Avec la problématique de la souveraineté alimentaire de la France, celle du changement climatique, le risque de voir baisser les rendements et la qualité des récoltes, la coopérative agricole ancrée en Auvergne Limagrain construit depuis plusieurs années l'autonomie de la filière blé et maïs sur le territoire auvergnat. Pour son président, Sébastien Vidal, cette actualité souligne « le rôle majeur de la recherche et de la création variétale mais aussi l'intérêt de nouvelles pratiques agricoles et agronomiques durables. La recherche est en effet l'une deux grandes branches d'activité avec la production de cette coopérative qui se classe au quatrième rang mondial des semenciers avec des marques comme LG, Vilmorin, Azera, Harris Morand, Jacquet ou encore Brossard.

Nouvelles variétés de céréales

Limagrain crée de nouvelles variétés de céréales et les vend : 442 nouvelles variétés ont par exemple été lancées en 2021-2022 et 6.000 variétés au total sont commercialisées.

 « Nous adaptons la génétique de nos semences pour résoudre les problèmes de la filière », explique Sébastien Vidal

Ainsi, 16,2 % du chiffre d'affaires semences sont consacrés à la recherche, soit 275 millions d'euros pour l'exercice 2021-2022, dont une grande partie est réalisée en France grâce au crédit d'impôt recherche. « La recherche, c'est l'ADN de Limagrain : dans les années 70, le maïs  LG 11 a lancé le premier grand succès du groupe en matière d'innovation variétale. Un maïs adapté à l''Europe du nord qui a fait gagner beaucoup d'argent à la coopérative, qui a réalisé au cours de son exercice 2021-2022, clos le 30 juin 2022 un chiffre d'affaires de 2,107 milliards d'euros pour un résultat net de 82 millions d'euros (les chiffres de l'exercice 2022-2023 n'ont pas encore été communiqués)

Une matrice pour demain

Aujourd'hui, le projet d'expérimentation appelé la « matrice » est le plus innovant du groupe. La coopérative s'est en effet engagée pour un une durée de 12 ans et un budget de 7 millions d'euros d'investissement et d'exploitation à expérimenter plusieurs systèmes de culture variés en Limagne Val d'Allier. Sept salariés vont travailler dans un domaine agricole qui appartient depuis longtemps à la coopérative. 89 parcelles réparties sur 49 ha sur le domaine de Mons, dans la commune d'Aubiat dans le Puy de Dôme forment une plateforme d'expérimentation en plein champ. Elle permettra d'expérimenter des systèmes de culture alternatif et innovant intégrant de multiples paramètres comme le travail du sol, la couverture, les espèces, l'assolement, l'irrigation, la fertilisation, la protection des cultures.

Limagrain cherche ici les solutions qui permettent aux agriculteurs de conserver leurs revenus, de maintenir la productivité des récoltes en s'adaptant aux aléas climatiques et aux contraintes réglementaires et sociétales à venir. A l'issue de plusieurs cycles annuels d'expérimentation pour le blé et pour le maïs, les résultats permettront de conseiller les agriculteurs sur un système de culture plus performant et plus adapté au territoire. Limagrain bénéficie pour ce projet de l'apport d'expertise du Cirad (centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement durable des régions tropicales et méditerranéennes). Autant d'expérimentations qui devrait permettre aux agriculteurs adhérents de la coopérative de faire face au dérèglement et d'intégrer les exigences réglementaires en particulier en matière d'intrants agricoles.