Rosi Solar va encore lever des fonds pour accélérer le recyclage des panneaux photovoltaïques

Quelques mois seulement après avoir clôturé sa première levée de fonds de 10 millions d’euros, la start-up Rosi Solar va prochainement faire un nouveau pas significatif en dupliquant en Allemagne et dans un autre pays européen sa première (et toute récente) usine iséroise de recyclage de panneaux photovoltaïques. Pour ce faire, elle travaille sur une nouvelle levée de fonds beaucoup plus importante que la précédente. Rosi Solar a mis au point un procédé unique permettant de récupérer du silicium pur à partir de panneaux en fin de vie.
L'usine iséroise de Rosi Solar peut actuellement recycler environ 150.000 panneaux par an.
L'usine iséroise de Rosi Solar peut actuellement recycler environ 150.000 panneaux par an. (Crédits : Rosi Solar)

L'enjeu exploré par la start-up iséroise Rosi Solar est majeur. « Pour fabriquer un kilo de silicium, il faut en moyenne deux kilos de bois, trois kilos de quartz et un kilo de charbon. L'impact environnemental de la fabrication du silicium est énorme. Or, le silicium est la matière opérationnelle du panneau photovoltaïque, celle qui permet de transformer la lumière en énergie, celle qui permet d'accéder à une énergie renouvelable », insiste Yun Luo, polytechnicienne et physicienne, co-fondatrice de Rosi Solar avec Daniel Bajolet (ex VP de Rhodia et expert du silicium) et Guy Chichignoud (chargé de recherche au CNRS-laboratoire SIMAP de Grenoble et spécialiste de la purification du silicium).

Après plusieurs années de R&D, Rosi Solar a inauguré il y a quelques semaines sa première usine. Située à la Mure, en Isère, celle-ci est capable, actuellement, de recycler quelque 3.000 tonnes de panneaux photovoltaïques (soit 150.000 panneaux environ) selon un procédé unique (et breveté) permettant, sur ce volume, de récupérer environ trois tonnes d'argent et 90 tonnes de silicium.

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Là où les autres acteurs du recyclage de panneaux photovoltaïques se contentent pour la plupart de les broyer pour une réutilisation en sous-couche routière par exemple, la jeune pousse iséroise s'appuie sur un procédé de pyrolyse et une technique de chimie douce permettant de récupérer du silicium pur, sans résidu carbone, ainsi que les fils d'argent à l'état solide.

Grâce à sa technologie permettant de dissocier les éléments des couches de wafers, Rosi Solar parvient pour le moment à extraire l'intégralité du cuivre, ainsi que 85% de l'argent et 90% du silicium contenus dans un panneau.

Ces matières premières, pures, sont ensuite commercialisées auprès d'industriels utilisateurs, avec un objectif de valorisation de 500/600 euros la tonne de panneaux entrants. Un niveau permettant une valeur suffisante pour assurer la rentabilité économique du système, sans subventionnement public.

Rosi Solar emploie actuellement une quarantaine de salariés, dont la moitié sur son usine et la moitié en R&D.

Une seconde usine en Allemagne

Quelques mois après la clôture de son premier tour de table à 10 millions d'euros mené auprès du groupe japonais Itochu, d'Innoenergy et de l'EIC (European innovation council), -tour de table qui lui a permis notamment de financer cette première étape d'industrialisation-, Rosi Solar se lance désormais dans un nouveau process de levée de fonds. « Nous ne pouvons pas encore donner de montant mais il sera beaucoup plus important que celui de l'année dernière », confie le directeur général de l'entreprise, Antoine Chalaux, précisant qu'il devrait aboutir d'ici la fin de l'année.

Rosi Solar, labellisée FrenchTech 2030, a en effet besoin de fonds pour accélérer la cadence. En France et à l'international. En France, il s'agira d'augmenter significativement la capacité de traitement de l'usine iséroise à 10.000 tonnes de panneaux par an dès 2024/2025.

« Le marché est là, sans aucun doute. D'ici à 2030, nous estimons que 250.000 panneaux environ arriveront en fin de vie en France. Nos économies devront être capables de s'appuyer sur cette matière existante plutôt que d'utiliser de nouvelles ressources naturelles », note Antoine Chalaux.

A l'international, la décision est d'ores et déjà actée : Rosi Solar va dupliquer son usine française en Allemagne, pays concentrant actuellement en Europe les plus gros volumes de déchets de panneaux photovoltaïques. Elle sera opérationnelle en 2025, avec une capacité de traitement de 10.000 tonnes par an. Un autre pays européen (encore confidentiel) est également ciblé pour l'implantation d'un troisième site de production, à la même échéance. « Nous menons également des discussions en Asie », glisse le DG de Rosi Solar.

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En parallèle, la start-up avance sur le recyclage des déchets de production, énormes selon Yun Luo qui pointe un gaspillage de silicium de l'ordre de 40% lors des opérations de découpe de wafers. Ce sujet était d'ailleurs le point de départ de Rosi Solar en 2017. La jeune pousse, alors trop modeste pour aller chercher les marchés asiatiques où sont produits l'essentiel des wafers, avait réorienté ses efforts sur le recyclage. Avec les épaules désormais plus solides, elle va pouvoir s'attaquer à sa cible initiale.

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