Face au destockage massif des panneaux solaires chinois, Heliup choisit de grandir vite

Heliup investit cinq millions d’euros en Isère pour construire sa première ligne industrielle d’assemblage de panneaux photovoltaïques légers, destinés aux charpentes métalliques. Dans un contexte où les acteurs européens sont chahutés par l’hyper présence asiatique, la start-up savoyarde fait le choix de la montée rapide en cadence.
La spin-off du CEA-Liten, créée en 2022 et positionnée spécifiquement sur les panneaux légers pour les charpentes métalliques, s'est engouffrée dans la voie de l'accélération de la cadence de production.
La spin-off du CEA-Liten, créée en 2022 et positionnée spécifiquement sur les panneaux légers pour les charpentes métalliques, s'est engouffrée dans la voie de l'accélération de la cadence de production. (Crédits : Heliup)

Atteindre rapidement une taille critique ou (probablement) disparaitre du paysage faute d'optimisation industrielle suffisante. C'est ainsi que Yannick Veschetti, le président de la start-up savoyarde Heliup, résume l'équation à laquelle il est confronté.

Le tout, dans un contexte de submersion du marché européen par le déstockage actuel des panneaux chinois qui a conduit à une pression extrêmement forte sur les prix ces derniers mois avec une division des prix par deux.

Avec à la clé, des morts : la dernière en date étant la nantaise Systovi (filiale du groupe Cetih) qui vient de mettre la clé sous la porte.

Lire aussi Photowatt : une cession par EDF toujours à l'agenda, sur un marché mondial plus agité que jamais

Dans cet environnement, la spin-off du CEA-Liten créée en 2022 et positionnée spécifiquement sur les panneaux légers pour les charpentes métalliques, s'est engouffrée dans la voie de l'accélération de la cadence de production.

Une ligne de 100 MWc dès septembre 2024, 1 GWc en 2026

Après une première ligne pilote capable de produire 500 panneaux par mois au Bourget-du-Lac (73), elle annonce un investissement de cinq millions d'euros dans une première ligne de production industrielle. Un investissement financé notamment grâce à la levée de fonds de dix millions d'euros opéré à l'automne dernier auprès de Starquest Capital, EIT InnoEnergy, BNP Paribas Développement et le groupe IDEC.

Cette première ligne industrielle prendra place à Cheylas, en Isère, au sein de l'Actiparc Sillon alpin. La production sera lancée en septembre avec une montée en cadence graduelle.

En vitesse de croisière, cette ligne permettra de produire 500.000 m² de panneaux solaires par an, soit 100 MWc, ce qui correspond à la consommation annuelle de quelque 45.000 foyers. De 25 salariés actuellement, l'entreprise devrait passer à un effectif de 40 personnes à la fin de l'année puis une centaine l'année prochaine.

Dès 2025, un chiffre d'affaires de 15 à 20 millions d'euros est annoncé, assurant la rentabilité d'Heliup. Celle-ci est positionnée comme un assembleur contrairement aux gigantesques projets européens Carbon et HoloSolis, notamment, qui seront situés plus en amont dans la chaine de valeur (fabrication de la cellule photovoltaïque) et nécessiteront donc des financements très importants pour leur mise en œuvre (850 millions annoncés pour HoloSolis par exemple).

Lire aussi Quels prochains défis attendent Carbon, acteur du Pacte solaire ?

Optimisation industrielle et différenciation

Sous trois ans, Heliup vise un chiffre d'affaires de 40 millions d'euros de chiffre d'affaires environ. Déjà, une nouvelle levée de fonds est envisagée pour l'année prochaine. Le montant n'est pas dévoilé mais il devrait être plus important que la précédente opération. Ce tour de table permettra à l'entreprise d'accélérer la suite de sa montée en puissance : rapidement après cette première ligne iséroise, d'autres devraient fleurir. Sur le même site ou ailleurs. Objectif : parvenir d'ici 2026/2027 à un facteur 10, c'est-à-dire, 1GWc.

« Pour une start-up jeune comme la nôtre, cette première ligne à 100 MWc représente déjà un très gros projet mais nous savons que nous devons grossir rapidement. Sur ce secteur, hyper concurrentiel, il est difficile de rester petit pendant longtemps. L'expérience malheureuse de Systovi en est l'illustration. Nous devons augmenter vite nos cadences, tout en assurant chaque étape, pour parvenir à une optimisation industrielle et donc des prix compétitifs », explique Yannick Veschetti.

Lire aussi Énergie solaire : près de Nantes, la PME Systovi met la clé sous la porte

Et ce, même si Heliup est ancrée sur un marché, pour l'instant, moins soumis à l'implacable concurrence chinoise : les panneaux légers à destination des charpentes métalliques. Des charpentes dont la fragilité ne leur permet pas d'accueillir des panneaux photovoltaïques standards. Les premiers panneaux développés par Heliup pèsent deux fois moins lourds, ils ont été conçus pour les toits terrasse, c'est-à-dire principalement les entrepôts logistiques et les bâtiments commerciaux.

Dans les prochains mois, la start-up va avancer sur un produit adapté aux toitures inclinées, afin de cibler les bâtiments industriels. Le marché est important : les toitures qualifiées de « grandes » et « intermédiaires » représentent quelque 700 millions de m² en France. 90% des toits terrasse et 50% des toitures inclinées seraient incompatibles avec des panneaux traditionnels selon Yannick Veschetti.

Sur ce secteur, en Europe, œuvrent en face d'Heliup d'une poignée d'autres d'acteurs comme le Français Creawatt, Solarge (Pays-Bas) ou encore Das Energy (Autriche).

« Sur ce créneau des panneaux légers, nous avons moins de concurrence que les fabricants de panneaux traditionnels mais cela ne durera pas forcément encore très longtemps. Nous devons donc aller vite, et prendre nos positions dès à présent. Le marché est là, avec une bonne dynamique, mais ça reste challenging. Rien n'est acquis », insiste Yannick Veschetti, précisant qu'Heliup restera centrée sur ce créneau bien spécifique des panneaux légers, tant que le marché européen ne sera pas mieux protégé.

Il reconnait une bonne dynamique en ce sens, avec le récent Pacte Solaire engagé par l'Etat avec les différents acteurs du photovoltaïque mais estime les décisions européennes trop timides pour sécuriser réellement la filière européenne, agressée par la concurrence asiatique.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 1
à écrit le 04/06/2024 à 9:43
Signaler
Bravo , il y a encore quelques gens courageux et entreprenants en France .... on ne le montre pas assez ... on parle beaucoup plus des assistés ......

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.