Pourquoi le CHU Saint-Etienne va (enfin) pouvoir relancer ses investissements

En temps de crise sanitaire, les défis ne manquent pas pour le CHU de Saint-Etienne. En plus de la gestion de l'épidémie et désormais de l'épineuse question du pass sanitaire de ses agents, l'hôpital devait faire face à une réduction drastique de ses investissements, en raison d'une dette structurée pesant très lourd sur les dix dernières années. Mais l'établissement peut désormais enfin respirer un peu, puisque l’État s'engage à reprendre 38,4 millions à sa charge et évoque une rallonge provenant de France relance.
Au moins deux bonnes nouvelles financières devraient permettre d'éclaircir l'horizon du CHU de Saint-Etienne, qui porte par ailleurs un projet phare : celui d'une refonte totale du pôle mère/enfant, avec l'ambition de regrouper, dans un seul bâtiment, l'ensemble de son plateau technique.
Au moins deux bonnes nouvelles financières devraient permettre d'éclaircir l'horizon du CHU de Saint-Etienne, qui porte par ailleurs un projet phare : celui d'une refonte totale du pôle mère/enfant, avec l'ambition de regrouper, dans un seul bâtiment, l'ensemble de son plateau technique. (Crédits : DR)

Non seulement la crise Covid-19 est loin d'être terminée, mais le CHU de Saint-Etienne doit, comme tous les établissements de santé français, faire face en plus à l'épineux problème de ses agents non-vaccinés. A date, 10% des 7.700 salariés du CHU de Saint-Etienne n'ont pas fourni leur certificat.

Une partie d'entre eux devrait régulariser sa situation administrative dans les prochains jours, une autre pourrait changer d'avis et une dernière ne souhaite catégoriquement pas se faire vacciner.

Selon Olivier Bossard, directeur général de l'établissement depuis le mois de mars dernier, la problématique devrait finalement concerner entre 100 et 150 salariés. Tous n'étant pas des personnels soignants. "C'est évidemment un problème mais nous l'avons beaucoup anticipé. Le taux de vaccination de nos salariés est bon, cela ne devrait pas générer de déprogrammation d'interventions. Si cela devait être le cas, nous sommes prêts, le plan de crise a été anticipé".

Autre problématique : la gestion du pass sanitaire pour accéder à l'établissement, avec le recrutement de plusieurs vigiles et une réorganisation des flux d'entrées. Un sujet au coût annuel de 100.000 euros pour le CHU de Saint-Etienne.

Dans un autre registre, le CHU doit également faire face à la fusion délicate avec l'Institut de Cancérologie Lucien Neuwirth, centre de cancérologie public stéphanois (450 salariés, budget de 85 millions d'euros par an). Cette fusion, qui sera effective au 1er janvier 2022 et décidée par l'ARS, provoque des remous en interne. Avec pour conséquence la démission annoncée de six des quatorze oncologues refusant cette fusion et qui partiront exercer leur métier dans le secteur privé, ce qui créera une concurrence relativement forte avec l'institut public.

Reprise d'une partie de la dette par l'Etat

Dans ce contexte délicat, plusieurs bonnes nouvelles peuvent néanmoins donner le sourire au directeur général de l'établissement et pourraient mettre du baume au cœur des équipes soignantes fortement mobilisées depuis 18 mois.

Des bonnes nouvelles d'ordre financier cette fois, et qui permettront à l'établissement de desserrer enfin les cordons de sa bourse.

D'abord, et c'est acté depuis quelques semaines : l'Etat s'engage à reprendre à son compte 38,4 des 179 millions d'euros de dette. Une décision faisant suite à la visite, en novembre 2020, de Jean Castex en plein cœur de la seconde vague (violente sur le territoire stéphanois) et durant laquelle il avait évoqué avec le maire de la ville, Gaël Perdriau, la situation du CHU de Saint-Etienne.

Cette reprise de dette devrait donner un véritable bol d'air à l'établissement hospitalier universitaire.

En effet, depuis 10 ans, les budgets étaient extrêmement compressés tant au niveau de l'exploitation que des établissements. La faute aux emprunts structurés, ces fameux emprunts dits "toxiques" et souscrits dans les années 2000 pour financer la construction de nouveaux bâtiments sur le site "Nord" du CHU, devenu depuis le site principal de l'établissement.

"Nous avions 260 millions de dette au départ. Les taux se sont envolés et la dette a culminé jusqu'à 298 millions en 2010. Pour compenser et couvrir ces intérêts supplémentaires, nous avons dû freiner drastiquement les dépenses.  En moyenne, nos investissements ont été bloqués à 10 millions par an alors qu'on considère que le niveau d'investissement raisonnable est de 4% du budget pour le renouvellement courant et 4% pour les investissements exceptionnels", rappelle Olivier Bossard.

La reprise des investissements et la résolution d'un conflit judiciaire

Avec un budget annuel de l'ordre de 600 millions d'euros, le montant des investissements aurait donc dû dépasser les 40 millions d'euros. Résultat : la structure et les équipements ont vieilli.

Cet appel d'air offert par la reprise de la dette devrait permettre au CHU de monter son niveau d'investissement annuel à 15 millions d'euros. "Nous allons pouvoir revoir les équipements hôteliers, les travaux courants, l'infrastructure informatique etc".

Autre bonne nouvelle espérée pour la fin de l'année sur ce sujet de l'apurement de la dette : la résolution du conflit judiciaire opposant le CHU de Saint-Etienne à l'ex-Dexia depuis des années. Une décision de la cour d'appel de Versailles est attendue pour la fin d'année.

"L'enjeu est très important. Cette dette structurée nous a déjà couté 70 millions d'euros et nous coutera encore 70 millions jusqu'en 2037, fin prévue du dernier des 10 contrats structurés. On espère, dans le meilleur des cas, une transformation pure et simple de l'ensemble de la dette, avec rétroactivité sur les coûts. Ou au moins d'une série de prêts. Cette dette structurée représente un véritable fardeau pour notre établissement".

Un projet à 80 millions d'euros

Troisième bonne nouvelle, moins incertaine que la précédente, mais pas encore chiffrée : une enveloppe d'investissement supplémentaire accordée par l'Etat, dans le cadre du plan de relance. Au moins 100 millions d'euros sont espérés. Rappelons qu'une rallonge de 70 millions d'euros avait déjà été accordée à l'établissement en 2016.

Dans un courrier adressé à Gaël Perdriau cet été, Jean Castex écrit ainsi : "je vous confirme que, dans le cadre du plan de relance de l'investissement en santé, la région Auvergne-Rhône-Alpes dispose d'une enveloppe d'1,6 milliard d'euros dont 534 millions pourront être consacrés à la conduite de projets de transformation de l'offre des soins tel que celui que vous portez à ma connaissance".

Le CHU porte en effet un projet phare : la refonte totale du pôle mère/enfant qui regroupera sur un seul bâtiment tout le plateau technique et sera assorti de la rénovation et de la restructuration de l'ensemble du service pour, par exemple, adapter la maternité aux standards actuels de confort (chambres individuelles, aménagements etc). 15.000m² seront construits et 15.000m² réaménagés, pour un budget total de 80 millions d'euros.

"Le projet initial était estimé à 35 millions d'euros, sur lequel l'ARS avait donné son aval pour un financement total par l'Etat. Nous avons donné une nouvelle ambition à ce projet, ce qui explique ce montant de 80 millions d'euros". Les ARS doivent faire remonter leurs priorités d'investissement au niveau national cet automne, une décision chiffrée est donc attendue pour les prochains mois. "Nous savons que nous serons accompagnés, nous en avons eu l'assurance avec cet engagement du premier ministre. Reste à savoir quel sera le montant de l'enveloppe...".

En 2020, le CHU a enregistré 55.721 entrées en hospitalisation complète, 78.400 passages aux urgences, 416.694 consultations externes et 3.153 accouchements. 2.161 séjours Covid ont été effectués dont 285 en réanimation. Le CHU a participé, par ailleurs, à 38 programmes de recherches internationales et a promu 26 études (dont 9 sur le Covid-19). 118 études ont été menées en collaboration avec des laboratoires ou d'autres promoteurs dont 37 sur le Covid-19. 59 essais industriels ont été mis en œuvre (dont trois sur le Covid). 95.6 professionnels (ETP) sont dédiés à la recherche clinique. Enfin, le CHU peut par ailleurs s'appuyer sur deux équipes labellisées CNRS et six équipes labellisées Inserm. A noter également, la collaboration étroite avec la start-up BioSpeedia depuis de nombreuses années et qui s'est traduite, notamment, par deux brevets conjoints et un contrat de recherche ANR sur le développement d'un test antigénique de diagnostic rapide du Covid-19.

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