JO de Paris 2024 : les sols sportifs produits par le lyonnais Gerflor seront réutilisables

Le groupe lyonnais va fournir les terrains sportifs indoor pour les épreuves de volleyball, de handball et de basket pour les Jeux Olympiques d'été de Paris 2024, ainsi que pour plusieurs compétitions des Jeux Paralympiques. Habitué des JO depuis 1976, Gerflor a dû ajouter pour Paris 2024, en plus des performances techniques, une couche supplémentaire en s’engageant sur des performances de recyclabilité et de réutilisation des terrains.
Gerflor va produire 33.000 m² de sols sportifs pour les Jeux olympiques et paralympiques 2024.
Gerflor va produire 33.000 m² de sols sportifs pour les Jeux olympiques et paralympiques 2024. (Crédits : DR)

Bertrand Chammas, le PDG de Gerflor (5.000 salariés), est clair : les Jeux Olympiques et Paralympiques ne pèsent pas très lourds dans le chiffre d'affaires du groupe lyonnais, se présentant comme le leader français du sol vinyle (1,4 milliard d'euros de CA en 2023, dont 70% hors de France).

Le marché (dont le montant n'est pas dévoilé) représente en revanche non seulement un atout en matière de marque employeur - et ce n'est pas négligeable dans un contexte de marché de l'emploi tendu - mais aussi une vitrine et un gage de crédibilité auprès du monde sportif.

33.000 m² produits pour les JO 2024

Gerflor a été retenu par Paris 2024 pour la fabrication et l'installation de 33.000 mètres carrés de terrains sportifs, soit 38 surfaces réparties sur 18 sites. Dans le détail, il s'agit, pour les JO, de onze terrains de handball, sept terrains de volleyball, cinq terrains d'entrainement de basketball et d'une surface sportive d'échauffement de boxe.

Pour les Jeux Paralympiques, l'entreprise va fournir six terrains de volleyball assis, cinq terrains de goalball, trois terrains de basketball fauteuil, deux surfaces de boccia, deux terrains de rugby fauteuil et un terrain de para badminton. L'essentiel de ces sols sera produit chez Gerflor Tarare, l'usine où était né le Taraflex en 1947, ce sol sportif présenté comme non abrasif et amortisseur de choc, ultra-présent dans les gymnases français et internationaux.

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Gerflor est par exemple partenaire des fédérations française, européenne et internationale de handball depuis 1997. Aux Etats-Unis, son PDG revendique une position de leader des sols sur lesquels évoluent la NBA. En 2023, l'entreprise a ainsi fabriqué quelque 2,7 millions de mètre carrés de sols sportifs.

Le segment du sport indoor représente environ 15 % de l'activité totale de Gerflor, aux côtés des marchés de l'industrie (marché aujourd'hui assez dynamique en Europe en raison de la tendance positive de la réindustrialisation), du transport (aéronautique, trains, bus, marine), de la santé (établissements hospitaliers) et de l'habitat.

Le tout dans un ensemble réparti de manière plutôt homogène. Parmi ses principaux concurrents : Forbo, Tarkett ainsi que de nombreux acteurs chinois à la politique commerciale jugée « agressive ».

Seconde vie

Gerflor est une habituée des Jeux Olympiques - l'histoire avait commencé en 1976 à l'occasion des JO de Montréal et ne s'est jamais interrompue depuis - mais l'entreprise a dû cette année répondre à une demande plus appuyée qu'habituellement en termes de développement durable.

Elle s'est ainsi engagée à trouver, pour l'intégralité des sols installés à l'occasion des JO, des destinations de réemploi dans des établissements sportifs ou scolaires. Plus de la moitié, selon Gerflor, auraient déjà trouvé leur seconde vie. Dans le cadre de son contrat avec Paris 2024, l'industriel est tenu à la production évidemment, à la pose, au suivi technique pendant les épreuves, à la dépose puis au réemploi.

« Cet engagement a nécessité de travailler sur nos process de mise en place. Nous avons proposé une avancée pour le monde sportif avec une installation mettant en œuvre un adhésivage sans colle. Cela va faciliter la dépose mais aussi le recyclage », pointe Bertrand Chammas.

Un point que souhaite visiblement souligner tout particulièrement le PDG, aux manettes de l'entreprise depuis 2003. Dans le cadre de son programme stratégique « We Care / We Act », Gerflor (26 usines dont six en France, dans le Rhône, en Isère, dans la Drôme, le Vaucluse, à Toulouse et en région parisienne) s'est engagée depuis 2020 dans une trajectoire de développement durable.

Parmi les objectifs annoncés : réduire de 20% à horizon 2025 son empreinte carbone, produire des sols contenant 30% de produits recyclés (contre 25% en 2020), avoir 10% de composants biosourcés (contre 5%), recycler 60.000 tonnes de rebuts de sols (contre 50.000 tonnes) et installer 35% des sols en pose sans colle (contre 30% en 2020). Déjà, d'ici la fin de l'année, Gerflor annonce un taux de 80% de composants d'origine recyclés pour son usine de Tarare.

20 millions d'euros dans une nouvelle usine de recyclage

Pour accélérer sur le sujet du recyclage, Gerflor va investir 20 millions d'euros dans une nouvelle usine de recyclage des rebuts industriels et des chutes de chantier. Une usine montée en joint-venture avec le groupe Paprec (spécialisé dans le recyclage industriel) et qui devrait être opérationnelle en 2026 à Salaise-sur-Sanne, en Isère, sur le projet de plate-forme industrialo-portuaire nommée « Inspira ».

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Associée à un recrutement d'une cinquantaine de personnes, elle viendra compléter l'usine de recyclage installée à Cholet, en partenariat avec Paprec déjà. Elle devrait permettre de multiplier par cinq la capacité de recyclage actuellement disponible.

« Les besoins sont très importants. Un chantier de 10.000 m² génère 5 à 10% de chute au moment de la pose. Nous voulons nous mettre en position d'en réutiliser le plus possible pour les réintégrer dans notre process de production. 50.000 tonnes de matériaux repris correspondent à une économie de 70.000 tonnes de CO2 économisés », précise Bertrand Chammas.

Le projet est ambitieux dans un secteur où le « recyclé » et le « recyclable » ne sont pas encore devenus la norme. La page semble donc bien définitivement tournée sur les années 1990' et 2000', période sanctionnée par l'Autorité de la Concurrence par une amende 62 millions d'euros prononcée en 2017 à l'encontre de Gerflor.

Une enquête avait alors mis en avant une entente anti-concurrentielle impliquant le groupe lyonnais, ses concurrents Forbo et Tarkett ainsi que le syndicat SFEC (total de l'amende : 302 millions d'euros). Parmi les irrégularités relevées : une entente sur une « non-communication environnementale ».

« Cette affaire est de l'histoire ancienne. La quasi-intégralité du management de l'époque a changé, nous sommes passés à autre chose », balaie ainsi Bertrand Chammas. Nouvelles pratiques, nouvelles contraintes de marché, nouveaux défis environnementaux, Gerflor assure désormais suivre aujourd'hui un autre chemin.

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