'euros servira à moderniser le service d'hospitalisation ainsi que le bloc opératoire de l'hôpital de Saint-Jean-de-Maurienne.

82 millions pour le CHU Grenoble Alpes... actuellement en plan blanc

Lors de sa visite au CHU Grenoble Alpes, un site sur lequel il a exercé son métier de neurochirurgien avant de devenir ministre en juillet 2020, Olivier Véran a par ailleurs inauguré le nouveau Plateau Technique (NPT) du CHU de Grenoble Alpes. Un projet phare initié en 2017 pour 80 millions d'euros et qui réunira, d'ici la fin du mois, l'ensemble des services d'urgences vitales et de soins critiques de l'hôpital Michallon. Objectif : que ce bâtiment doit désormais en capacité d'absorber 75.000 passages par an.

Il s'agit de la première rénovation massive de cet hôpital universitaire, stratégique pour le bassin grenoblois, depuis sa création. Outre le nouveau plateau technique, ce projet comprend plus largement "la construction d'un bâtiment d'hospitalisation de 35.000 m2 accueillant des unités d'hospitalisation et des activités ambulatoires et la rénovation des premiers étages du bâtiment Michallon", pour un montant global de 457 millions d'euros, dont 283 millions devraient être apportés par le Ségur, selon les premiers éléments de contractualisation (avec 82 millions au titre du rachat de dettes.)

A l'extérieur, le ministre de la Santé était cependant attendu par une centaine de manifestants qui se sont réunis pour dénoncer un manque de moyens, en particulier humains, pour faire "tourner la machine", et demander des ouvertures de postes.

Le volet social des "oubliés" du Ségur

Car pour les soignants mobilisés, cette stratégie régionale des investissements, comprise sur la période 2021-2030, ne solutionnera pas la pénurie actuelle de médecins, et personnel paramédicaux (infirmières, aides-soignantes). En Sud-Isère, le plan blanc vient d'être déclenché sur le bassin grenoblois et voironnais.

Le CHU de Grenoble, désormais fusionné avec l'hôpital de Voiron, a en effet annoncé ce week-end que les urgences de Voiron devront à nouveau fermer leurs portes cette semaine, après l'avoir déjà été deux nuits de suite en début de semaine.

Une délégation syndicale a s'est entretenue avec le cabinet d'Olivier Véran dans la matinée. "Beaucoup de moyens sont engagés, mais pas dans les semaines à venir. Et c'est ce qu'on demande aujourd'hui, des actions rapides puisque nous sommes en train d'imploser", affirmait au micro de France Bleu Isère Damien Cadinot, praticien hospitalier urgentiste au CHU Grenoble-Alpes. Le maire LR de Voiron, Julien Polat, estimait lui-même ses réserves : "Nous avons un hôpital tout neuf et ce qu'il manque, ce n'est pas l'argent mais les professionnels pour le faire fonctionner."

Interrogé par La Tribune à ce sujet, le directeur général de l'ARS Auvergne Rhône-Alpes estime que près de 160.000 soignants ont déjà bénéficié d'une enveloppe de 126 millions d'euros fin 2020, au titre des augmentations salariales de 183 euros net, annoncées aux personnels soignants, qui se traduit en 2021 par une nouvelle enveloppe de 240 millions d'euros à l'échelle régionale.

Soit 37 millions d'euros affectés aux salaires en 2020 à l'échelle du département du Rhône, et 65 millions en 2021. "Mais c'est à compter d'octobre 2021 que ces mesures devaient être assorties d'une reprise des gilles indiciaires, afin de revaloriser les métiers de la santé, comme les aides-soignantes, qui passeront ainsi de la catégorie C à B", précise le directeur général de l'ARS Auvergne Rhône-Alpes, qui évoque une "succession de mesures" destinées à revaloriser l'ensemble des salaires.

Selon lui, cet épisode 2 du Ségur "permettra à la fois d'améliorer la prise en charge des patients et de développer des projets de santé, ou encore d'améliorer les conditions de travail du personnel par des investissements courants".

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