Le semencier auvergnat Limagrain veut sortir sa filiale Vilmorin de la Bourse

Limagrain a décidé de retirer Vilmorin de la cote parisienne. Pour cela, la coopérative agricole auvergnate, actionnaire majoritaire du semencier, va lancer une OPA et racheter les parts qui lui manquent. Un changement stratégique qui vise à renforcer la liberté et l’indépendance du groupe.
(Crédits : Bouchet/Limagrain)

L'opération devrait débuter le 22 juin. C'est à cette date que Limagrain doit lancer son offre publique d'achat simplifiée (OPA) sur les 28,75 % d'actions de Vilmorin qu'elle ne possède pas. Par cette opération, la coopérative agricole, actionnaire historique du semencier, compte reprendre la main.

Car cette OPA a un objectif précis. Permettre au groupe de sortir Vilmorin, quatrième semencier mondial, de la Bourse après 30 ans de cotation. Limagrain, dont le siège est situé aux portes de Clermont-Ferrand, ne souhaite pas encore prendre la parole. Mais dans un communiqué, la coopérative indique que cela permettra au groupe de « retrouver une plus grande liberté dans ses choix stratégiques » et de « poursuivre son développement dans un contexte de marché caractérisé par une forte volatilité des matières premières agricoles ».

« Le métier de semencier, avec ses cycles de sélection, s'inscrit dans un temps long qui ne correspond pas nécessairement au rythme des marchés boursiers: dans un marché très concurrentiel et un environnement macroéconomique incertain, le développement de Vilmorin & Cie exige des investissements significatifs qui seront plus aisément décidés et menés à bien en tant que société non cotée », explique Limagrain sans plus de précisions sur la nature des projets à venir.

Echapper aux contraintes imposées par l'AMF

L'entreprise souhaite en effet ne plus être soumise aux contraintes qui régissent les marchés boursiers et notamment à l'obligation de transparence, qui lui impose parfois de rendre publiques des informations stratégiques. Obligations dictées par l'AMF, l'Autorité des Marchés Financiers, et qui, selon elle, la pénalisent face à ses principaux concurrents, notamment Bayer Monsanto et Syngenta. Sortir de la cote lui permettra également d'échapper aux contraintes inhérentes à un marché réglementé que sont « la lourdeur administrative, la responsabilité accrue pour les dirigeants et les coûts significatifs », note le communiqué.

Par ailleurs, la société ne se finance plus sur les marchés.

« Compte tenu de la structure actuelle de l'actionnariat de Vilmorin & Cie et du faible volume d'échanges, la cotation présente peu d'utilité pour la Société qui n'a pas fait appel au marché depuis 2010 » relève Limagrain.

Le cours de Bourse de Vilmorin, qui avait atteint la barre des 60 euros en avril 2021, a lourdement chuté en mars 2022 au début du conflit ukrainien. Le semencier faisant une partie non négligeable de son chiffre d'affaires en Russie et en Ukraine.

Au final, derrière cette OPA, il y a une véritable décision stratégique prise par les 1.300 agriculteurs adhérents qui composent cette coopérative. Agriculteurs installés en Limagne Val d'Allier, au centre de la France. Par cette opération, le groupe Limagrain s'assure d'avoir encore plus les coudées franches, lui qui mise sur le progrès génétique des plantes. Pour rappel, Limagrain sélectionne, produit et commercialise des semences de grandes cultures et des semences potagères. Sa filiale Vilmorin compte déjà 6.000 variétés dans son portefeuille et présente un chiffre d'affaires de 1,4 milliard d'euros sur les neuf premiers mois de son exercice décalé 2022-23, en hausse de 20,9%.

Pas de restructuration ou suppression postes

Dans le cadre de l'OPA, Limagrain propose de racheter les actions au prix de 62,60 euros, soit une prime de 36,5 % par rapport au cours moyen enregistré ces soixante derniers jours. Un prix qui valorise Vilmorin & Cie à 1,43 milliard d'euros pour 100% du capital précise le groupe. Le financement sera assuré par les partenaires bancaires de Limagrain, dont le Crédit Agricole et la Société Générale, via des emprunts.

Si l'opération aboutit, Vilmorin devrait sortir de la cote entre mi-juillet et début août selon le calendrier indicatif. Limagrain certifie que l'opération n'aura pas d'incidence sur les effectifs de la société ni sur la politique salariale et que l'offre n'entraînera pas de restructuration ou de suppression de postes.

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