Pour décarboner les panneaux solaires, le savoyard Solreed propose la voie de la réparation

La start-up savoyarde travaille avec le CEA et Engie Green sur une nouvelle piste de durabilité des panneaux solaires : leur réparabilité. Une voie qui, jusqu’ici, n’était pas vraiment exploitée, faute de solution technologique et de modèle économique viable. Les enjeux sont importants : selon l'Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA), d'ici à 2040, les panneaux solaires représenteront à l'échelle européenne six millions de tonnes de déchets.
Si, actuellement, l'offre de réparation de panneaux solaires est quasi inexistante, c'est parce qu'économiquement et techniquement, personne ne s'est encore vraiment risqué sur cette voie, avant la start-up savoyarde Solreed, qui travaille avec le CEA et Engie Green.
Si, actuellement, l'offre de réparation de panneaux solaires est quasi inexistante, c'est parce qu'économiquement et techniquement, personne ne s'est encore vraiment risqué sur cette voie, avant la start-up savoyarde Solreed, qui travaille avec le CEA et Engie Green. (Crédits : Engie green)

Si la question de l'intérêt du solaire dans un mix énergétique plus durable ne fait pas débat pour atteindre la neutralité carbone d'ici 2050, celle de l'impact environnemental de la fabrication et de l'acheminement des panneaux photovoltaïques (ou de leurs composants) est en revanche régulièrement interrogée.

Avec plusieurs pistes que veut explorer le récent plan de soutien au développement du photovoltaïque, annoncé par Bruno le Maire et Roland Lescure : notamment en matière de montée en puissance de l'industrie française des panneaux solaires et de soutien aux panneaux bas carbone.

La start-up grenobloise Solreed propose, elle, une troisième voie : celle de l'allongement de la durée de vie des panneaux solaires déjà installés. Les enjeux sont importants : selon l'Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA), d'ici à 2040, les panneaux solaires représenteront à l'échelle européenne six millions de tonnes de déchets.

La brique manquante

Actuellement en phase d'incubation au sein du CEA, sur le campus du Bourget-du-Lac (Savoie), Solreed a pour ambition de développer une solution de monitoring et de réparation des panneaux solaires. Elle s'appuie dans ses premiers pas, sur un partenariat avec Engie Green, premier exploitant solaire en France.

« Aujourd'hui, nous exploitons un parc de six millions de modules photovoltaïques en France. Chaque année, on doit en remplacer environ 2.000. Pour ces panneaux défectueux ou en fin de vie, nous n'avons aujourd'hui qu'une seule option : leur remplacement car il n'existe aucune offre de réparation. Mais cela pose des problèmes importants car l'industrie des panneaux évolue très vite ! Les panneaux d'aujourd'hui n'ont pas le même gabarit, ni les mêmes caractéristiques techniques que ceux datant de dix ou même cinq ans », explique William Arkwright, directeur général d'Engie Green.

Résultat : les exploitants doivent attendre d'avoir un certain nombre de panneaux en panne avant de procéder à la modification de la structure de la centrale solaire puis de remplacer les modules en panne. Car venir faire de la haute couture (faire fabriquer quelques panneaux sur mesure) pour des exploitations de 20.000 à 40.000 modules, ne serait pas rentable. Ce délai affectant forcément la performance globale de l'exploitation.

« Lorsqu'ils sont retirés, en France, jusqu'à 95% des composants d'un panneau peuvent être recyclés. C'est très bien, mais ce n'est pas suffisant. Le mieux serait évidemment de pouvoir les réparer. Nous pensons que Solreed va venir boucher un trou dans la raquette économique et environnementale de la filière. C'est le maillon manquant », poursuit le DG d'Engie Green.

Anticiper les pannes et réparer sur place

Si, actuellement, l'offre de réparation de panneaux solaires est quasi inexistante, c'est parce qu'économiquement et techniquement, personne ne s'est encore vraiment risqué sur cette voie. Solreed entend lever les freins pour réussir dans les prochains mois à proposer une offre aboutie aux exploitants.

« Réparer un panneau solaire est très complexe car la panne est difficile à diagnostiquer. Il faut bien comprendre qu'un panneau solaire est complètement hermétique, il est construit comme un sandwich dont il est impossible de décomposer les couches. Mais nous travaillons depuis plusieurs années au CEA sur le sujet et nous avons acquis une vraie expertise », explicite Luc Federzoni, chercheur au CEA Liten et porteur du projet Solreed, pour lequel il s'est associé avec Mathieu Verdon.

Expertise qui a pu être démontrée avec les 500 panneaux « en panne » fournis par Engie Green et qui ont pu être réparés par Solreed en quasi-totalité, prolongeant ainsi leur durée de vie de plusieurs années.

La deuxième pierre de l'édifice, la R&D est en cours, consiste à mettre au point une solution de monitoring intelligente afin d'anticiper les pannes en suivant les performances des modules, et de diagnostiquer les anomalies détectées. « Le travail est immense car il existe des centaines de références de modules. Nous planchons actuellement sur les plus répandues en Europe », précise Mathieu Verdon.

La troisième pierre consistera dans la mise sur pied d'une équipe mobile capable d'intervenir directement sur site pour procéder aux réparations, plutôt que, - comme c'est le cas actuellement-, de retirer les panneaux et de les ramener au CEA pour les réparer.

« Il faut désormais construire le bon modèle économique afin que ces réparations soient, au-delà de l'aspect environnemental, intéressantes économiquement pour l'exploitant. Une réparation sur place, de plusieurs panneaux en même temps, sera très certainement, le choix le plus judicieux », commente William Arkwright, directeur général d'Engie Green.

A un stade encore trop précoce, Solreed ne s'avance pas sur des hypothèses de chiffre d'affaires mais table sur une dizaine de salariés d'ici fin 2025 et une trentaine sous trois ans. Un projet déposé avec Engie et le CEA déposé auprès de l'ADEME, avec des financements à la clé, pourrait booster son développement.

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Commentaires 2
à écrit le 16/04/2024 à 8:19
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C'est pour dire comme le modèle a été mal pensée dès le début alors que capital. Nos dirigeants sont nuls.

à écrit le 15/04/2024 à 15:55
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"six millions de tonnes de déchets." la rançon du renouvelable... Sont-ce des déchets ultimes ou en vrac ? Un article parlait une fois de gens qui 'pelliculaient' (rabotaient) les panneaux pour ne pas broyer le tout mais récupérer couche par couche l...

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