Autoconsommation solaire : le projet de Mylight150 validé par une levée de fonds de 100 millions d’euros

Dans un contexte de financement difficile pour les entreprises de la tech, mais favorable aux acteurs de l’autoconsommation solaire, la Lyonnaise Mylight150 annonce une levée de fonds majeure de 100 millions d’euros pour développer son offre globale autour de l’autoconsommation solaire : panneaux photovoltaïques, systèmes de pilotage intelligent de la consommation, dispositif de stockage virtuel, bornes de charges et optimisation de la consommation.
Mylight150 a déployé une offre globale d'autoconsommation solaire.
Mylight150 a déployé une offre globale d'autoconsommation solaire. (Crédits : DR)

L'entreprise lyonnaise Mylight150 vient de mener à terme une levée de fonds de 100 millions d'euros auprès d'Eiffel Investment Group, Azora Capital, Andera Partners ainsi qu'Elevation Capital Partners, son investisseur historique. Il s'agit de son troisième tour de table après une première levée de fonds de deux millions d'euros en 2016, puis une seconde de six millions d'euros en 2020. Avec ce nouveau financement, Mylight150 fait donc le grand écart et passe un cap significatif qui doit lui permettre de déployer en Europe ses solutions d'autoconsommation solaire et de gestion intelligente de l'énergie pour le parc résidentiel et les bâtiments tertiaires.

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Momentum du marché

L'opération détonne dans un contexte plutôt morose pour le financement de la tech française. Les levées de fonds se sont en effet considérablement ralenties et surtout les montants moyens se sont largement abaissés. Selon une étude du fonds de Venture Capital Newfund, sur le premier semestre 2023, les startups françaises ont levé 57% de moins que sur la même période en 2022 (2,9 milliards sur les six premiers mois de l'année, contre 6,6 milliards d'euros sur le premier semestre 2022). Sur le deuxième trimestre 2023, les levées de 50 millions d'euros ne représentaient qu'un tiers des montants levés quand ils pesaient pour deux tiers sur le deuxième semestre 2022.

La co-dirigeante de Mylight150, Ondine Suavet, le reconnait d'ailleurs bien volontiers : le processus a été long, près d'un an, et il a fallu se battre mais les perspectives de l'entreprise ont finalement convaincu les investisseurs. Il faut dire que sa croissance a de quoi séduire : elle affiche un chiffre d'affaires de 100 millions d'euros en 2023 (avec 250 salariés) contre 20 millions seulement il y a trois ans. Et les perspectives sont encore plus séduisantes puisque Mylight 150 a pour ambition d'atteindre les 500 millions d'euros de chiffre d'affaires d'ici 2030.

« Nous arrivons à un moment exceptionnel de notre marché. Depuis 2021, la France s'est réveillée, elle a compris qu'il fallait produire plus d'énergie, que les centrales nucléaires vieillissaient et qu'elles ne suffiraient pas aux besoins futurs. Et qu'il allait falloir accélérer vraiment sur les énergies renouvelables. Dans le même temps, le prix de l'électricité augmente fortement, avec une conséquence directe : les clients se tournent massivement vers l'autoconsommation », justifie Ondine Suavet.

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A ce jour, la France compte 386.913 installations d'autoconsommation, soit 86% de plus que l'année dernière... 50% des nouvelles installations photovoltaïques sont désormais destinées à de l'autoconsommation, avec EDF en pôle position des acteurs intervenant sur ce marché en France.

Optimisation de la consommation

Mylight150 (150 pour les 150 millions de kilomètres séparant la Terre du soleil) avait été créée en 2014 par Ondine Suavet et son frère Virgile. Elle a développé une proposition globale autour de l'autoconsommation avec des panneaux photovoltaïques dont elle sous-traite la fabrication (à partir de son cahier des charges) en Asie et qu'elle associe à des services de gestion intelligente de l'énergie, ainsi qu'à des solutions d'intelligence artificielle permettant d'optimiser la consommation d'énergie pour réduire, en bout de course, la facture énergétique.

« Notre système permet de piloter la consommation des équipements les plus énergivores, comme les chauffe-eaux ou les bornes de charge afin qu'ils fonctionnent au moment le plus opportun pour l'autoconsommation. Cela permet non seulement de lisser les pics de consommation mais aussi de réduire considérablement le montant de la facture. Le gouvernement prévoit le déploiement de 10 millions de pompes à chaleur et de 15 millions de bornes de charge au cours des 15 prochaines années, affirme Ondine Suavet. Cela pose deux défis majeurs auxquels nous répondons : la nécessité d'augmenter la production d'électricité et l'impératif d'en optimiser la consommation et le coût ».

L'entreprise a également mis au point une offre de batterie virtuelle : en échange d'un abonnement mensuel de 15 euros, elle restitue gratuitement à ses clients, quand ils en ont besoin, l'énergie qu'ils ont produite les jours ou mois précédents et qu'ils n'ont pas consommée. 8.000 de ses 30.000 clients français ont déjà souscrit à cette offre.

« C'est un système très différent de celui proposé par EDF où le client revend ses surplus d'énergie au tarif prévu dans son contrat mais qui doit acheter, au double de ce prix de vente, lorsque ses panneaux ne produisent pas d'électricité. Notre modèle est équilibré, le client rentabilise son investissement sans subvention de l'Etat, c'est un point majeur pour se développer à l'international », explique la co-dirigeante reconnaissant, du fait de ce modèle, une exposition au marché spot de l'électricité qu'elle gère de près.

« Avec nos 8.000 clients, nous voyons déjà une forme d'équilibre entre ceux qui produisent plus qu'ils ne consomment à un instant T et les autres. Nous avons par ailleurs une équipe de traders dont le métier est d'acheter l'énergie pour nos clients quand c'est le plus intéressant. Le 16 juillet dernier à 14 heures, par exemple, les prix de l'électricité étaient négatifs. Et puis, notre offre repose justement sur l'incitation à consommer moins quand vos panneaux ne produisent pas suffisamment d'électricité grâce à notre pilotage intelligent, ce qui sous-entend donc une limitation des achats d'énergie ».

Déploiement géographique et technologique

Le tour de table que vient d'opérer Mylight150 doit lui permettre de déployer ses ailes hors de France, et notamment en Espagne où le marché de l'autoconsommation dispose d'un important potentiel. Elle doit également financer le renforcement de son offre en l'étendant aux pompes à chaleur et en renforçant sa proposition sur les bornes de charge qu'elle vient tout juste de mettre en place. « Nous devons également continuer sur notre R&D, qui occupe environ 70 personnes actuellement ».

Après avoir recruté 120 collaborateurs ces 12 derniers mois, une centaine de salariés supplémentaire devrait rejoindre l'effectif d'ici fin 2024. Par ailleurs, une relocalisation de la production des panneaux solaires en France pourrait être envisagée. Mylight150 suit de très près l'avancée de Carbon et de son projet de giga-usine de panneaux photovoltaïque à Fos-sur-Mer.

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