Ecrans nouvelle génération. Les nanofils lumineux d’Aledia auront bientôt leur première usine en Isère

Après dix années de travaux de R&D, on savait déjà que cette spin-off du CEA Leti, qui avait levé près de 200 millions d'euros au total, souhaitait construire une "Display Valley" sur le bassin grenoblois. Ce jeudi, Aledia se prépare à donner le coup d'envoi de ses travaux, avec un premier bâtiment de production qui sortira de terre à compter de fin 2022. Car la startup industrielle a désormais l'ambition de produire, courant 2023, des puces microLEDs pour conquérir le marché des écrans "nouvelle génération".
La future ligne de production d'Aledia vise à produire, en grandes séries, des puces microLEDS destinées aux écrans de nouvelle génération afin de remplacer les technologies LCD et OLED actuelles. Objectif : conquérir les marchés des téléviseurs, téléphones, ordinateurs, tablettes, ou encore montres connectées...
La future ligne de production d'Aledia vise à produire, en grandes séries, des puces microLEDS destinées aux écrans de nouvelle génération afin de remplacer les technologies LCD et OLED actuelles. Objectif : conquérir les marchés des téléviseurs, téléphones, ordinateurs, tablettes, ou encore montres connectées... (Crédits : DR)

Cofondée en 2012 par deux ingénieurs du CEA et son actuel pdg, Giorgio Anania, la jeune pousse grenobloise Aledia pourrait bien devenir l'un des futurs fleurons de la microélectronique française, dans une spécialité de niche : les composants destinés aux écrans de nouvelle génération. Et le timing actuel ne semble que confirmer son pari, en pleine pénurie de composants électroniques et d'une forte hausse de la demande provenant de différents secteurs, associées à des besoins de réduction de la consommation énergétique des systèmes électroniques.

La deeptech grenobloise, lauréate du dispositif French Tech 120 de la French Tech, nourrit à ce titre de grandes ambitions et promet toujours 500 emplois créés à horizon 2025. Mais avant cela, Aledia pourra d'ores et déjà confirmer une première étape, avec la livraison de sa première usine de production industrielle sur la ZAC de Champagnier, dans la banlieue de Grenoble (Isère), désormais attendue à compter de fin 2022. Objectif : faire croître ses nanofils lumineux en 3D, destinés à remplacer les technologies LCD et OLED actuelles, selon son nouveau mode de production, réalisé sur des wafers silicium de grande taille.

Ce jeudi, la startup industrielle donnera d'ailleurs le coup d'envoi "officiel" de la première tranche de travaux de son premier site de production. Et après une visite de la ministre en charge de l'Industrie en septembre dernier, ce sera au tour de plusieurs représentants politiques de venir marquer leur soutien au projet, dont le président LR de la région Auvergne Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez.

Son projet immobilier, amené à constituer le premier pas vers  la création d'une future "Display Valley" souhaitée par Aledia, est en effet soutenu par plusieurs partenaires institutionnels : la Région Auvergne Rhône-Alpes, le Département de l'Isère et la Métropole de Grenoble. Son projet avait également bénéficié d'un soutien de 5 millions d'euros, dans le cadre du plan de relance de l'Etat français, sur le volet industriel.

D'ailleurs, son Ceo l'affirmait lui-même il y a quelques semaines :

"Capital investissement, dette, prêts, aides... Nous étudions encore toutes les options qui s'offrent à nous pour atteindre notre enveloppe globale de 500 millions", souligne Giorgio Anania, qui n'exclut pas non plus l'entrée en Bourse, une fois que la phase d'industrialisation sera plus proche, afin de compléter le financement de l'ensemble de ses installations.

52.000 m2 en trois tranches

Elle avait notamment choisi la commune de Champagnier (Isère), pour accueillir son futur site, qui devrait comprendre, à terme, la livraison de trois grands ensembles de bâtiments, regroupant salles blanches, bureaux et équipements techniques. Soit un total de 52.000 m2 constructibles, prévus en trois tranches de travaux d'ici à 2025.

Mais pour l'heure, cette première phase de travaux comprend d'abord un investissement de 44 millions d'euros, associé à 10 millions d'euros d'équipements. Une somme assurée, pour moitié par de la dette bancaire, et pour le reste par une SCI, où Aledia détient un tiers du capital, aux côtés d'un pool bancaire, qui demeure aux manettes des deux tiers restants.

Avec ses 190 collaborateurs (et ses 500 emplois projetés d'ici 2025), Aledia incarne à elle seule un véritable pari industriel : car en s'appuyant sur sa technologie de microLEDs 3D s'appuyant sur 200 familles de brevets, elle souhaite mettre au point la prochaine génération d'écrans LEDs. Avec dans le viseur, les marchés des grands téléviseurs, ordinateurs portables, tablettes, smartphones, montres intelligentes et lunettes à réalité augmentée...

"La technologie de rupture d'Aledia apporte plus de brillance et de luminosité aux écrans, tout en assurant une meilleure efficacité énergétique, pour un coût de fabrication équivalent ou moindre comparé aux technologies traditionnelles LCD ou OLED", affirme la société, qui veut s'appuyer sur cet avantage concurrentiel pour s'imposer comme le prochain standard dans son domaine.

Un marché mondial des écrans qui représenterait près de 120 milliards de dollars pour les technologies dites "de nouvelle génération".

Un nouveau pilier pour la "Silicon Valley" grenobloise

En donnant le "top départ" de ce projet, elle se positionne désormais officiellement aux premières lignes d'un écosystème qui se veut "unique en Europe" dans le domaine de la microélectronique et des écrans.

Le tout, avec l'objectif de capitaliser en même temps sur les forces du bassin grenoblois, qui se positionne comme le second pôle de recherche français, avec près de 25.000 chercheurs et un tissu dense sur le terrain des semi-conducteurs, comprenant des grands noms (STMicroelectronics, Soitec, Lynred, etc) mais aussi un large vivier de sous-traitants et d'acteurs de la recherche de rang mondial (CEA-Leti).

Cette nouvelle usine aura aussi une signification plus symbolique pour Aledia : celle de marquer bientôt d'une pierre blanche le terme d'une première étape de 10 années consacrées à la R&D, avec un saut désormais amorcé vers la production industrielle, qui demeure encore à réaliser.

Un pari très risqué au vu des montants engagés et des étapes de validation des premières séries qui seront réalisées en parallèle, mais "nécessaire", selon son Ceo, afin d'être en mesure de s'imposer rapidement, face à des géants du marché de l'électronique, comme Samsung ou Apple. Avec à la clé, une technologie qui pourrait mener à la production de nanofils 3D "made in France".

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